Eglises d'Asie

Kerala : l’Eglise syro-malabar réprimande les autorités civiles pour leur négligence dans le règlement de diverses affaires concernant les chrétiens

Publié le 18/03/2010




Le 5 novembre, le dernier jour de leur Assemblée qui a eu lieu à Kochi du 2 au 5 novembre, les responsables de l’Eglise syro-malabar ont adressé une remontrance au gouvernement du Kerala pour n’avoir pas réussi a arrêter les coupables du meurtre du prêtre catholique, Job Chittilappilly, assassiné dans son église au mois d’août dernier. Ils ont également reproché aux responsables politiques de l’Etat d’avoir totalement passé sous silence l’attaque des religieuses et religieux Missionnaires de la Charité dans le district de Kozhikode ainsi que l’incendie partiel de l’Eglise de Thiruvanhanthapuram, capitale de l’Etat. Les trois événements auxquels l’Assemblée de l’Eglise syro-malabar a fait référence ont, tous les trois, eu lieu au cours des derniers mois. Ils ont bouleversé et étonné la communauté chrétienne du Kerala, la plus nombreuse de l’Inde, qui jusque là n’avait pas eu à souffrir des excès du fondamentalisme hindou.

Le meurtre d’un prêtre au mois d’août dernier avait semé l’émoi dans la chrétienté du Kerala. Le P. Chittilapilly, âgé de 71 ans, avait été trouvé mort le 28 août dernier sous un porche adjacent à son église, l’église Varaprasada Matha (‘Mère de la grâce’), située à environ 40 km de Kochi, capitale commerciale de l’Etat. Son corps portait la trace de quatre coups de poignards. La police annonçait, le 7 septembre, l’arrestation de l’assassin du prêtre. Il était d’abord présenté comme un membre du parti nationaliste hindou, aujourd’hui dans l’opposition, le Bharatiya Janata Party (Parti du peuple indien, BJP). Mais, dès le lendemain, la version policière des faits changeait du tout au tout, expliquant alors que le meurtrier était un drogué et qu’il avait commis son crime dans un état d’exaltation dû à l’absorption d’un stupéfiant. De vives protestations s’étaient alors élevées dans les milieux concernés (1).

La deuxième affaire mentionnée par l’Assemblée de l’Eglise syro-malabar est l’agression dont ont été victimes, le 26 septembre dernier, quatre religieuses et trois frères Missionnaires de la Charité en visite de routine dans un village près de Kozhikode (Calicut). Ils avaient été attaqués par un premier groupe d’assaillants, armés de barres métalliques et de chaînes. Un peu plus tard, un deuxième groupe, plus nombreux, s’en était pris à d’autres religieuses et frères venus au secours des premières victimes. Les religieuses avaient refusé de porter plainte. Mais on avait relevé de nombreuses réactions indignées dans tout le pays (2).

Un troisième incident avait eu lieu deux jours plus tard. C’est le 29 septembre dernier qu’un début d’incendie criminel avait endommagé l’autel, des tapis et quelques éléments du mobilier de l’église de la communauté orthodoxe Mar Thomas à Thiruvananthapuram. Des inscriptions laissées sur les lieux faisant référence à un groupe extrémiste hindou avaient été considérées par la police comme volontairement destinées à orienter les recherches sur une fausse piste (3).

Le porte-parole qui a rendu public le mécontentement de l’Eglise syro-malabar dans un communiqué à la presse a rapporté que l’Assemblée avait été heurtée par l’attitude négligente du gouvernement à son égard. L’Eglise éprouvait également de l’inquiétude devant la multiplication des affaires intercommunautaires et la montée de la violence en divers endroits de l’Etat. Le communiqué invitait les chrétiens à maintenir l’harmonie intercommunautaire et l’amitié entre les diverses religions : “L’Eglise syro-malabar désire collaborer avec toutes les personnes de bonne volonté pour atteindre ces objectifs, particulièrement en mettant en ouvre une ‘civilisation de l’amour'” (4).