Eglises d'Asie

A l’occasion du temps de l’Avent, le cardinal archevêque de Hô Chi Minh-Ville appelle l’archi-diocèse à se mobiliser contre le sida dans la prière et l’engagement concret

Publié le 18/03/2010




Dans une lettre adressée le 24 novembre à ses fidèles de l’archidiocèse de Hô Chi Minh-Ville, à l’occasion du début de l’Avent, Mgr J.-B. Pham Minh Mân les invite à ne pas rester indifférents devant tous ceux qui sont touchés par le virus et la maladie du sida. Les chrétiens de la métropole du Sud sont invités à prier pour eux, à participer aux soins qui doivent leur être dispensés et à apporter espérance et paix à leurs proches. La lettre du cardinal s’applique à décrire comment ce fléau affecte ses victimes et à proposer aux catholiques des suggestions concrètes.

La lettre commence par rappeler les nombreux jeunes gens de Hô Chi Minh-Ville, parfois plusieurs dans une même famille, que le sida entraîne lentement vers la mort et les enfants devenus orphelins ou nés séropositifs à cause de lui. Citant les statistiques officielles dont il dit qu’elles sont bien au-dessous de la réalité, le cardinal a évoqué les 200 000 séropositifs du Vietnam, dont 40 000 pour la seule capitale du Sud. La plupart d’entre eux, ajoute-t-il, ne sont en réalité que des victimes, n’ayant pas une connaissance suffisante du fléau et des moyens qui auraient pu leur permettre d’y échapper. C’est la raison pour laquelle la conscience humaine et surtout la foi chrétienne ne peuvent se satisfaire d’une attitude d’indifférence à ce sujet. Les catholiques doivent essayer de contrer ce fléau. C’est une responsabilité qui incombe non seulement au gouvernement, aux organismes caritatifs internationaux mais aussi à chacun des membres de la société.

La lettre du cardinal annonce également qu’une assemblée de prières interreligieuse pour les victimes du sida sera organisée le 15 février prochain. Avant cette date, en fonction des possibilités, les paroisses, les communautés religieuses sont invitées à convoquer des assemblées de ce type dans le cadre qui est le leur. D’une manière générale c’est une mobilisation générale des catholiques pour la lutte contre le sida, que voudrait lancer le responsable du second plus grand diocèse du Vietnam. Prêtres, religieux et religieuses, militants des diverses associations caritatives, parents et catéchistes sont invités à mettre en ouvre les valeurs chrétiennes dans le domaine de la sexualité, du mariage et de la famille. Les catholiques et les non-catholiques sont appelés à renforcer l’esprit familial en restant fidèles à leur engagement et en accomplissant leurs devoirs de parents plus spécialement en matière d’éducation et de protection des enfants. La famille, souligne la lettre, en devenant une réelle communauté d’amour et de vie, se transforme en forteresse imprenable face au fléau du sida. Diverses sessions ont déjà eu lieu ; certaines sont prévues pour les jours à venir dans l’archidiocèse et sont destinées à initier les catholiques à la pastorale de la famille ou à les former en vue de leurs prochaines relations avec les personnes touchées par le sida.

Une semaine avant la rédaction de cette lettre, le 17 novembre, dans une petite chapelle de l’archevêché de Hô Chi Minh-Ville, le cardinal avait présidé une eucharistie d’envoi en mission pour huit religieux et religieuses se préparant à partir pour le service des malades du sida dans le centre de désintoxication de Trong Diêm, dans la commune de Duc Hanh (province de Binh Phuoc). Après la communion, devant une petite communauté venue participer à cette eucharistie, les religieux et religieuses, appartenant à la congrégation des Petites sours de Charles de Foucauld, à la congrégation des Amantes de la Croix de Dalat, à la Congrégation de la Vierge des pauvres, ont prononcé publiquement leur engagement. Le cardinal les a ensuite bénis et envoyés en mission.

La pandémie du sida connaît aujourd’hui au Vietnam une croissance exponentielle. De 2002 à 2003, le nombre de morts du sida a doublé, passant de 500 à 1 000. Le chiffre de 200 000 séropositifs cité par le cardinal est aujourd’hui admis par la plupart des associations internationales. L’organisme des Nations Unies pour le sida, l’UNAIDS, parlait de plus de 200 000 porteurs du virus au Vietnam au mois d’octobre 2004 (1). Cependant, les autorités nationales font état de statistiques beaucoup moins élevées. Au mois d’octobre 2004, le ministère de la Santé publique se contentait d’en mentionner plus de 83 000, un chiffre qui s’élevait à 77 800 en août 2003 et à 69 000 l’année précédente (2). Les experts médicaux, en se référant notamment à la prostitution et à la toxicomanie croissantes, continuent d’estimer que le nombre réel de personnes infectées par le VIH est largement supérieur aux statistiques officielles. Les prostituées et les toxicomanes représentent environ 80 % des porteurs du VIH.