Eglises d'Asie – Corée du sud
Dans le contexte moderne actuel, une “évangélisation de la culture” est nécessaire, estiment certains cercles catholiques
Publié le 18/03/2010
Selon le P. Ignatius Kim Min-soo, secrétaire du Comité pour les communications sociales de la Conférence des évêques sud-coréens, la société contemporaine reconnaît la variété des cultures et prône le respect des différences culturelles ; ce faisant, se développent en son sein des tendances favorables au pluralisme, au relativisme et à l’individualisme. “Au sein de ce monde en perpétuel changement, la pastorale de l’Eglise n’a pas su aller à la rencontre des besoins culturels des croyants a déclaré le P. Kim. Pour tenter de pallier cette défaillance, le Comité épiscopal cherche à penser “une approche pastorale adaptée à l’environnement social et culturel actuel”. Dans cette perspective, une “évangélisation de la culture” est essentielle, même si la substance d’une telle évangélisation n’est pas encore clairement définie, a-t-il expliqué.
Dans son introduction à ce symposium, devant 150 prêtres, religieuses et laïcs, le P. Kim a reconnu que dix années de travail d’inculturation avaient donné d’excellents résultats dans l’édification d’une culture catholique coréenne : “L’Eglise de Corée a consacré beaucoup de temps, beaucoup de ressources et beaucoup d’argent dans le processus d’inculturation chrétienne de la culture coréenne. Mais elle ne s’est pas suffisamment souciée d’une autre inculturation, celle de la culture de masse, la culture qui fait le quotidien de nos vies” (1L’évangélisation de la société contemporaine doit être pensée, a-t-il poursuivi, comme une évangélisation “par la culture”, “à travers la culture” et “de la culture”. L’évangélisation par la culture implique de comprendre la culture comme un sujet capable de changer les autres cultures. L’évangélisation à travers la culture implique un dialogue entre la culture et l’Evangile. Quant à l’évangélisation “de la culture “c’est voir la culture comme un objet à convertir”, a-t-il expliqué, ajoutant que ces trois phases n’étaient pas séparées mais entremêlées et simultanées.
D’autres interventions ont eu lieu lors du symposium. Le théologien laïc, Leo Hwang Jong-ryul, a expliqué que “du point de vue d’une théologie coréenne, l’évangélisation de la culture ne considère pas la Bonne Nouvelle ou la culture d’un point de vue occidental, mais étudie la relation intime qui existe entre la Bonne Nouvelle et la culture au sein de l’histoire et de l’identité coréennes”. Il a encore expliqué que l’utilisation par l’Eglise catholique de la culture comme instrument d’évangélisation avait eu des résultats limités du fait du complexe de supériorité manifesté par les chrétiens. Complexe qui s’est traduit par une attitude manifestant un certain impérialisme dans le domaine de la culture. “Désormais, nous devons nous attacher à une influence réciproque entre culture et Evangile, a-t-il expliqué. Culture chrétienne et culture profane devraient l’une et l’autre respecter leur noblesse respective et communiquer pour une meilleure intégration.”
Kim Won-chol, journaliste à l’hebdomadaire catholique Pyeonghwa Shimmun (‘La Paix’), a demandé, comme une urgente nécessité, que l’importance de l’évangélisation de la culture soit reconnue par la hiérarchie et les laïcs et soutenue financièrement par l’Eglise. De plus, a-t-il souligné, des instituts ou des centres de recherche sur la culture organisés en réseau sont nécessaires pour développer une certaine cohérence entre les divers services de pastorale liés à la culture.
Chang Sung-bae, professeur au séminaire méthodiste de théologie, a, pour sa part, présenté les efforts des Eglises protestantes pour développer une “mission culturelle” et a conseillé aux Eglises de franchir la clôture qui les entoure et d’entrer à plein dans la société : “Comme Jésus Christ qui s’est fait homme dans le monde, les Eglises devraient essayer de réinterpréter et d’expliquer la vérité de la Bonne Nouvelle de telle manière que le monde puisse la comprendre.”
En réponse, Lee Jong-bum, chercheur laïc de l’Institut pastoral de Corée, géré par la Conférence épiscopale, a déclaré qu’avant d’entreprendre un travail pastoral à partir de méthodes culturelles, culture et Bonne Nouvelle elles-mêmes devaient être bien comprises : “La culture de masse a sa propre logique. Si nous essayons une évangélisation de masse ou une inculturation de la Bonne Nouvelle sans bien les connaître, nous risquons de perdre le caractère unique de la culture chrétienne et son appel adressé à la masse du peuple.”