Eglises d'Asie

L’EGLISE VIT LE MYSTERE EUCHARISTIQUE – Lettre de la Conférence épiscopale du Vietnam pour l’année 2004

Publié le 18/03/2010




Aux prêtres, religieux, séminaristes et à nos frères et sours laïcs,

Introduction

1 – Bien chers frères et sours,

Nous autres, cardinaux, archevêques, évêques participant au congrès des évêques de la Conférence épiscopale du Vietnam du 27 septembre au 1er octobre 2004 à Hanoi, vous envoyons nos affectueuses salutations et vous souhaitons la paix dans “la grâce de Jésus Notre Seigneur, l’amour de Dieu le Père et la communion de l’Esprit Saint”.

A l’occasion du congrès de cette année, l’assemblée des évêques devait élire un nouveau bureau permanent et des présidents pour chacune des Commissions de la Conférence. Cette année, année eucharistique, aura lieu le 48e Congrès eucharistique mondial à Mexico, du 10 au 17 octobre 2004. C’est aussi l’année de la préparation du synode mondial des évêques qui, au mois d’octobre 2005, se réunira sur le thème du mystère eucharistique. C’est pourquoi, nous avons choisi d’en faire le thème de la lettre commune que notre assemblée envoie à la totalité du peuple de Dieu, l’Eglise vivant du mystère eucharistique.

Première partie

2 – “Elevons notre cour ! Rendons grâces au Seigneur Notre Dieu !” Ces paroles qui introduisent la préface invitent chacun d’entre nous à tourner son âme vers le mystère de l’Eucharistie, à élever son cour pour rendre grâces à Dieu le Père, “Celui qui a aimé le monde jusqu’à nous donner son fils unique” (Jn, 3,16) pour faire mémoire de la mort et de la résurrection de Jésus-Christ. Elever son cour pour comprendre, aimer et vivre le mystère eucharistique, qui est Le Christ lui-même rencontré par nous dans la foi, lorsque nous célébrons ce sacrement. Elever nos cours avec toute l’Eglise et en elle offrir le sacrifice du Christ à son Père, le sacrifice de l’Alliance nouvelle et éternelle scellé dans le sang du Christ versé par lui pour le pardon de tous (Voir la lettre encyclique Ecclesia de Eucharistia, n° 13).

I. Célébrer le mystère du sacrifice de la croix du Seigneur Jésus

3 – Toute la vie du Seigneur Jésus est un sacrifice. Chez Lui, tout est offrande, depuis son enseignement jusqu’à ses miracles, depuis ses gestes et ses paroles ordinaires jusqu’au sacrifice suprême, à savoir le sacrifice de sa vie. Tout manifeste également son amour oblatif pour son Père. Cette offrande s’est achevée par sa mort. Cette mort librement consentie sur la croix, l’Eglise l’a toujours considérée comme un sacrifice. Ce sacrifice est différent de ceux de l’Ancien testament, car il est en totalité un sacrifice d’amour, une offrande de soi-même. Jésus n’offre pas à son Père quelque chose d’extérieur, mais sa personne elle-même.

La nuit où il fut livré, Jésus a fondé le sacrement de l’Eucharistie. Il a prononcé les paroles sacramentelles, faisant du pain et du vin son corps et son sang (Cf. 1 Cor  11,23). Il a livré à son Eglise un signe d’amour infini. C’est le sacrifice de l’alliance nouvelle et éternelle entre Dieu et son Peuple, scellé dans le sang de l’agneau pascal, Jésus-Christ, le fils de Dieu, Lui-même. En fondant le sacrement de l’Eucharistie, il a, du même coup, fondé le sacerdoce lorsqu’il a transmis au groupe des douze apôtres : “Faites ceci en mémoire de moi” (Lc 22,19 ; 1 Co 11,25). Grâce aux évêques successeurs des apôtres et grâce aux prêtres qui sont leurs collaborateurs, l’Eglise peut célébrer le mystère eucharistique tous les jours jusqu’à la fin du monde.

