Eglises d'Asie – Indonésie
Bornéo : à Banjarmasin, la petite communauté catholique locale critique la manière dont sont imposées à tous, musulmans et non-musulmans, certaines dispositions spécifiques au ramadan
Publié le 18/03/2010
Selon Mgr Fransiskus Xaverius Rocharjanta Prajasuta, évêque du diocèse catholique de Banjarmasin (1), les catholiques “ne sont pas inquiets [d’une telle mesure] et ils y répondent avec calme”. Avant même la mise en ouvre de cette interdiction, les catholiques, par égard pour les musulmans, prenaient garde à ne manger, boire ou fumer que lorsqu’ils étaient chez eux, explique l’évêque. Selon lui, le problème ne se situe pas quant au fond mais quant à la forme. “Les autorités pensent qu’elles ont le pouvoir d’édicter une telle interdiction sans prendre en compte les intérêts des non-musulmans dit-il en regrettant que la municipalité n’ait pas pris la peine de consulter la population et ses responsables religieux avant d’adopter le texte en question. Pour l’évêque catholique, une telle façon de faire, outre le fait de donner aux non-musulmans le sentiment d’être marginalisés, ruine les actions de dialogue entre les religions entreprises jusqu’ici.
Sur un plan pratique, Mgr Rocharjanta Prajasuta n’a pas estimé nécessaire de s’adresser aux catholiques du diocèse pour leur expliquer comment ils devaient agir pour ne pas contrevenir à l’interdiction édictée par la municipalité. Les catholiques locaux sont en effet très au fait des questions religieuses à Banjarmasin, ville située dans une province réputée pour la prégnance et la force de la culture et de la religion musulmanes. Mgr Rocharjanta Prajasuta a seulement relevé que l’interdiction récemment édictée a quelque chose d’hypocrite étant donné qu’elle n’est pas observée par tous les musulmans.
L’évêque de Banjarmasin n’a pas été la seule personnalité à exprimer des réserves face à l’attitude de la municipalité. Selon Kompas, quotidien édité à Djakarta, un des juges de la Cour suprême, en déplacement à Banjarmasin le 30 octobre, a estimé que de tels règlements devaient être longuement réfléchis avant d’être édictés. “La formalisation des questions religieuses, à Banjarmasin aussi bien que dans d’autres régions du pays, montre que l’Etat impose sa volonté a-t-il déclaré, ajoutant qu’il espérait que les autorités locales fassent preuve de prudence avant de prendre des décisions concernant les religions.
Selon le texte édicté par la municipalité, tout contrevenant, qu’il soit musulman ou non-musulman, encourt une peine de prison de dix jours maximum ou une amende pouvant aller jusqu’à 100 000 roupies (9 euros). Le 18 octobre dernier, un tribunal local a jugé trois contrevenants, un garagiste musulman et deux étudiantes non musulmanes, qui ont plaidé coupables et ont été chacun condamnés à payer une amende de 100 000 roupies.