Eglises d'Asie

Selon les évêques catholiques, la nouvelle ordonnance religieuse n’a pas tenu compte de l’opinion des croyants et est susceptible de créer des troubles dans les milieux religieux

Publié le 18/03/2010




Au cours de l’assemblée annuelle de la Conférence épiscopale qui a réuni les évêques du Vietnam à Hanoi du 27 septembre au 1er octobre 2004, les participants ont communiqué au gouvernement leurs réflexions critiques au sujet de l’Ordonnance sur la religion et la croyance, adoptée le 18 juin dernier par le Bureau permanent de l’Assemblée nationale. Le compte-rendu publié chaque soir par le secrétariat de l’assemblée des évêques et transmis en courrier électronique par l’agence d’information Vietcatholic News (1) avait déjà fait état de la visite, dans la matinée du 28 septembre, d’une délégation du Bureau gouvernemental des Affaires religieuses. Venus avec des fleurs illustrant leur bonne volonté, les fonctionnaires du gouvernement avaient exposé devant les évêques les traits marquants de l’action gouvernementale puis commenté avec chaleur diverses caractéristiques de la nouvelle ordonnance. A cette occasion, certains évêques avaient énoncé leurs opinions sur le nouveau texte législatif et reçu une réponse circonstanciée des porte-parole du gouvernement. Le même compte-rendu signalait également que le 30 septembre, quatrième jour de la réunion des évêques, ceux-ci s’étaient concertés pour rédiger un texte à envoyer au Bureau des Affaires religieuses au sujet de l’ordonnance en question.

Des renseignements supplémentaires sur ce texte nous sont parvenus grâce à une source proche de la Conférence épiscopale, rapportée par l’agence Ucanews (2). Il y est reproché à l’ordonnance sur la religion de ne pas suffisamment tenir compte des aspirations et des besoins des croyants en matière de liberté religieuse. Le nouvel ensemble de directives religieuses, en effet, n’a pas incorporé dans sa version définitive les nombreuses réactions que les divers projets de texte avaient provoquées dans différents milieux religieux. Avant la promulgation de l’ordonnance qui comprend six chapitres et 41 articles, plus de vingt projets avaient été soumis à l’appréciation de diverses instances religieuses, catholiques en particulier, qui avaient abondamment exprimé leur opinion sur le sujet.

Les évêques ajoutent qu’aux yeux des catholiques, l’ordonnance illustre la volonté du gouvernement de contrôler les activités religieuses. Une analyse littéraire soigneuse du texte menée par eux relève que le verbe « enregistrer » y est répété 18 fois et que l’expression « a besoin de l’approbation du gouvernement » apparaît à 21 reprises. Ces mots, affirment les évêques, nécessitent une clarification. Le communiqué affirme encore que le récent texte législatif ne manquera pas de jeter le trouble chez les croyants habitants des régions reculées du pays : « Un grand nombre de catholiques craignent qu’à l’avenir, l’application des directives de l’ordonnance ne créent des troubles, des doutes et des difficultés note le communiqué de la Conférence épiscopale. Il poursuit en exprimant l’espoir que le gouvernement publiera des directives claires permettant d’appliquer cette ordonnance dans l’avenir.

On attendait cette intervention des évêques dans le débat qui a suivi la parution de la version définitive de l’ordonnance sur la religion, dont il faut rappeler qu’elle n’est pas une loi, puisqu’elle n’a pas été votée par l’Assemblée nationale mais seulement adoptée par son Bureau permanent. On sait qu’elle leur avait été demandée par de nombreuses lettres envoyées par des prêtres et des fidèles à la Conférence à l’occasion de sa réunion annuelle. Elle fait suite à de nombreuses réactions publiques émises par des particuliers au Vietnam ou dans la diaspora (3), par des Eglises et des communautés chrétiennes (4). Par ailleurs, des membres de la hiérarchie catholique ont rendu publique leur opinion défavorable à l’ordonnance, comme par exemple, l’archevêque de Hô Chi Minh-Ville qui, à plusieurs reprises, a donné son jugement sur l’ordonnance, signifiant notamment qu’elle était absolument inutile (5).