Eglises d'Asie

Asie du Sud : création d’un forum interreligieux pour lutter contre la pandémie de sida

Publié le 18/03/2010




Du 19 au 21 novembre dernier, une trentaine de responsables religieux et de dirigeants d’organisations religieuses se sont réunis à New Delhi, en Inde, où ils ont fondé le “Conseil interreligieux d’Asie du Sud sur le sida et le virus HIV”. Venus d’Afghanistan, du Bangladesh, du Bhoutan, d’Inde, des Maldives, du Népal, du Pakistan et du Sri Lanka, ces personnalités ont convenu que le sida et le virus qui le propage étaient un danger auquel tous les pays d’Asie du Sud étaient exposés. “Nous reconnaissons que, bien que nous différions dans nos traditions et valeurs, le sida est un sujet de préoccupation que nous avons en commun a déclaré Aktharul Wasey, musulman indien et un des principaux organisateurs du Forum. Etant donné “le défi” que posent ce virus et cette maladie à “l’humanité il est “indispensable que nous nous unissions pour empêcher la pandémie de contaminer plus avant nos communautés a-t-il ajouté.

L’Unicef et la Conférence mondiale des religions pour la paix ont co-financé la réunion. Pour James Cairns, président de la Conférence mondiale, la formation de ce Conseil est une première dans la région. “Il représente la première structure interreligieuse à haut niveau de l’Asie du Sud a-t-il souligné, précisant que les membres du Conseil s’étaient engagés à collaborer “sans tenir compte des différences d’appartenance religieuse” pour faire face à la menace que représente le sida. Pour Ian McLeod, de l’Unicef, “la tolérance et la compassion enseignées par les religions parlent directement à ceux qui sont touchés, de près ou de loin, par le virus et à ceux qui en ont peur”. L’Unicef, a-t-il ajouté, a de fortes attentes vis-à-vis du Conseil qualifié par lui de “vecteur d’espoir qui contribuera à vaincre la pandémie”.

Concrètement, les participants au Conseil se sont engagés, une fois de retour dans leurs pays, à organiser des réunions interreligieuses où les responsables religieux se verront informés des actions de prévention, de soins, de soutien liées au sida. A l’intérieur de chaque communauté religieuse, au plan local ou national, des actions semblables seront mises sur pied à l’attention des populations, chaque religion tirant de son magistère matière à enseignement. Pour toucher la jeunesse, une attention particulière sera donnée aux établissements scolaires contrôlés par l’une ou l’autre religion. Enfin, des actions communes avec les acteurs non religieux de la lutte contre le sida sont envisagées.

Pour le pasteur Ipe Joseph, secrétaire général du Conseil national des Eglises (protestantes) en Inde, si tous les pays de l’Asie du Sud ont chacun des problèmes qui leur sont spécifiques, “le sida est un problème commun et, si rien n’est fait aujourd’hui, il prendra une ampleur incontrôlable demain”. Pour Swami Sugunendra Theertha, un hindou indien, le sida a à voir avec la vie et la mort et représente un problème plus grave que la pauvreté ou le chômage dans cette partie du monde. Enfin, pour le vénérable Lam Wangdi, moine bouddhiste du Bhoutan, dans le bouddhisme, ce sont les personnes qui ont le plus de valeur. “Si les gens ne sont pas heureux, comment les religions peuvent-elles l’être ? s’est-il interrogé.

Selon les données présentées à New Delhi, 5,2 millions de personnes ont contracté le virus du sida en Asie du Sud ; environ un quart d’entre elles ont moins de 25 ans. En 2003, il est estimé qu’entre 600 000 et 1 100 000 personnes ont été contaminées.