Eglises d'Asie – Indonésie
Membres de la Chambre des représentants récemment élue, deux députés catholiques promettent de se battre pour la reconnaissance de l’égalité des droits de tous les citoyens indonésiens
Publié le 18/03/2010
Ancien rédacteur en chef adjoint du quotidien Suara Pembaharuan (‘La Voix du renouveau’), journal protestant basé à Djakarta, Siprianus Aoer est élu du Parti démocratique indonésien de lutte, la formation de la présidente sortante, Megawati Sukarnoputri. Le 18 octobre dernier, à l’agence Ucanews, il a déclaré qu’il était “nécessaire d’avoir une loi qui garantisse le droit à construire des édifices cultuels”. Selon lui, un pays à la population variée tel que l’Indonésie doit respecter ses diverses composantes ethniques, religieuses et culturelles. “Nous sommes catholiques et nous sommes 100 % Indonésiens. Nous avons les mêmes droits que les Indonésiens appartenant à d’autres religions a-t-il souligné, ajoutant qu’en matière de droits, “il n’y a ni minorité ni majorité”.
Ce qui est en jeu principalement ici, a précisé le député, c’est le décret ministériel de 1969 stipulant que les autorités civiles locales, avant de délivrer un permis de construire pour un lieu de culte, doivent obtenir l’accord de la communauté majoritaire vivant sur place. Depuis de nombreuses années, des chrétiens dénoncent ce décret comme un instrument de discrimination dirigé contre les communautés minoritaires, des chrétiens étant laissés sans église en différents endroits du pays (1) et, plus rarement, des musulmans étant dans l’incapacité de bâtir une mosquée dans les régions où ils sont minoritaires.
Melchior Markus Mekeng, élu catholique d’un autre district de Florès, membre du Golkar, l’ancien parti de Suharto, s’est lui aussi engagé à défendre, ensemble avec des députés d’autres religions, “l’égalité des droits, en premier lieu du droit au culte”. Cet engagement ne vaut pas seulement pour les catholiques, a-t-il souligné, “mais aussi pour les autres religions qui font face aux mêmes difficultés”. Pour commencer, a-t-il précisé, “nous travaillons activement auprès de Hidayat Nurwahid, président de l’Assemblée consultative du peuple (MPR), et nous espérons qu’il prendra à cour son rôle d’homme d’Etat”. Hidayat Nurwahid est l’ancien responsable du Parti pour la justice et la prospérité, formation prônant l’introduction de la charia dans la Constitution tandis que le MPR, formé des membres de la Chambre des représentants augmentée de quatre représentants nommés pour chacune des trente-deux provinces du pays, fixe les grandes lignes de la politique de la nation. La nouvelle Chambre des représentants compte 14 catholiques (sur un total de 550 membres) et quatre représentants des provinces sont de religion catholique. Melchior Markus Mekeng a précisé que, dans un premier temps, son objectif était d’obtenir de Hidayat Nurwahid une prise de position concernant l’affaire de l’école catholique Sang Timur (2).
Les deux députés catholiques sont d’avis que la coopération entre eux, élus catholiques, et la Commission pour les laïcs de la Conférence des évêques se développe. Ils souhaitent que l’Eglise leur apporte son soutien. Interrogé par l’agence Ucanews à ce sujet, le P. Stephanus Heruyanto Widiaatmaja, secrétaire exécutif de la commission en question, a déclaré : “Nous accueillons leur volonté de se mettre au service des intérêts des gens.” Le 21 octobre dernier, le cardinal-archevêque de Djakarta, Mgr Julius Darmaatmadja, a présidé un forum baptisé : “Pour un partenariat de dialogue entre les élus catholiques et les communautés catholiques, 2004-2009 déclarant aux élus catholiques : “Au sein des instances législatives, vous devez vous efforcer de créer un environnement où la morale et les principes éthiques sont défendus, la conscience ravivée et la culture de la vie chérie.”