Eglises d'Asie

A l’occasion de la Journée mondiale contre la peine de mort, la Commission épiscopale pour la pastorale des prisons renouvelle son appel à abolir la peine capitale

Publié le 18/03/2010




Le 10 octobre dernier, la Commission pour la pastorale des prisons de la Conférence épiscopale a adressé un appel à la présidente Gloria Arroyo pour l’abolition de la peine capitale. A l’occasion de la Journée mondiale contre la peine de mort, la Commission a demandé le vote d’une loi pour abolir la peine capitale et lui substituer des peines de remplacement. Elle insiste aussi sur le fait que le gouvernement devrait tenir compte que l’objectif de la détention est de réhabiliter ceux qui ont violé la loi afin de les réinsérer dans la société. Enfin, elle demande la mise en place d’une alternative à la peine de mort, qualifiée de “pire des maux”.

“Nous croyons qu’il faut donner à ceux qui enfreignent la loi une occasion de se repentir, de se réhabiliter, tout en payant certes pour le crime commis. Mais, quand il est en prison, un détenu peut travailler et l’argent gagné pourrait être utilisé pour indemniser les victimes et leurs familles. Dans le même temps, les détenus auraient une possibilité de changer leur vie, peut-être de se repentir, et, par leurs actions, de se réconcilier avec les victimes ou avec leurs familles écrivent les responsables de la Commission, poursuivant là un engagement des évêques catholiques contre la peine capitale vieux de nombreuses années (1). Ils notent également que l’abolition de la peine de mort éviterait d’exécuter des innocents qui pourraient être condamnés en raison d’erreurs judiciaires : “Pour cela, nous implorons la présidente d’écouter l’appel des autres pays du monde, qui ont aboli la peine de mort, pour qu’elle exerce à nouveau son discernement et trouve, au lieu de la peine de mort, une peine de remplacement, déjà proposée par des membres du Congrès, et qu’elle suspende toutes les exécutions.”

Par ailleurs, ce même 10 octobre, le P. Robert Reyes, président de la Coalition contre la peine de mort aux Philippines, a organisé une rencontre entre différentes personnalités proches du monde judiciaire et carcéral. Selon lui, l’abolition de la peine de mort est l’objectif à atteindre mais ce n’est qu’une partie du problème. Il appelle de ses voux à la mise en place d’une “justice qui répare ce qui suppose selon lui un changement social complet. “La justice qui répare doit être une réalité dans les familles, dans la jurisprudence et dans le ministère religieux a-t-il expliqué, précisant qu’une justice réparatrice passe par la compensation des dommages subis par les victimes, par le fait de tenir les coupables responsables du mal qu’ils ont causé et par l’édification de la paix dans les communautés.

L’histoire récente de la peine capitale aux Philippines est émaillée de revirements. En 1987, à l’occasion d’amendements portés à la Constitution, la loi autorisant la peine de mort a été abolie. Puis, en 1993, le président Fidel Ramos a fait voter un texte la rétablissant et, en 1999, un premier condamné a été exécuté. Il sera suivi par six autres. En mars 2000 (2), suivant l’avis de son conseiller spirituel, Mgr Teodoro Bacani, le président Joseph Estrada a déclaré un moratoire sur les exécutions, geste justifié par le Jubilé de l’An 2000 et confirmé en octobre 2002 par Gloria Arroyo, devenue entre temps présidente (3). Aucune nouvelle condamnation à mort n’a été faite depuis, malgré la levée du moratoire en décembre 2003 par la présidente Arroyo qui a déclaré à cette date que la peine de mort s’appliquerait désormais aux violeurs et aux kidnappeurs (4). En janvier 2004, la Cour suprême a ordonné la suspension in extremis de l’exécution de deux condamnés, après que de nouveaux éléments de nature à changer l’issue de leur procès furent apparus (5). Récemment, le renouvellement d’une partie du Congrès, à la suite des élections du 10 mai 2004, a rouvert le débat sur l’abolition de la peine de mort. Le 9 juin dernier, Gloria Arroyo a signé un décret repoussant la date de l’exécution de six condamnés à mort (6). Selon la presse philippine, dix-sept exécutions capitales sont programmées pour le mois de novembre prochain, quinze autres en décembre et dix supplémentaires en janvier 2005.