Eglises d'Asie – Divers Horizons
460 ans après leur arrivée en Asie, les jésuites réfléchissent à leur identité asiatique
Publié le 18/03/2010
Cherchant à caractériser les peuples d’Asie, les délégués ont identifié comme point commun un sens du sacré et une spiritualité holistique s’exprimant par la notion d’harmonie avec la nature. Ils ont aussi souligné à quel point les populations en Asie souffraient de la pauvreté, une pauvreté issue notamment de la mondialisation et l’“hégémonie” de la culture occidentale dans cette partie du monde. Parmi les facteurs de souffrance à l’ouvre en Asie, les délégués ont cité la destruction de l’environnement, les violences intercommunautaires, le terrorisme ou encore l’oppression dont sont victimes les femmes ainsi que les hors castes, les basses castes et les communautés aborigènes. Pour répondre aux évolutions des sociétés asiatiques contemporaines, il est urgent, ont souligné les délégués, de développer une spiritualité chrétienne intégrale, plongeant dans la substance des valeurs asiatiques et débouchant sur une théologie asiatique orientée vers la redécouverte du visage asiatique de Jésus. Parmi les propositions concrètes, les délégués se sont prononcés pour la création d’un site Internet, d’un centre d’information et d’un centre d’études des cultures et des religions asiatiques.
Les jésuites en Asie sont regroupés en deux “Conférences”, l’une pour l’Asie du Sud et l’autre pour l’Asie orientale et l’Océanie. Avec 4 021 membres, la Conférence de l’Asie du Sud est aujourd’hui la plus importante de la Société de Jésus. Elle était massivement représentée lors de ce colloque, seuls onze délégués étant venus de la Conférence de l’Asie orientale et de l’Océanie, qui compte un peu plus d’un millier de membres.
Pour le jésuite et théologien indien Michael Amaladoss, les délégués au colloque ont eu à réfléchir sur le fait de se considérer comme “des jésuites en Asie” ou bien comme de “véritables jésuites asiatiques”. Selon le P. Rudi Heredia, de New Delhi, les partages entre délégués ont permis à chacun de prendre conscience du poids que représente le passé colonial de nombreux pays en Asie et de l’orientation subséquente centrée sur l’Europe et les Etats-Unis de nombreux jésuites asiatiques. Les délégués ont été unanimes à souligner l’importance de ce genre de rencontre pour développer les échanges entre jésuites de différentes provinces. Venu de l’université Fu Jen, à Taiwan, le jésuite vietnamien Joseph Vu Kim Chinh s’est dit ainsi ravi d’avoir été introduit à la richesse culturelle de l’Inde.