II. Célébrer le mystère de la Pâque du Seigneur

4 – Célébrer la messe, c’est célébrer le mystère de la Pâque du Seigneur Jésus Christ, c’est annoncer sa mort et proclamer sa résurrection jusqu’à sa venue (Cf. prière eucharistique). Le Seigneur Jésus-Christ passe de ce monde à son Père (Jn 16,17), mais il passe aussi de ce monde vers nous : “Je m’en vais et je reviens vers vous” (Jn 14,28). Passer ce monde équivaut ainsi pour lui à rester avec nous tous les jours jusqu’à la fin des temps (Cf. Mt 28,20). Le Seigneur s’en va vers le Père mais reste toujours au milieu de nous. Chaque fois que nous célébrons l’eucharistie avec l’Eglise et en Elle, nous accueillons le Seigneur qui vient. Puisqu’il vient, il est présent au milieu de nous et, ainsi, nous avons le bonheur de l’accueillir, de le rencontrer, de nous entretenir avec Lui et avec lui d’aller vers le Père. Puisqu’il est présent, nous pouvons l’adorer le contempler, mais, plus important encore, nous l’accueillons et, avec lui, accomplissons le passage vers le Père.

Célébrer la sainte messe, c’est célébrer le mystère de la Pâque (passage) dans notre aujourd’hui. Dans son encyclique Ecclesia de Eucharistia, Jean-Paul II écrit : “Le fonde-ment et la source de l’Eglise, c’est tout le Triduum pascal, mais celuici est comme contenu, anticipé et “concentré” pour toujours dans le don de l’Eucharistie. Dans ce don, Jésus-Christ confiait à l’Eglise l’actualisation permanente du mystère pascal.” (Ecclesia de Eucharistia, n° 5)

III. Célébrer le mystère de la communion

5 – Le mystère de l’Eucharistie est aussi appelé la table du Banquet du Seigneur, la Cène du Seigneur, le Pain rompu, le Partage du pain… Toutes ces expressions soulignent un aspect important du mystère eucharistique, à savoir la communion.

La communion est participation : “La coupe de bénédiction que nous bénissons n’est-elle pas participation au sang du Christ ? Le pain que nous rompons n’est-il pas participation au corps du Christ ?” (1Co 10,16)

L’Eglise est appelée le Corps du Christ, parce qu’elle communie au même pain. Ses membres composent un même corps mystique parce qu’ils vivent d’une même vie qui est le Christ lui-même. Le pain eucharistique contient le trésor le plus précieux de l’Eglise, le Christ qui est sa Vie et sa raison de vivre, sa joie et son bonheur, son amour et sa force. L’Eglise ne souhaite qu’une chose, ne faire qu’un avec son Seigneur. C’est précisément dans le sacrement de l’Eucharistie et grâce à lui qu’elle s’unifie à Lui.

Il n’existe pas d’union aussi intime que celle qui consiste à communier au corps et au sang du Christ, comme lui-même l’a enseigné : “Qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi je demeure en lui” (Jn 6, 56). Chaque chrétien porte le Christ en lui, grâce à sa participation au corps et au sang du Seigneur. La Vie du Christ est celle qu’il reçoit du Père (Jn 6,57). C’est donc la vie des trois personnes de la Trinité.

Lors de son pèlerinage terrestre, l’Eglise est appelée à maintenir et à promouvoir aussi bien la communion avec le Dieu Trinité que la communion entre les fidèles. A cette fin, elle dispose de la Parole et des Sacrements, surtout de l’Eucharistie, dont elle reçoit continuellement “vie et croissance” et dans laquelle, en même temps, elle s’exprime elle-même. (Ecclesia de Eucharistia, n° 34)

Deuxième partie : l’Eglise vit du mystère de l’eucharistie

Frères et sours,

6 – En communion avec l’Eglise universelle et le Saint Père Jean-Paul II, notre désir et notre souci est de faire en sorte que le mystère de l’Eucharistie rayonne à travers la vie de l’Eglise du Vietnam aujourd’hui. Nous sommes résolus à revenir vers la source de toutes les activités de l’Eglise, à savoir le mystère de l’eucharistie pour y puiser des forces vives pour un engagement plus généreux et accomplir notre mission d’annonce de l’évangile dans le nouveau millénaire. Dans l’Eucharistie, c’est la personne même du Christ qui est authentiquement présente pour l’Eglise et pour le monde. Ainsi l’Eglise a toujours Jésus auprès d’elle et ne cesse de vivre de sa vie. Grâce à cette vie et à cette union au corps et au sang du Christ, elle est le corps mystique du Seigneur, le signe digne de confiance et efficace du Salut.

