Eglises d'Asie

A Java, de jeunes islamistes interdisent à une paroisse catholique dépourvue de lieu de culte d’organiser la messe dans les locaux d’une école catholique voisine

Publié le 18/03/2010




Le dimanche 3 octobre dernier, environ deux cents jeunes, regroupés sous la bannière du “Front de la jeunesse islamique se sont massés devant le principal portail de l’Ecole catholique Sang Timur pour en bloquer l’accès avant d’ériger un mur en parpaings de sept mètres de long sur deux mètres de hauteur. L’incident a eu lieu dans le village de Karang Tengah, à Ciledug, dans la province de Banten, situé à une quarantaine de kilomètres à l’ouest de Djakarta. Les jeunes islamistes exigent que l’école soit fermée et confisquée et accusent les chrétiens de faire du prosélytisme en utilisant des locaux de celle-ci comme église.

Selon les témoins de l’incident, la scène s’est déroulée de la manière suivante : le 3 octobre, environ 500 paroissiens assistaient à la messe qui avaient débuté à 5h30 – première messe d’une série d’autres célébrations eucharistiques célébrées dans les locaux de l’école catholique pour une paroisse qui compte 9 000 fidèles. A 6 heures, deux cents personnes habillées en blanc et armés de bâtons ont débarqué de cinq autocars devant les portes de l’école. Selon un témoin, ils n’appartenaient pas au village et ont commencé à ériger le mur de parpaings. La police est intervenue dix minutes plus tard pour escorter les paroissiens hors de l’enceinte de l’école et les messes suivantes prévues dans la mâtinée ont été annulées. Depuis, l’école est fermée et les écoliers et les enseignants s’en voient interdire l’accès par le mur et les jeunes islamistes.

Selon sour Theodora Ismoyo Rumarini, responsable de l’école catholique, la manifestation de force des jeunes islamistes n’a rien à voir avec l’école elle-même mais concerne l’organisation de services religieux dans ses locaux. En effet, depuis douze ans, les catholiques de la paroisse locale célèbrent la messe dans l’école, faute de pouvoir bâtir une église. La communauté catholique locale a bien trouvé un terrain et recueilli les fonds pour l’acheter mais les autorités ne lui ont jamais délivré l’autorisation de construire une église.

Cette situation trouve son origine dans un décret de 1969 qui stipule que la construction d’un lieu de culte en Indonésie requiert à la fois l’autorisation des autorités gouvernementales et l’accord de la communauté locale où l’édifice doit être érigé (1). Selon sour Rumarini, à Karang Tengah, les autorités civiles ont toujours refusé d’accorder un permis de construire tandis qu’un ancien chef du village avait donné son accord pour l’organisation de messes dans l’enceinte de l’école. Récemment, le chef du village a changé et le nouveau a récusé l’accord donné par son prédécesseur. A partir de ce moment, des voix se sont faites entendre pour affirmer que les célébrations eucharistiques dans l’école perturbaient la vie de la communauté.

Réagissant à cette situation, un paroissien a estimé qu’il était “très triste que des épisodes de ce genre se passent en Indonésie”. La sour Rumarini a discuté de la situation avec l’archevêque de Djakarta, le cardinal Julius Darmaatmadja, ainsi qu’avec les autorités civiles locales, mais, pour l’heure, aucune solution n’a été trouvée pour sortir de l’impasse ainsi créée. L’école Sang Timur est une école assez importante ; elle accueille 3 000 élèves – dont une partie de musulmans -, du jardin d’enfants au premier cycle du secondaire.

Contacté par l’agence Fides, le P. Ignatius Ismartono, secrétaire général de la Commission pour l’ocuménisme et les affaires interreligieuses de la Conférence des évêques catholiques, a déclaré que ce que désiraient les catholiques d’Indonésie était seulement un traitement égal à celui des autres citoyens indonésiens, “sans aucune discrimination, de type social, civil ou religieux”.