Eglises d'Asie

A l’issue de l’assemblée annuelle de la Conférence épiscopale, les responsables de l’Eglise appellent les catholiques à un sursaut pour contrer la décadence morale à l’ouvre dans la société

Publié le 18/03/2010




A l’issue de leur assemblée annuelle, qui s’est tenue à Djakarta du 1er au 11 novembre dernier, les évêques catholiques indonésiens ont appelé leurs fidèles à un sursaut. Selon eux, la corruption, la violence et la destruction de l’environnement naturel sont les trois fléaux qui minent plus que jamais la société indonésienne. Les catholiques sont appelés à réagir à cette situation en créant “une contre-culture”. Pour les 39 évêques et administrateurs apostoliques placés à la tête des 36 diocèses du pays, il est temps pour les catholiques de “formuler une nouvelle culture, une contre-culture qui soit une vision et un programme d’action à même de devenir la force motrice de chacun”.

Après avoir réfléchi durant dix jours sur le thème : “Civisme public : de nouvelles habitudes pour la nation les évêques appellent les catholiques à s’impliquer plus à fond dans un mouvement destiné à rebâtir le pays. Pour cela, ils commencent par identifier les défis qui sont ceux tant du pays que de l’Eglise. Dans un pays où le principe dirigeant la majorité de la population est “la loi du plus fort l’Eglise doit “démontrer, en parole et en action, que le plus petit, le plus faible, le plus pauvre et le plus marginalisé doit avoir la priorité”.

Pour cela, la première chose à laquelle tous les Indonésiens doivent tenir est le principe d’“une égale application de la loi par chacun ou pour chacun”. En deuxième lieu, dans une société où l’argent est roi, “l’Eglise doit porter témoignage de la compassion et de la solidarité divines” ; concrètement, cela oblige les catholiques à un usage transparent de l’argent afin, qu’en rendant des comptes à la communauté, l’argent ne soit pas utilisé à des seules fins privées mais au bénéfice de toute la société. Un peu plus loin dans leur message, les évêques indiquent que, dans une société où les gens sont conditionnés pour atteindre leurs objectifs sans prendre en considération les moyens utilisés, les catholiques ont un rôle à jouer et doivent contrer cet état d’esprit en développant une culture de la paix. “L’Eglise doit être ouverte et efficace en menant à bien son rôle de communion participative pour encourager les catholiques à s’impliquer personnellement dans un dialogue avec l’autre afin de créer une fraternité réelle qui résiste aux épreuves écrivent-ils. Pour cela, les catholiques sont appelés non pas à se replier sur leur communauté mais au contraire à rejoindre les mouvements existant au sein de la société qui ouvrent eux aussi contre le déclin du sens civique.

Selon le cardinal Julius Darmaatmadja, archevêque de Djakarta et président de la Conférence épiscopale, les catholiques ne sont pas étrangers à leur société et doivent faire leur part d’examen de conscience car eux aussi participent des tendances destructrices de la société. “Par conséquent, l’Eglise doit se repentir a-t-il déclaré, expliquant que cela peut se faire par le soutien que l’Eglise apporte aux personnes engagées auprès de ceux qui souffrent de la violence et de l’injustice. Ce soutien, a-t-il ajouté, ne se résume pas à la prière mais inclut un engagement pour obtenir justice pour ceux qui souffrent. Il a appelé les catholiques à travailler avec les ONG ouvrant à la transformation de la société par un travail à la base.

Pour le cardinal, les catholiques ne doivent pas travailler seuls. Ils doivent coopérer avec les personnes de bonne volonté appartenant aux autres religions. Cela peut se faire pour contrôler le travail des pouvoirs législatif et exécutif tout comme pour développer des initiatives alternatives concrètes dans le domaine de l’accès à l’éducation ou au crédit. A cette fin, la Conférence épiscopale a décidé que la publicité de son message cette année irait au-delà de la communauté catholique et de ses 36 diocèses et serait étendue à tous les Indonésiens.