I. L’Eglise vit de communion

7 – Par le baptême nous avons été greffés sur l’Eglise et nous communions au mystère pascal que nous célébrons lorsque nous offrons la messe. Ceux qui communient au corps et au sang du Christ deviennent les membres du Corps du Christ, l’Eglise : “Quand nous serons nourris de son corps et de son sang et remplis de l’Esprit Saint, accorde nous d’être un seul corps et un seul esprit dans le Christ.” (troisième prière eucharistique)

La communion eucharistique nous conduit vers l’édifica-tion de l’unité dans l’Eglise, comme le dit la lettre de Saint Paul : “Puisqu’il y a un seul pain, nous sommes un seul corps car tous nous participons à ce même pain” (1 Cor 10,17). Nous sommes un et nous le devenons dans le Christ. C’est cela qu’il demande pour nous auprès du Père : “Qu’ils soient un comme nous sommes un” (Jn 17,22b). Dans un monde de divisions, de violence, de haine et d’exclusions mutuelles, l’Eglise doit être garante de la paix et du bonheur éternel que Dieu veut pour tous les hommes.

On n’évitera jamais l’existence des conflits grands ou petits, à tous les niveaux, mais le style de vie de l’Eglise sera toujours le reflet de la communion trinitaire à laquelle toute l’humanité est appelée à communier, une communion remplie d’amour et de vie. L’Eglise est la famille de Dieu en ce monde. Cette famille n’est pas seulement le lieu où règne l’ordre familial, mais une maison de la communion chaleureuse, riche en tendresse, le lieu où tous s’élèvent également parce qu’ils y bénéficient de la nourriture, de l’éducation et des soins. Les enfants qui n’ont pas eu de chance, à cause de leur maladie, ou des limites spirituelles ou matérielles dont ils sont affectés y sont l’objet de soins particuliers. Pour que l’Eglise soit authentiquement une communauté unie, tous doivent s’efforcer de garder le prin-cipe : “In necessariis unitas, in dubiis libertas, in omnibus caritas” (Jean XXIII, Ad Petri Cathedram, 29 juin 1959).

II. L’Eglise vit d’amour

8 – Le pape Jean-Paul II a plusieurs fois parlé de la civilisation de l’amour et a souhaité que nous contribuions à son édification. Sans elle, l’humanité ne peut survivre. Dans le monde d’aujourd’hui, les hommes rivalisent en tous les domaines. Cette rivalité est la source du progrès incessant de notre monde, mais, en même temps, elle contient des risques d’échec si elle n’englobe pas aussi une rivalité dans le domaine de l’amour.

Une société qui se veut saine doit rivaliser dans le domaine de l’action charitable et ainsi ne jamais cesser de progresser également sur le plan moral. Mais la réalité nous apprend que beaucoup de personnes se mettent au service des forces de mort et de destruction de la vie à cause de leurs intérêts personnels ou de courants d’amour libre. C’est pourquoi l’Eglise doit devenir une école de l’amour, l’école de l’Esprit Saint où l’amour et la vie sont les valeurs essentielles.

Le mystère de l’Eucharistie est à l’origine d’une Eglise qui sait aimer, parce qu’elle a appris l’amour en ne cessant de célébrer ce mystère de l’amour le plus profond qui soit. L’Eglise est aimée de Dieu et vit grâce à cet amour. L’aspect de l’amour de Dieu qu’elle expérimente le plus profondément, c’est le don de Lui-même en Jésus-Christ, car elle ne cesse de l’accueillir et d’en vivre. L’Eglise vit du corps livré du Seigneur Jésus, de son sang versé pour le pardon de tous, par “l’esprit éternel qui pousse le Christ à s’offrir à Dieu en sacrifice sans tâche” (He 9,14).

