Eglises d'Asie

Pour contrer les mouvements dits de “spiritualité nouvelle l’Eglise catholique réfléchit à une évolution de sa pastorale

Publié le 18/03/2010




Les mouvements qualifiés de “spiritualité nouvelle très en vogue ces temps-ci en Corée du Sud (1), amènent l’Eglise à réfléchir à une évolution de la pastorale telle qu’elle est pratiquée aujourd’hui et à proposer des changements d’approche dans ce domaine. Lors d’un récent symposium sur le sujet, organisé le 21 octobre dernier à Suwon, le P. Pius Kwak Seung-ryong, directeur du service de la pastorale du diocèse de Taejon, a déclaré que, selon lui, la prolifération de ces nouvelles formes de spiritualité jusque dans les milieux catholiques est due aux méthodes pastorales obsolètes en vigueur dans l’Eglise.

Le prêtre a fait observer que la soif de spiritualité répondait au rapide essor économique et à la généralisation du matérialisme ambiant. Les dévotions, les prières et les méditations traditionnelles ne satisfont plus cette soif comme autrefois. La preuve en est la popularité croissante de méthodes comme celles du yoga, du zen ou du “ki” chi souffle primordial, parmi les Coréens, catholiques compris, pour qui ces techniques sont une aide destinée à préserver et développer la santé physique et mentale. Pour le P. Kwak, les catholiques sont attirés par ce désir d’expérimenter « la chaleur cosmique » face à “l’âpreté et l’inhumanité de la société”.

Ces dernières années, les évêques coréens ont mis en garde les catholiques sur les problèmes que posent ces nouveaux mouvements de spiritualité. Au cours du symposium intitulé : “Danger des mouvements de pseudo spiritualité et contre-mesures pastorales le P. Kwak a insisté pour rappeler que l’Eglise avait ses propres richesses spirituelles. Il a recommandé la promotion de la spiritualité et de la prière de l’Eglise des premiers temps aussi bien que les différentes prières centrées sur Dieu et les nombreux exercices spirituels qui se sont développés tout au long de l’histoire de l’Eglise. “Il est de notre devoir d’intégrer ces traditions de manière attrayante” et de répondre aux besoins des chrétiens de notre temps, a-t-il recommandé aux 1 200 personnes présentes, dont l’évêque de Suwon, Mgr Paul Choi Duk-ki, et son auxiliaire, Mgr Mathias Lee Yong-hoon.

Francis Park Moon-su, chercheur à l’Institut pastoral de Corée, organisme rattaché à la Conférence épiscopale, a souligné quant à lui la nécessité d’une approche “sacramentelle” de l’Eglise comme facteur important pour le soutien des catholiques impliqués dans ces mouvements. Ce qui définit traditionnellement les “bons catholiques”, c’est leur observation scrupuleuse de la messe du dimanche, la confession régulière et le denier du culte mensuel. Un tel modèle de spiritualité est très insuffisant et, à partir de là, il semble impossible à l’Eglise de promouvoir un renouveau spirituel, a assuré Francis Park. L’Eglise doit prendre au sérieux ces nouveaux mouvements. Néanmoins, a-t-il ajouté, de nombreux éléments appartiennent au panthéisme et à d’autres religions et contredisent les dogmes catholiques. Quoique leurs adeptes affirment que ces mouvements ne recherchent que le bien-être des personnes, Francis Park leur a reproché de pousser les gens à se tenir éloignés de toutes associations ou organisations sociales.

Le P. Joseph Lee Chang-jong, responsable de l’évangélisation et de l’éducation du diocèse de Suwon, a expliqué à la presse, le 27 octobre, que ces nouveaux mouvements s’étaient diffusés incognito en se présentant comme de simples programmes de bien-être face à la vie moderne. Il a indiqué que le propos du symposium du 21 octobre était de donner une direction pastorale aux catholiques pour soutenir leur vie de foi et les aider à ce que ces nouveaux mouvements n’investissent pas la communauté catholique.

Le diocèse de Suwon organise un symposium chaque année depuis 1994 pour alerter les paroissiens sur différents problèmes. Le Comité épiscopal sud-coréen pour la doctrine de la foi a fait diffuser deux documents, en 1997 et en 2003, sur ces nouveaux mouvements spirituels. Pour les évêques, ces mouvements s’opposent à “l’essence du christianisme dans sa compréhension de Dieu, de la christologie et de l’ecclésiologie (2). Dernièrement, Mgr Boniface Choi Ki-san, évêque du diocèse d’Inchon, a demandé à ses prêtres de lui signaler le nombre de chrétiens qui auraient rejoint le Dahn World Center, mouvement qualifié par l’évêque de “pseudo religieux