Eglises d'Asie – Divers Horizons
Au Cachemire indien, le ramadan pourrait être une chance pour la paix et les négociations entre l’Inde et le Pakistan
Publié le 18/03/2010
Aussi bien, le vendredi 22 octobre, à Srinagar, la capitale d’été du Cachemire indien, où les mosquées étaient prises d’assaut pour la première séance de prières du ramadan, on pouvait entendre les haut-parleurs de la mosquée Haji émettre à l’intention des fidèles n’ayant pas trouvé de place à l’intérieur : “Qu’Allah nous donne la paix et la sécurité !” Comme chaque année à cette époque, on a certes noté un regain de violence : le 21 octobre, un ancien ministre, membre de l’opposition, a été tué dans le district d’Anantnag tandis que les troupes régulières ont ouvert le feu dans le district de Poonch, tuant deux rebelles. Mais les milliers de fidèles dans la mosquée principale de Srinagar ont pu écouter le discours pacifique d’Umar Farooq, un membre important du clergé musulman du Cachemire indien, à la tête de la faction modérée du principal mouvement séparatiste du Cachemire. Celui-ci leur a conseillé d’observer strictement les prescriptions du ramadan et de prier pour les morts victimes des affrontements récents.
Quelques jours avant l’ouverture du temps du ramadan, dans une déclaration publique, Umar Farooq s’était dit convaincu que la période du ramadan était éminemment propice à une prédication consacrée à la diffusion d’un message de paix. C’est, en effet, le moment où les fidèles consacrent une grande partie de leur journée à la prière, au jeûne et à la fréquentation des mosquées et des sanctuaires. “Je parlerai aux croyants de la nécessité d’apporter la paix dans leur vie… Même si, a-t-il ajouté, certains d’entre eux, engagés dans le conflit, ne sont pas prêts à cesser leur activités militantes.” Il a cependant souligné que le ramadan est le mois de la paix, du salut. Pour sa part, il a décidé de donner au moins un sermon sur la paix chaque jour, dans les mosquées et autres lieux où se déroulent les activités religieuses du ramadan.
Après quinze ans de lutte où l’affrontement des séparatistes du Cachemire et des forces armées indienne a fait 40 000 morts selon New Delhi, 80 à 100 000 selon la rébellion, un espoir de paix est apparu avec la conclusion d’un cessez-le-feu le 25 novembre 2003. Puis, à partir de février 2004, les deux parties qui, chacune d’entre elles réclament la totalité du territoire du Cachemire, ont entamé des pourparlers. Plusieurs sessions de négociations entre les deux pays ont culminé dans la rencontre du Premier ministre indien, Manmohan Singh, et du chef d’Etat pakistanais, Pervez Musharraf, à New York, le mois dernier.
A l’appel du responsable religieux musulman, s’était joint celui de quelques personnalités politiques du Cachemire. Le ministre-président du Cachemire a demandé aux forces régulières indiennes et au séparatistes musulmans de mettre en application le cessez-le-feu sans plus tarder et marquer ainsi le temps du ramadan : “Je veux, a-t-il dit, que la paix parvienne en chaque famille du Cachemire. Essayons d’écouter les battements de cour de notre population qui aspire à la paix.”