Eglises d'Asie

Orissa : des prédicateurs pentecôtistes sont mis en garde à vue pour avoir tenu des propos jugés blessants envers l’hindouisme

Publié le 18/03/2010




Dans l’Etat d’Orissa, cinq prédicateurs pentecôtistes ont été mis en garde à vue après une plainte déposée par des hindous spécifiant qu’ils avaient heurté leurs sentiments religieux. C’est le 24 octobre que la détention provisoire a été ordonnée jusqu’au 4 novembre par un magistrat de Baripada, une ville de l’Etat. Les prédicateurs étaient arrivés dans cette ville le premier octobre et, le 21 octobre, ils se trouvaient dans le village de Suliapada lorsque la police locale les avait arrêtés, les accusant d’avoir émis des propos volontairement blessants pour les sentiments de personnes d’autre religion et d’avoir proféré des menaces à leur égard. Cette arrestation a été effectuée après des dénonciations de paysans de la région et surtout de membres d’un groupe affilié à l’organisation fondamentaliste Rashtriya Swayamsevak Sangh (Corps national des volontaires, RSS). Selon ces derniers, les prédicateurs chrétiens se seraient livrés à des discours enflammés contre les hindous.

Les prédicateurs, membres de la Greater Grace Church, un groupe pentecôtiste dont le siège est à Bombay, ont réfuté les accusations portées contre eux et ont demandé une libération sous caution qui leur a été refusée par le juge. Beaucoup de chrétiens du lieu ont protesté contre la mise en détention des pasteurs protestants, affirmant qu’elle procédait de sentiments anti-chrétiens. Mgr Rueben Senapati, évêque de l’Eglise (protestante) du Nord de l’Inde à Cuttack, centre commercial de l’Etat, s’est dit convaincu qu’il s’agissait là de fausses accusations. Un prêtre catholique de la région est également persuadé que les arrestations sont le fruit d’une campagne anti-chrétienne menée par des groupes fondamentalistes. Les chrétiens de la paroisse de Baripada sont en train de chercher des moyens juridiques d’obtenir la libération des pasteurs.

Ces arrestations ont eu lieu alors qu’un autre groupe de l’extrême droite hindoue, le Vishwa Hindu Parishad (Conseil mondial hindou, VHP), est en train de mener une campagne de reconversion à l’hindouisme auprès des ethnies minoritaires de la région. Le 20 octobre, un jour avant l’arrestation des prédicateurs pentecôtistes, des militants hindous ont organisé une cérémonie dans le village de Godapalasa, marquant le retour à l’hindouisme de six chrétiens baptistes de l’ethnie Ho. Selon les journaux locaux, les organisateurs de cet événement avaient obtenu une autorisation du magistrat local après que celui-ci eut été averti de la conversion comme la loi sur la liberté de religion, propre à l’Etat d’Orissa, en fait une obligation. C’était la seconde cérémonie de ce type en moins d’un mois dans le district. Le 18 septembre, à Mayurbhanj, environ 75 baptistes avaient proclamé publiquement leur retour à l’hindouisme. Ailleurs, dans le district de Sundargarh, 150 chrétiens baptistes avaient ainsi participé à ces cérémonies de reconversion à l’hindouisme. Dans le village de Gurandj, du district de Gajapati, le 2 octobre dernier, le corps d’un chrétien récemment mort et enterré avait été exhumé pour être soumis aux cérémonies de reconversion avant d’être incinéré selon les rites hindous.