Eglises d'Asie – Timor Oriental
Lieu de formation d’une partie de l’élite locale, le petit séminaire fête son 50e anniversaire et réfléchit à son avenir
Publié le 18/03/2010
Dans sa présentation du petit séminaire, Mgr do Nascimento a décrit l’institution comme faisant office de « semis ». « Si le semis est bien fait, il pousse bien et donne une plante qui portera du bon fruit a-t-il dit, incitant les séminaristes qui sont aujourd’hui ses élèves à « apprendre à être des hommes bien formés, disposant des qualités intellectuelles et spirituelles nécessaires pour servir l’Eglise, la société et la nation ». Réfléchissant au thème de la journée : « Se souvenir du passé et se tourner vers l’avenir pour bâtir un avenir meilleur l’évêque a rappelé qu’autrefois, de son temps, les séminaristes vivaient une vie très isolée, coupée du monde extérieur. « Nous n’avions ni radio, ni télévision, ni journaux a-t-il noté, ajoutant que les élèves du séminaire « devaient s’adapter aujourd’hui aux réalités qui les entourent. En tant qu’éventuels futurs prêtres, ils sont encouragés à nouer des contacts directs avec les gens. Mais la discipline doit rester un point central de leur formation ».
Le P. Leonardus Dibyawiyata, jésuite et recteur du séminaire de 1996 à 1999, a insisté lui aussi sur l’importance de la discipline. En 1996, lorsque la responsabilité de l’institution lui a été confiée, a-t-il rappelé, nombreux étaient les élèves très préoccupés par les questions politiques. Ils étaient alors divisés en deux groupes, ceux qui soutenaient l’indépendance du Timor-Oriental et ceux qui souhaitaient l’intégration dans l’Indonésie. « Ils étaient très critiques et réactifs, s’est souvenu le prêtre indonésien. Il n’était pas facile de les discipliner. Etait-ce parce que la majorité des enseignants étaient indonésiens ? Je ne sais. » A cette époque, a poursuivi le prêtre indonésien qui enseigne encore aujourd’hui dans l’institution, l’évêque de Dili d’alors, Mgr Carlos Filipe Ximenes Belo, demandait aux séminaristes de se tenir à l’écart des questions politiques et de se consacrer à leurs études, mais, en pratique, cela était difficile tant les sentiments nationalistes étaient forts. Aujourd’hui, pour des raisons différentes, les élèves ont du mal à comprendre la nécessité de la discipline.
Pour Mgr do Nascimento, un nouvel équilibre entre discipline et aspirations des élèves reste encore à trouver. Dans cette optique, l’évêque de Baucau a appelé tous les catholiques, en particulier les anciens élèves, à aider les élèves d’aujourd’hui, notamment ceux issus de familles pauvres. Il compte pour cela sur le soutien des anciens élèves du petit séminaire, notamment ceux, nombreux, qui occupent aujourd’hui des postes importants dans la société et la fonction publique. Outre le président de la République, Xanana Gusmao, deux ministres de l’actuel gouvernement et plusieurs hauts fonctionnaires sont passés par le petit séminaire Notre Dame de Fatima. Le président Gusmao a répondu à cet appel en demandant au personnel enseignant du séminaire de développer les valeurs spirituelles et humaines des élèves. « Le pays étant désormais indépendant [depuis 2002la formation est un des moyens fondamentaux pour renforcer notre identité en tant que nation a-t-il déclaré.
Le petit séminaire a été fondé en 1936 par Mgr Jaime Garcia Goulart, administrateur apostolique de Dili, sur les instructions de Mgr Jose da Costa Nunes, évêque de Macao, dont la juridiction s’étendait sur le Timor-Oriental. Installé dans un premier temps dans le district de Manatutu, il a été déménagé à Dili en 1951 et reconnu canoniquement en 1954, date qui a servi de référence pour célébrer cette année son cinquantième anniversaire. Environ quarante prêtres – dont Msgr da Silva, do Nascimento et Belo – sont passés par ses murs ainsi que des centaines de jeunes, qui sont devenus par la suite des hommes politiques ou des professionnels engagés dans la société.