Eglises d'Asie – Philippines
Mindanao : dans une région où le MILF est très présent, un Italien travaillant pour une ONG a été kidnappé et détenu une vingtaine d’heures avant d’être relâché
Publié le 18/03/2010
L’enlèvement s’est produit le 9 novembre aux environs de 14 heures 30 dans le village de Dalabyan, situé à proximité de la ville de Kauswagan. Des hommes armés et masqués ont arrêté la voiture conduite par Andrea Cianferoni, le contraignant, lui et les deux Philippins qui étaient dans son véhicule, à partir à pied à travers la campagne. Rapidement, les deux Philippins ont été relâchés – non sans avoir versé à leurs ravisseurs une somme de 60 000 pesos (850 euros) et à charge pour eux de transmettre la revendication des ravisseurs, à savoir la libération de l’otage italien contre le paiement d’une rançon de 240 000 pesos. La libération de l’Italien est intervenue le lendemain matin, 10 novembre.
Selon le capitaine Rommel Abrau, porte-parole du corps des Marines philippins, le groupe qui est derrière cet enlèvement serait commandé par un parent du “Commandant Bravo un des chefs du MILF. A Manille, Martin Brook, de l’ambassade d’Italie, a déclaré que “le MILF n’avait pas participé au kidnapping” et que les hommes responsables de l’enlèvement étaient “des criminels lambda”. Il a ajouté que “l’attitude du MILF” dans la gestion de cette crise “avait été très positive”. Le colonel Ben Dolorfino, commandant de la brigade des Marines stationnée sur la zone de Kauswagan, est allé dans le même sens, déclarant que le MILF avait aidé aux opérations de récupération de l’Italien.
Selon les observateurs, aucune partie en présence dans le conflit de Mindanao n’avait intérêt à voir s’éterniser cet enlèvement. Le MILF et le gouvernement se préparent en effet à rouvrir officiellement les pourparlers de paix (1). Le porte-parole du MILF, Eid Kabalu, avait fait savoir que son groupe avait donné l’ordre d’“exécuter” les kidnappeurs au cas où ils persisteraient à ne pas relâcher leur otage. Le gouvernement de son côté n’a pas précisé, une fois la libération d’Andrea Cianferoni acquise, si une rançon avait été payée.
Agé de 29 ans, Andrea Cianferoni était présent aux Philippines depuis novembre 2003. Envoyé par l’ONG italienne Movimondo, il travaillait comme agronome à “l’amélioration de l’agriculture” dans des régions à majorité musulmane, peuplées de paysans pauvres.
Ces dernières années, outre les affaires liées au groupe Abu Sayyaf (2), la partie ouest de l’île de Mindanao a connu deux autres cas d’enlèvement, ceux de deux prêtres catholiques italiens. Le 17 octobre 2001, le P. Giuseppe Pierantoni, de la congrégation des Missionnaires du Sacré Cour (les Déhoniens), fut enlevé alors qu’il célébrait la messe dans la province de Zamboanga del Sur ; il réussit à s’échapper le 8 avril 2002, les médias philippins rapportant alors que ses ravisseurs demandaient huit millions de pesos pour le prix de sa liberté (3). Quelques temps auparavant, le 8 septembre 1998, le P. Luciano Benedetti, des PIME (Institut pontifical des Missions étrangères, basé à Milan), fut enlevé alors qu’il était en route pour aller célébrer la messe dans une communauté isolée dans la montagne ; il fut libéré après 68 jours de captivité et, semble-t-il, le paiement d’une rançon (4).