Eglises d'Asie

De nouveaux détails sur la destruction par la police de la chapelle d’une communauté mennonite dans la région de Kontum

Publié le 18/03/2010




Le 22 septembre dernier (1), une correspondance électronique, signée du pasteur Nguyên Công Chinh, responsable de la communauté mennonite de la région de Kontum, informait que les autorités policières se préparaient, pour la seconde fois, à détruire les bâtiments servant de lieu de culte à la communauté et de résidence à son pasteur. Le 21 octobre 2004, l’organisation de défense des droits de l’homme Human Rights Watch, basée à New York, a donné des détails supplémentaires sur cette affaire, confirmant que les craintes du pasteur étaient largement justifiées.

Le 24 septembre en effet, plus de deux cents agents du gouvernement, parmi lesquels des éléments de la police paramilitaire de l’unité 115, s’en sont pris à la chapelle qui sert de résidence au pasteur Nguyên Công Chinh, responsable principal des communautés mennonites sur les Hauts Plateaux. Cette attaque est la seconde de l’année, la chapelle ayant été détruite une première fois le 16 janvier 2004 (2). Lors de la récente attaque, les agents gouvernementaux ont commencé par confisquer les biens du pasteur ainsi que des animaux domestiques élevés par lui. Ils ont ensuite mis le feu aux bâtiments puis, avec l’aide de deux bulldozers, ont totalement rasé et écrasé ce qui restait. Seul un soubassement en ciment a résisté à ce traitement. Le pasteur Chinh, en visite pastorale, était absent au moment de l’attaque. Sa femme et ses enfants ont été arrêtés et détenus dans le district de Vinh Quang, ce jour-là, de 9h30 à 16h30. L’épouse du pasteur, enceinte de six mois, a, selon certaines informations, reçu des coups au ventre et a, de nouveau, été maltraitée durant sa détention. On rapporte que le pasteur, après être revenu sur les lieux pour constater les dégâts, serait entré dans la clandestinité. Dans une lettre envoyée le 25 septembre, il écrit : “Les nombreuses questions provoquées par cet acte qui viole impudemment les droits de l’homme et la liberté religieuse attendent des réponses de la part des dirigeants vietnamiens.”

Les communautés mennonites font partie des Eglises chrétiennes non reconnues par le gouvernement vietnamien et n’appartenant pas à l’Eglise évangélique du sud dont la charte et les activités ont été reconnues officiellement par le gouvernement, le 3 avril 2001. Les communautés non officielles sont généralement appelées Eglises domestiques. Elles sont dispersées dans tout le Vietnam et, généralement, s’assemblent pour le culte dans des habitations privées. Ces communautés ont récemment réagi avec vigueur à la parution, le 18 juin dernier, d’une ordonnance sur la religion et la croyance qui devrait être particulièrement sévère pour elles. Une première protestation signée de trente communautés a été envoyée aux autorités civiles au mois de septembre (3). Plus récemment une autre protestation signée de cinquante pasteurs représentants autant d’Eglises domestiques annonçait la création d’une fédération de ces communautés. Le texte réclamait la reconnaissance publique de ces communautés (4).

L’Eglise mennonite a été l’une des quelques organisations caritatives à continuer son travail au lendemain de la prise de pouvoir communiste au Sud-Vietnam et de l’unification qui a suivi. Au cours de ces dernières années, une pression gouvernementale particulièrement lourde s’est exercée sur elle pour essayer de mettre un terme à ses activités. Le 15 mai 2004, le responsable des chrétiens mennonites d’un district de la province de Gia Lai, Ksor No, a été arrêté. Au mois de juin, le très connu pasteur et avocat Nguyên Hông Quang était appréhendé à son tour pour avoir dénoncé publiquement la détention de quatre fidèles mennonites (5). Pasteur ayant reçu une formation d’avocat, il avait défendu la cause de paysans, de dissidents politiques ou religieux, en particulier les neveux du P. Nguyên Van Ly. Ces déclarations avaient été diffusées au Vietnam et hors du pays via Internet (6).