Eglises d'Asie

Dans le débat sur l’abolition de la Loi sur la sécurité nationale, les Eglises protestantes se montrent partagées

Publié le 18/03/2010




Dans le débat qui occupe la scène politique depuis plusieurs semaines, concernant l’éventuelle abolition de la Loi sur la sécurité nationale, les Eglises chrétiennes se montrent divisées. La Conférence des évêques catholiques n’a pas encore pris position mais le cardinal Kim Sou-hwan, ancien archevêque de Séoul, a jugé nécessaire récemment de dire qu’il n’était pas favorable à l’abolition de cette loi. Son nom était en effet utilisé par des milieux catholiques partisans de l’abolition (1). Ces derniers jours, ce sont les Eglises protestantes qui se sont montrées divisées sur le sujet.

Le 4 octobre dernier en effet, le Conseil chrétien de Corée, organisation réunissant un ensemble de dénominations protestantes considérées comme proches des conservateurs sur un plan politique, a appelé à manifester pour faire pression sur le gouvernement afin que celui-ci n’abolisse par la Loi sur la sécurité nationale. Sur la place de l’hôtel de ville à Séoul, environ 100 000 personnes ont répondu à l’appel, faisant de cette manifestation la plus importante ayant eu lieu dans le pays depuis les manifestations de mars dernier, provoquées alors par la procédure en destitution engagée contre le président Roh Moo-hyun. Le président du Conseil chrétien de Corée, le pasteur Kiel Ja-yeon, a expliqué que « le pays étant toujours techniquement en guerre et la Corée du Nord n’ayant pas renoncé à son désir d’envahir le Sud, le mouvement en faveur de l’abolition de la loi a généré le chaos ». Il a ajouté que « la suppression de la Loi sur la sécurité nationale tout comme le retrait des troupes américaines stationnées dans le pays sont des points exigés par le Nord [pour reprendre les négociations avec Séoul] ».

Deux jours plus tard, le 6 octobre, une trentaine de pasteurs appartenant à la Conférence nationale du clergé pour la justice et la paix ont déclaré lors d’une conférence de presse que la manifestation du 4 octobre était une « erreur ». Engagés pour la plupart dans les combats des années 1970 et 1980 pour la démocratie lorsque le pays était dirigé par un régime militaire, ces pasteurs ont affirmé que « le retrait de la Loi sur la sécurité nationale [était] ce à quoi il fallait parvenir aujourd’hui » car « il devient évident que le Nord n’a pas la capacité d’envahir le Sud ». Ils ont ajouté que les manifestants du 4 octobre n’étaient pas représentatifs de tous les chrétiens protestants du pays et que la manifestation n’aurait pas dû se réclamer du Conseil chrétien de Corée. Seules « quelques grandes Eglises » étaient impliquées alors que le Conseil chrétien de Corée représente plus de la moitié des Eglises protestantes de Corée, ont-ils souligné (2).

Le débat sur la révocation ou l’abolition de la Loi sur la sécurité nationale a pris un tour très politique. Le président de la République et la formation qui le soutient, le parti Uri, se sont déclarés favorable à l’abolition tandis que l’opposition, dans le camp conservateur, veut voir la loi maintenue en l’état ou légèrement retouchée.