Eglises d'Asie

Les chrétiens déplorent les violences qui ont ensanglanté le Nagaland et l’Assam et lancent un appel pour une solution négociée

Publié le 18/03/2010




Le 6 octobre dernier, alarmés par une soudaine résurgence de la violence dans le Nord-Est de l’Inde, en particulier dans les Etats du Nagaland et de l’Assam, les responsables des Eglises chrétiennes ont appelé la population à une manifestation pacifique dans les rues de Dinapur, le centre commercial de l’Etat du Nagaland, pour exprimer la solidarité des manifestants avec les victimes des explosions et des tirs et mettre en garde contre divers éléments nuisibles à la société. Plus de 2 500 personnes y ont participé. La manifestation avait reçu le soutien du diocèse catholique de Kohima qui recouvre la majorité du territoire du Nagaland, dont la population de deux millions d’habitants est à 80 % chrétienne, en majorité de dénomination baptiste.

Quatre jours plus tôt, le 2 octobre, trois bombes avaient explosé simultanément dans la gare du chemin de fer à une heure de grande affluence et dans le quartier du marché de Dinapur, faisant 26 morts et 86 blessés selon le bilan communiqué le jour même par le gouvernement local. L’agence Ucanews estime que le nombre de morts est sous-évalué et qu’il s’élève en réalité à au moins quarante personnes. Selon des déclarations recueillies auprès de responsables du diocèse de Kohima, parmi les blessés, se trouvent trois religieuses carmélites apostoliques et des enfants d’une école catholique qui, pour la première fois, étaient venus en excursion dans la ville. Une catholique serait morte dans l’explosion de la gare. Son époux est soigné à l’hôpital pour de très graves blessures. Le même jour, dans l’Etat voisin de l’Assam, quelque vingt-cinq personnes, parmi lesquelles des membres de forces paramilitaires, étaient tuées au cours de neuf incidents séparés. Le 3 octobre suivant, une bombe explosait dans un marché du district de Sunitpur faisant au moins vingt blessés. Selon France-Presse du 4 octobre, au total dans les deux Etats, les violences avaient fait environ soixante morts et 210 blessés en trois jours.

Généralement, les violences ont été attribuées aux divers groupes séparatistes qui, au nombre d’une trentaine, sévissent en ces deux Etats. Cependant, le Conseil nationaliste du Nagaland, qui a signé un cessez-le-feu avec les forces régulières en 1997, a démenti toute implication dans les derniers incidents. Dans la province d’Assam, la police impute les violences au Front uni de libération de l’Assam ainsi qu’au Front national démocratique du Bodoland, qui fêtait alors le dix-huitième anniversaire de sa naissance et a d’ailleurs revendiqué la responsabilité de certaines fusillades.

Du 4 au 7 octobre, s’est tenue à Shillong, capitale du Meghalaya, un Etat à majorité chrétienne, une réunion de la Conférence régionale du Nord-Est, qui est composée d’évêques, de prêtres et de religieux catholiques. Les participants ont lancé un appel à la paix. L’appel demande aux “responsables” de s’abstenir de toute autre attaque contre le droit fondamental des hommes à la vie. L’appel affirme qu’il n’existe aucun conflit qui ne puisse trouver une solution dans le dialogue et des négociations pacifiques. L’appel, qui est signé par le président de la Conférence, Mgr Joseph Mittathany, archevêque d’Imphal, offre les condoléances de la Conférence aux familles en deuil ainsi que ses prières pour le retour de la paix. L’un des participants de la réunion, Mgr Thomas Menamparampil, archevêque de Guwahati, a déclaré que le manque de compréhension des problèmes de la région de la part des autorités fédérales et locales pourrait être la raison de cette multiplication d’explosions et de violences. Il a expliqué que, pendant cinq décennies, on a repoussé les demandes venant des régions habitées par des minorités ethniques réclamant plus de liberté socio-économique et davantage d’autodétermination. L’archevêque a également demandé que les causes du conflit soient soigneusement examinées et qu’un engagement soit pris en vue d’apporter une solution aux problèmes actuels.