Tout comme le pain rompu pour l’édification d’un monde nouveau, l’Eglise offerte devient la nourriture pour la croissance de la communauté humaine qui tous les jours grandit davantage. Bien qu’apparemment beaucoup de personnes restent indifférentes à l’Eglise, celle-ci ne cesse de s’offrir comme le Christ s’est offert pour elle.

Cette vie offerte de l’Eglise se manifeste clairement chez tous ceux qui savent offrir leur vie, s’oublier eux-mêmes au service de Dieu et de leur prochain.

III. L’Eglise vit le partage

9 – Un signe vivant que l’Eglise n’a cessé de réaliser dès son origine et qu’elle perpétuera jusqu’au retour du Seigneur, c’est le rite du pain rompu. Les disciples sur le chemin d’Emmaüs ont reconnu le Seigneur ressuscité lorsque celui-ci a partagé le pain avec eux. Tous à la table du banquet partagent le même pain. C’est le Corps du Christ partagé pour la communion de tous. Le geste de rompre le pain manifeste la vie de partage qui est celle de l’Eglise.

Les biens spirituels, lorsqu’on les partage, ne perdent jamais rien d’eux-mêmes, tout comme pour la veuve de Sarepta : “La cruche de farine ne se vide pas et la jarre d’huile ne désemplit pas” (IR 17,14). Les biens matériels, lorsqu’on les partage, ne restent pas intacts parce qu’ils sont divisés en beaucoup de parts pour que chacun en bénéficie. Les chrétiens de l’Eglise primitive ont vécu en profondeur cet esprit de partage : “Tous les croyants étaient unis entre eux et mettaient tout en commun. Ils vendaient leurs propriétés et leurs biens pour en partager le prix entre tous, selon les besoins de chacun ?” (Ac 2,44-45)

Le Concile Vatican II insiste beaucoup sur la vie de partage de l’Eglise. L’illustration de la jouissance égoïste, on la trouve dans le comportement du riche à l’égard du pauvre Lazare dans l’évangile de Luc (Lc 16,19-31). L’illustration du partage se trouve dans les cinq pains et les deux poissons qui nourrissent plus de cinq mille personnes (Jn 6,1-15). Il est clair qu’il s’agit là de l’image du mystère de l’Eucharistie.

A l’intérieur de l’Eglise, nous devons adopter un esprit de compréhension et de partage. Le partage est un acte de charité qui manifeste la fraternité chrétienne. Que les diocèses et les paroisses pratiquent le partage mutuel, le don réciproque. Que les familles dans la paroisse et les individus se préoccupent les uns des autres. En premier lieu, n’ayons pas peur de partager entre nous les biens spirituels. L’Eglise catholique dispose d’un patrimoine de deux milliers d’années qui doit être exploité et partagé. Dans l’Eglise nous devons savoir partager entre nous les tâches pastorales et apostoliques. Le Seigneur Jésus a appelé tous les hommes à travailler à sa vigne, sans exclure ceux qui se présentent à la dernière heure. Ne craignons pas de partager les biens matériels entre nous pour faire ouvre commune, pour aider les infortunés et les malades, particulièrement les pauvres, afin que l’Eglise devienne vraiment l’Eglise des pauvres, l’Eglise pour les pauvres.

Notre partage ne doit pas se limiter à l’intérieur de l’Eglise, mais doit se répandre à l’extérieur. Conscients de la pluralité des cultures et des religions, nous serons disposés à partager nos expériences religieuses, nous manifesterons un esprit d’ouverture à l’égard des religions amies, nous collaborerons positivement avec les fidèles des autres religions, avec les personnes de bonne volonté dans les activités de bienfaisance et de charité sociale.

