Eglises d'Asie

Des responsables d’un mouvement de jeunesse bouddhiste sont interdits de pèlerinage en Inde sur les lieux où a vécu Bouddha

Publié le 18/03/2010




Vingt et un chefs de groupes du mouvement de jeunesse bouddhiste “La famille bouddhiste venus entre le 1er et 3 novembre, à l’aérogare de Tân Son Nhat de Hô Chi Minh-Ville, pour s’embarquer à destination de l’Inde en vue d’y accomplir un pèlerinage aux origines du bouddhisme, ont eu la surprise de voir leurs noms inscrits sur une liste de personnes ayant interdiction de quitter le pays sans qu’il leur ait été signifié les raisons de cette interdiction. A l’issue de séances de travail (lam viêc) avec la police, auxquelles ils ont été conviés à l’intérieur même de l’aérogare, il leur a été remis un compte-rendu sur lequel était inscrit que la mesure prise contre eux était motivée pour des raisons de sécurité nationale.

Cette mesure a provoqué une profonde émotion à l’intérieur des milieux bouddhistes du pays. Les responsables du mouvement bouddhiste avaient seulement l’intention de faire un pèlerinage sur les sites bouddhistes de l’Inde et participer à un congrès du mouvement “La famille bouddhiste Ce congrès intitulé : “Congrès du mouvement mondial des jeunes bouddhistes vietnamiens” devait avoir lieu à “Bô Dê Dao Trang” (Bodh Gaya) dans l’Etat de Bihar, au lieu où selon la tradition a eu lieu l’illumination de Bouddha il y a 2 500 ans. Selon les informations apportées sur ce sujet par un communiqué du Bureau international d’information bouddhiste (BIIB) (1), les délégués du Vietnam, tous membres du Bureau central d’orientation de la Famille bouddhiste, devaient y rencontrer des responsables du même mouvement dans la diaspora vietnamienne où ses membres sont relativement nombreux, environ 20 000. Ce voyage était prévu depuis plus d’un an et les délégués avaient accompli toutes les formalités nécessaires pour obtenir leur passeport. Tout s’était bien passé jusqu’au dernier moment où pour une raison inconnue le pèlerinage fut considéré par la police comme préjudiciable à la sécurité nationale.

Malgré l’absence des délégués du Vietnam, le rassemblement prévu à Bodh Gaya a bien eu lieu du 7 au 9 novembre 2004 (2). Il a regroupé des délégués du mouvement venus des Etats-Unis, du Canada, d’Europe et d’Australie. A l’issue de leur rassemblement, les participants ont publié une double résolution. La première condamne fermement l’interdiction faite aux délégués du Vietnam de participer au rassemblement. Cette mesure manifeste, selon le texte, le mépris dans lequel les autorités tiennent les lois de leur propre pays et celles des instances internationales. La seconde affirme le soutien entier apporté par la jeunesse bouddhiste au bouddhisme unifié dans sa lutte pour la liberté religieuse et pour sa reconnaissance officielle.

Le mouvement de jeunesse, la famille bouddhiste, fut créé au début des années 1940 en vue de former la jeunesse bouddhiste vietnamienne de 6 à 18 ans, selon les principes de la doctrine bouddhiste et en fonction des différentes tranches d’âge. Dans les premières années qui suivirent le changement de régime, le mouvement fut interdit d’activités. Vers le milieu des années 1980, le mouvement se remit à fonctionner dans une quasi-clandestinité, mais sur tout le territoire du pays (3). Il ne tarda pas à prendre une très grande ampleur, suscitant l’inquiétude des autorités civiles (4). En 1995, la famille bouddhiste avait retrouvé ses effectifs d’avant 1975 et un congrès eut lieu à Dalat le 19 février qui élit les membres du Bureau central d’orientation. Quelques mois plus tard, le pouvoir communiste, tenta d’interrompre sa progression en essayant d’abord de lui imposer un nouveau nom, et de faire gérer le mouvement par l’Eglise bouddhiste du Vietnam, soumise au patronage du Front patriotique. Par l’intermédiaire des jeunesses communistes de Hô Chi Minh, les autorités civiles essayèrent de récupérer le mouvement et d’en faire une organisation politique au service du Parti communiste (5). Cependant cette tentative des autorités a échoué face aux réactions vigoureuses du bouddhisme vietnamien et des membres du mouvement, eux-mêmes. Les autorités renoncèrent à leur coup de force et les activités du mouvement continuèrent comme auparavant. Des camps de formation pour les membres et les responsables du mouvement sont organisés régulièrement, dans une relative autonomie.