Eglises d'Asie – Philippines
Les visites au cimetière à l’occasion de la Toussaint restent toujours d’actualité mais de plus en plus de familles préfèrent honorer leurs morts chez elles, à domicile
Publié le 18/03/2010
Pour la famille Belaro, la célébration de la fête a commencé, comme pour la plupart des Philippins, le 31 octobre. Ils ont été à l’église mais sont ensuite retournés chez eux. La veille, Jovel Belaro, le père, avait recouvert l’autel familial d’une étoffe bleue et décoré la table avec des fleurs fraîches et des bougies. Le bleu était la couleur préférée de son fils, John Philip Belaro, mort à 25 ans d’insuffisance rénale. John avait dit à ses parents qu’il voulait être incinéré “pour qu’ainsi vous vous souveniez toujours de moi La famille est allée à l’église en fin d’après-midi en portant l’urne contenant les cendres de John que le P. Aldo Rizzi a béni après la messe. Le jour suivant, le 1er novembre, la famille s’est réunie autour de l’autel familial pour prier. Pendant le repas, ils ont évoqué leurs souvenirs et parlé de John. La mère, Lourdes Belaro, pense que “l’esprit” de son fils vient souvent visiter la famille pour “la guider et veiller” sur elle. Quand elle voit, par exemple, un papillon voler, elle s’exclame devant ses autres enfants : “Votre grand frère est là
D’après le P. Rizzi, “ce style de célébration est devenu courant dans le pays”. Après la messe, il a rappelé qu’autrefois la crémation était interdite parce qu’elle contredisait l’enseignement de l’Eglise sur “la résurrection des corps”. Aujourd’hui, elle est acceptée comme une alternative à l’inhumation. Le Droit canon révisé, promulgué par Jean-Paul II en 1983, le précise : “L’Eglise n’interdit pas la crémation tant qu’elle n’est pas choisie en opposition voulue à la doctrine chrétienne.” Aux Philippines, même les ordres religieux ont leur columbarium ou des petits caveaux muraux où conserver les cendres de leurs défunts.
Jovel Belaro, quant à lui, a expliqué qu’une fête de Toussaint à la maison était “plus facile” qu’au cimetière : “Nous voulons bien faire notre devoir mais sans tous les tracas habituels.” Pour ceux qui se rendent dans les cimetières des environs de Manille, il leur faut en effet affronter les embouteillages et suivre la nouvelle réglementation destinée à prévenir désordres et violences occasionnelles. Les gardiens en faction devant les entrés inspectent bagages et véhicules et interdisent boissons alcoolisées, cisailles de jardinage et tout objet contondant, tout autant que cartes à jouer, mah-jong et autres matériels de jeux. Le chef de la police, Avelino Razon, directeur de la région de Manille, a rapporté que, cette année, tout avait été “calme”, avec moins de violences et d’embouteillages que d’habitudes.
Les jeunes qui ces dernières années nettoyaient les tombes sur commande se sont plaints d’avoir moins gagné cette année que les années précédentes. “L’an dernier, nous avions gagné environ 2 500 pesos (35 euros) par nuit pour les quelques jours que durent les fêtes de la Toussaint, a expliqué Mark Anthony Gonzales, un jeune lycéen. Au soir du 30 octobre, lui et ses amis n’avaient trouvé qu’un client et reçu 150 pesos seulement pour couper l’herbe et lustrer une pierre tombale.