Troisième partie : vénérer et aimer l’eucharistie

I. Adorer Jésus dans le sacrement de l’eucharistie

10 – Dans l’encyclique Ecclesia de Eucharistia, le Saint Père Jean-Paul II partage avec nous son expérience personnelle de ses entretiens intimes avec le Seigneur, de ses adorations silencieuses pleines d’amour et des grâces qu’il a obtenues de cette pratique : “J’en ai reçu force, consolation et soutien.” (Ecclesia de Eucharistia, n° 25)

La vénération de l’Eucharistie nous aide à reconnaître l’amour sublime de Celui qui a sacrifié sa vie pour ses amis, de Celui qui a aimé chaque homme jusqu’au bout (Jn 13,1). Notre adoration est une réponse significative à l’amour qui s’est sacrifié jusqu’à la mort et la mort de la croix (Ph 2,8). Elle est la façon dont nous exprimons notre reconnaissance et notre admiration pour celui qui nous a aimé et a donné sa vie pour nous (Ga, 2,20). Lorsque nous adorons Jésus dans l’eucharistie, lui qui se reconnaît comme venant du Père, lié à Lui par toute son âme, par tout son corps et tout son coeur, nous apprenons comment vivre pour devenir enfants de Dieu grâce à l’esprit de son Fils (Ga 4,6). Quand nous adorons Jésus, celui qui a livré sa vie pour l’humanité et a obtenu de son Père qu’il le ressuscite d’entre les morts, par la puissance de l’Esprit Saint, nous comprenons que l’amour du Christ dépasse toute compréhension (Ep 3,19).

Lorsque nous adorons le Seigneur Jésus sous la forme du pain et du vin, les fruits de la terre, nous prenons conscience que nous ne sommes pas les maîtres et les propriétaires de la nature et apprenons à respecter l’environnement que le Seigneur a donné à l’humanité. En adorant le Seigneur Jésus présent sous la forme du pain et du vin, fruit du travail de l’homme, chacun de nous est appelé à collaborer à l’oeuvre du salut et à contribuer à la venue du Royaume de Dieu.

II. L’Eucharistie et les membres du peuple de Dieu

11 – Chaque membre du peuple de Dieu est appelé à vivre le mystère eucharistique. Le sacerdoce des prêtres prend son origine dans l’Eucharistie et est orienté vers elle. Etant ceux qui administrent les saints mystères, les prêtres doivent être des témoins particuliers de la foi, de la piété et de l’amour à leur égard. Cela doit apparaître avec évidence lorsque les prêtres célèbrent l’eucharistie, lorsqu’ils prient devant le Saint Sacrement, lorsqu’ils portent le corps du Christ aux malades. La vénération pour le sacrement de l’Eucharistie est une source enrichissante pour la vie et le ministère du prêtre. Les religieux, qui suivent les pas du Seigneur sur le chemin de la perfection, à travers les conseils évangéliques, découvriront avec clarté leur vocation, à savoir de se consacrer de tout leur coeur au Seigneur et au prochain, lorsqu’ils associeront l’offrande de leur propre vie à celle du Christ dans l’eucharistie.

Frères et sours laïcs, qui travaillez dans tous les domaines de ce monde, vous avez pour mission de sanctifier le monde, vous trouverez la force nécessaire pour le faire si vous organisez votre vie autour du mystère de l’Eucharistie, en participant à la messe dominicale, en apportant l’eucharistie dans votre vie, en élevant votre coeur vers Jésus de l’Eucharistie par la visite au Saint Sacrement et la communion spirituelle. Les familles qui rencontrent peine et difficulté dans leur vie trouveront consolation, force et soutien dans le Christ de l’eucharistie, puisque lui-même a dit : “Venez à moi vous tous qui peinez sous le poids du fardeau et je vous donnerai le repos” (Mt 11,29). Vous, jeunes amis, vous rencontrerez auprès du mystère eucharistique, la lumière pour éclairer les engagements choisis par vous et l’espérance pour vous avancer sur le chemin de l’avenir. Vous les enfants, en vous rendant auprès du sacrement de l’eucharistie vous obtiendrez d’être protégés par l’amour de Dieu, pour grandir dans la grâce de Dieu et contribuer à l’édification de l’Eglise et de la société. Pour vous, frères et sours qui en silence unissez les souffrances de votre vie à la passion de Jésus, l’eucharistie du Seigneur est pour vous non seulement un modèle d’offrande mais une source de forces abondantes pour une vie apostolique. Quant à vous qui, à cause des circonstances de la vie vous trouvez loin de votre patrie, l’eucharistie est pour vous votre foyer, votre patrie, votre amour, votre lumière qui vous aidera à surmonter les difficultés de votre vie d’exilé.

