Eglises d'Asie

La Conférence des évêques appelle les catholiques à s’opposer à un projet de loi qui, selon elle, met en danger l’autonomie des écoles privées

Publié le 18/03/2010




A l’issue de son assemblée plénière annuelle, la Conférence des évêques catholiques a publié un communiqué appelant les catholiques coréens à s’opposer à un projet de réforme de la Loi sur les écoles privées. Rendu public le 14 octobre dernier, le communiqué émane de la Commission pour les Affaires sociales de la Conférence épiscopale et reprend les arguments développés au début du mois de septembre dernier par les responsables de l’enseignement catholique (1). Pour la Commission, “la réforme porte atteinte à l’autonomie des écoles privées en les empêchant de respecter l’esprit qui préside à leur fonctionnement et ne fera que perturber l’éducation qui y est dispensée en affaiblissant la responsabilité et l’autorité des proviseurs”.

Avec pour objectif affiché de rendre plus transparent le fonctionnement des écoles privées – quelques cas de corruption impliquant des établissements privés ayant défrayé la chronique ces derniers temps -, le projet de loi prévoit la mise sur pied de comités de gestion au sein de chaque établissement scolaire où seront représentés les enseignants, les parents d’élèves et les élèves. La responsabilité des embauches de personnel enseignant et non enseignant sera transférée des organismes de tutelle aux proviseurs. Dans le système tel qu’il fonctionne aujourd’hui, ce sont les organismes de tutelle (diocèses ou congrégations religieuses dans le cas des écoles catholiques) qui exercent seuls l’autorité au sein des établissements dont ils ont la charge.

Pour les évêques, l’argument développé par les promoteurs de la réforme, la lutte contre la corruption, n’est pas recevable. Selon eux, la corruption n’est pas le fait d’un vide juridique et peut très bien être combattue par les lois déjà existantes. Ils reprochent au gouvernement et au parti Uri, majoritaire à la Chambre, de vouloir, en présentant ce projet de réforme, affaiblir l’enseignement privé. “Ce qui est réellement nécessaire, c’est une politique de soutien pour un développement sain des écoles privées argumentent-ils, soulignant que la mission des écoles privées est de “former des élèves et des étudiants compétents qui seront la force motrice du développement de la nation”.

Le projet de loi sur l’école privée fait partie d’un ensemble législatif que le parti Uri veut voir voté d’ici à la fin de l’actuelle session parlementaire, le 9 décembre prochain. Cet ensemble comporte quatre grands volets : la réforme de la Loi sur les écoles privées, des mesures visant à limiter la concentration des médias, un retour sur les années 1910-1945, période où la péninsule était colonie japonaise, afin de dénoncer ceux des Coréens qui ont collaboré avec les Japonais, et enfin l’abolition de la Loi sur la sécurité nationale. Le Grand Parti national (opposition) a annoncé qu’il utiliserait “tous les moyens possibles” pour bloquer le vote de ces mesures. Selon ses responsables, le président de la République Roh Moo-hyun, fort des 151 sièges – sur un total de 299 – contrôlés à l’Assemblée nationale par le parti Uri, cherche avant tout, par ces mesures législatives, à affaiblir l’opposition. Sur la question de l’abolition de la Loi sur la sécurité nationale, l’Eglise catholique n’a pas pris position et semble divisée. Lors de l’assemblée plénière de la Conférence épiscopale, le Comité ‘Justice et paix’ a proposé un projet de communiqué à ce sujet, qui a été rejeté par la Commission pour les Affaires sociales (2).