Eglises d'Asie

Selon une révélation du P. Nguyên Van Ly en personne, le prêtre dissident devrait être libéré au 30 avril 2005

Publié le 18/03/2010




Selon une information rapportée le Comité pour la liberté religieuse au Vietnam, dont le siège est à Washington (1), le gouvernement vietnamien devrait amnistier le P. Nguyên Van Ly, le 30 avril 2005. Le P. Ly aurait annoncé la nouvelle à un de ses parents venu lui rendre visite dans le camp d’internement du Nord-Vietnam où il se trouve aujourd’hui. Cette amnistie avait été annoncée à demi-mot par le ministre vietnamien des Affaires étrangères, Nguyên Dy Niên, en visite en Grande-Bretagne.

Voilà plus de trois ans, que, le 17 mai 2001, 600 agents de la Sûreté étaient venus arrêter le prêtre dissident dans sa paroisse d’An Truyên au moment où il se préparait à célébrer sa messe quotidienne. A l’issue d’un procès qui n’avait pas duré trois heures et auquel ses supérieurs n’avaient même pas été convoqués, le Tribunal populaire de Huê avait qualifié les activités du prêtre en faveur de la liberté religieuse de sabotage de l’Union nationale et l’avait condamné à quinze ans de prison, peine qui devait être suivie de cinq années de résidence surveillée. Il fut ensuite très rapidement transporté dans un camp d’internement de la province de Ha Nam, au Nord-Vietnam, pour purger sa peine. Le 17 juillet 2003, le tribunal de cette province de Ha Nam annonçait que le dissident catholique bénéficiait d’une réduction de cinq ans de prison. Cette décision aurait été prise en regard “des signes d’une bonne rééducation” manifestés par le prisonnier. Le communiqué du tribunal a laissé ignoré absolument la nature des progrès accomplis par le P. Ly dans sa rééducation. Le 25 mai 2004, à l’occasion d’un voyage en Grande-Bretagne du chef de l’Etat vietnamien, son ministre des Affaires étrangères, Nguyên Di Niên, avait annoncé l’éventualité d’une libération du célèbre dissident (2). Le 16 juin suivant, un communiqué des Affaires étrangères informait que la peine du P. Ly était réduite à cinq ans. La mesure la plus récente, si elle est confirmée, constituera pour lui une nouvelle réduction de peine de un an.

Le P. Nguyên Van Ly qui avait déjà passé dix ans en prison de 1977 à 1978 et 1983 à 1992 pour “opposition à la révolution” avait lancé une campagne pour la liberté religieuse à la fin de l’année 2000. Commencée au mois de novembre 2000 (3), dans le cadre de revendications locales – des terrains paroissiaux confisqués par l’Etat – la campagne du P. Ly avait vite pris une dimension interreligieuse, nationale et même internationale. Elle a été tout de suite marquée par le ton sans concession adopté par le prêtre et une volonté de non compromission avec le régime, que symbolisait le calicot qu’il avait accroché au clocher de son Eglise où était inscrit : “La liberté religieuse où la mort !” Il diffusa sur Internet de nombreuses déclarations où il revendiquait liberté et totale indépendance pour les diverses religions du Vietnam, des procès-verbaux, où il détaillait concrètement les violations de la liberté religieuse commises par les autorités locales et nationales. A la demande de la Commission sur les libertés religieuses internationales du Sénat américain, il fit parvenir à celle-ci deux rapports sur la liberté religieuse au Vietnam. Dès le 27 février 2001, le P. Ly avait été assigné à résidence dans la paroisse d’An Truyên. Le 10 mai, les autorités civiles lui interdisaient de dire la messe. Le 17 mai 2001, il était arrêté.