III. Un certain nombre de propositions pratiques

12 – Pour que l’année eucharistique produise de nombreux fruits au sein de l’Eglise au Vietnam et dans votre vie chrétienne, frères et sours, nous vous proposons les quelques activités concrètes suivantes :

Que tous les membres du peuple de Dieu s’efforcent d’étudier l’encyclique Ecclesia de Eucharistia du Saint Père Jean-Paul II.

Que les communautés religieuses, les séminaires ainsi que les paroisses qui en ont l’occasion procèdent à une révision de leur façon de célébrer la liturgie et s’efforcent de célébrer la messe avec solennité et ferveur, conformément aux rites liturgiques, qu’ils tiennent compte attentivement de l’instruction Redemtionis Sacramentum récemment publiée par la Congrégation pour le culte divin et les sacrements. Il importe aussi de garder propres et beaux les lieux et les objets du culte afin qu’ils soient dignes de la gloire de Dieu.

Une condition est exigée de toute église, c’est qu’elle consacre un lieu particulier à l’adoration du corps du Christ, à ceux qui veulent faire une visite au Saint Sacrement à n’importe quel moment, ou encore prier en silence devant lui. Ainsi nous ferons des églises de nos paroisses des lieux de prière authentique, selon le voeu du Seigneur : “La maison de mon Père est un lieu de prières.” (Mt 21,13)

Plus particulièrement, en cette année de l’Eucharistie, les diocèses et les paroisse, selon les conditions et les circonstances, organiseront la fête du Corps et du Sang du Christ, avec davantage de solennité que les autres années. Il convient d’organiser une procession du Saint Sacrement, d’exposer le corps du Christ à l’adoration des fidèles toute la journée. En dehors des messes, des saluts du Saint Sacrement seront soigneusement préparés.

Avec l’Eglise universelle, l’Eglise du Vietnam inaugurera l’année du Saint Sacrement le 10 octobre 2004 qui est aussi la date d’ouverture du 48e Congrès eucharistique mondial. La clôture de cette année aura lieu le 29 octobre 2005, date à laquelle s’achèvera le 11e synode des évêques du monde dont le thème est l’eucharistie.

A l’occasion de l’actuel Congrès eucharistique mondial, nous procéderons à des célébrations eucharistiques spéciales qui exprimeront notre communion à l’Eglise universelle.

Conclusion

Frères et sours,

13 – Puissent les membres du peuple de Dieu dans l’Eglise au Vietnam faire briller en eux leur foi en l’Eucharistie, réchauffer leur amour pour lui et raviver leur espérance dans le salut de tous. Puisse chaque chrétien s’efforcer de vivre le mystère de l’eucharistie, qui est mystère d’amour et de vie, lumière pour le monde d’aujourd’hui, encore envahi par l’obscurité.

Que l’Esprit Saint nous associe au Christ eucharistique et nous unisse entre nous dans l’amour et la vérité.

Que Notre Dame de La Vang nous enseigne à contempler Jésus dans l’Eucharistie. Que les Saints martyrs du Vietnam nous accordent le même amour qu’eux pour l’eucharistie.

Que l’amour de l’eucharistie illumine l’Eglise du Vietnam et qu’ainsi chaque jour davantage de personnes reconnaissent le visage plein de tendresse du Seigneur Jésus, l’unique sauveur de l’humanité.

A Hanoi, le 1er octobre 2004

au nom de la Conférence épiscopale,

Mgr Paul Nguyên Van Hoa, président

Mgr Paul Nguyên Soan, secrétaire général