Eglises d'Asie

Un commentaire paru dans le quotidien du Parti communiste souligne certaines caractéristiques de l’ordonnance sur la croyance et la religion

Publié le 18/03/2010




Illustré par une belle reproduction de la cathédrale de Hanoi, un article de l’organe du Parti communiste vietnamien, le Nhân Dân, daté du 5 novembre, donne des éclaircissements sur un certain nombre de points abordés par la récente ordonnance sur la religion et la croyance, promulguée par le Bureau permanent de l’Assemblée nationale le 18 juin dernier et devant entrer en vigueur le 15 novembre 2004 (1). Il souligne certaines nouveautés contenues dans ce texte et éclaircit certains points obscurs.

L’article commence par mettre en relief la distinction faite par le nouveau texte législatif entre religion et croyance. En effet, l’ordonnance, dans son intitulé même, étend le domaine de compétence des autorités civiles. Non seulement celles-ci “réglementent” (dieu chinh) les activités se déroulant dans le cadre des religions mais aussi celles qui sont issues des croyances hors de toute Eglise ou du contrôle d’une hiérarchie religieuse. L’article développe cette distinction. La religion est un tout organisé. La croyance et ses manifestations se développent, elles, en dehors d’organisations religieuses précises. L’ordonnance avait procédé à la classification des croyances que l’article précise. Est cité en premier le culte des ancêtres pratiqué à l’intérieur de la famille, puis celui des ancêtres nationaux dont l’Etat assure et pérennise le culte. C’est ainsi que dans la liste des anniversaires et des fêtes soigneusement dressée par la Commission du Comité central chargée de l’idéologie et de la culture pour l’année 2005, on peut trouver la fête anniversaire des rois Hung, première dynastie du Vietnam. Marquée par des cérémonies d’offrande et des prières au temple, cette fête est célébrée le dixième jour du troisième mois lunaire, entre l’anniversaire de la fondation du Parti communiste vietnamien, le 3 février, et l’anniversaire de la prise de pouvoir à Saigon, le 30 avril 1975. (2). Parmi les activités et cérémonies relevant du domaine des croyances, l’ordonnance place également les fêtes locales ayant lieu dans le cadre du village (lang) et de la maison commune (dinh), des fêtes gérées aujourd’hui par les autorités locales. L’animisme, semble-t-il, fait également partie de ce que le l’ordonnance appelle la croyance. A l’article 3, elle parle en effet des “offrandes aux esprits et aux symboles sacrés”. Il faut cependant ajouter que, si toutes ces manifestations de la croyance sont selon l’ordonnance dignes d’éloge, d’autres, qualifiées de superstition ou d’utilisation perverse du religieux, sont soigneusement réprouvées.

L’article du quotidien national du Parti précise avec plus de clarté que l’ordonnance la notion d’“associations religieuses reconnues”. Selon l’auteur, elles sont aujourd’hui au nombre de quinze, parmi lesquelles l’Eglise bouddhiste du Nord et celle du Sud présentées comme deux associations distinctes, les neuf sectes du caodaïsme, toutes les neuf reconnues séparément par l’Etat, le bouddhisme hoa hao, l’Eglise évangélique du Sud récemment reconnue, distincte de l’Eglise évangélique du Nord. Cette classification est nouvelle. On parlait jusque là de six religions reconnues officiellement. Cinq critères énumérés à l’article 16 de l’ordonnance sont nécessaires pour qu’une association religieuse soit reconnue par l’Etat. Cependant, le commentaire du Nhân Dân précise que, de loin, le plus important est d’avoir fait enregistrer son programme d’activités religieuses régulières auprès des autorités compétentes qui peuvent laisser passer un certain temps avant de reconnaître officiellement le nouveau groupe religieux.

On avait relevé, dès la parution de l’ordonnance, la curiosité constituée par l’article 36 donnant aux prêtres et religieux étrangers le droit de prêcher dans des établissements religieux au Vietnam après avoir obtenu l’autorisation du Bureau des Affaires religieuses. Le Nhân Dân s’attarde sur cette disposition qu’il qualifie de nouvelle. Il souligne que, dans sa prédication, l’ecclésiastique étranger devra se soumettre aux prescriptions de la loi vietnamienne et respecter les réglementations de l’association religieuse qui l’accueille. Cependant, rien n’est dit sur la possibilité pour l’ecclésiastique étranger de mener des célébrations ou d’y participer, ni des rapports qu’il entretiendra avec les fidèles auxquels il s’adressera dans sa prédication.