Eglises d'Asie – Divers Horizons
Depuis dix ans, grâce à des rencontres régulières, les évêques catholiques sud-coréens et japonais travaillent à approfondir leur solidarité
Publié le 18/03/2010
Mgr Vincent Ri a rappelé que la Corée et le Japon partagent une histoire faite d’invasion et d’occupation, l’agresseur étant du côté du Japon. Il a souligné qu’il est encore aujourd’hui difficile pour les Coréens de rester insensibles, quand ils se souviennent de la colonisation japonaise qui dura de 1910 à 1945. “Nous avons discuté de faits historiques indéniables et de la manière dont ils sont exposés – et déformés – dans les manuels d’histoire. Grâce au dialogue instauré il y a dix ans, nous pouvons échanger librement sur ces sujets. En tant que catholiques, nous parlons aussi de pastorale et échangeons nos expériences dans ce domaine a précisé l’évêque coréen.
Ces échanges annuels avaient été proposés il y a dix ans par l’archevêque de Taegu, Mgr Paul Ri Moun-hi, et par l’évêque de Cheju, Mgr Peter Kang U-il. L’un et l’autre étaient présents à la rencontre de novembre 2004. L’un des résultats tangibles de ces années d’échanges a été l’édition coréenne, publiée en avril dernier, du “Premier livre d’une histoire de la Corée lue en commun par des Coréens et des Japonais, au plus près de la vérité”. L’édition japonaise est encore en préparation.
Ces rencontres ne sont pas des rencontres au niveau officiel des Conférences épiscopales, mais sont de simples rencontres entre évêques voisins destinées à développer l’amitié mutuelle, a tenu à préciser le P. Paul Lee Chang-young, sous-secrétaire de la Conférence des évêques catholiques de Corée. “Le but principal de leurs rencontres est d’apprendre quelque chose de l’histoire de l’autre. Les évêques, par exemple, veulent étudier l’histoire de l’île de Cheju et les conséquences de la colonisation de la Corée par les impérialistes japonais a dit le P. Paul Lee, ajoutant que l’île de Cheju avait été choisie cette année comme lieu de la rencontre pour mieux comprendre comment cette île, connue pour accueillir un tourisme de masse, est aussi un haut lieu d’histoire et de pèlerinage pour les catholiques (1).
Pour cette dernière rencontre, ils étaient treize évêques japonais et dix-huit évêques coréens, dont l’ancien archevêque de Séoul, le cardinal Stephen Kim Sou-hwan, et les présidents des deux Conférences épiscopales. Devant la presse, Mgr Leo Ikenaga Jun, archevêque d’Osaka, s’est réjoui de ces rencontres : “Il est bon d’avoir des échanges amicaux entre nous, Coréens et Japonais. Nous confrontons nos points de vue sur tel ou tel fait historique et échangeons des informations d’ordre pastoral au sujet, par exemple, des jeunes prêtres. Il est difficile, quand il s’agit de problèmes historiques, de saisir la réalité des événements du passé ; aussi est-il important de pouvoir parler ensemble de notre histoire commune.”
Mgr Vincent Ri, hôte de la rencontre, a exprimé sa confiance de voir ces contacts perdurer : “C’est une grâce de Dieu de pouvoir se rencontrer là où chacun peut oublier les différences de langue, de pensée et de culture. Au début, je pensais que ces rencontres dureraient une dizaine d’années. Aujourd’hui, je suis sûr qu’elles ne cesseront pas parce nous nous sommes pris d’amitié et que nous avons besoin de nous rencontrer et de parler.”
A Cheju, les évêques sont allés ensemble en pèlerinage à Hwangsapyeong et à Gwandeokjeong rendre hommage et prier sur les tombes des catholiques tués durant le soulèvement des habitants de l’île en 1901 et là où 700 catholiques sont morts pour avoir participé à une rébellion contre le féodalisme. Les évêques japonais ont été reçus à la cathédrale de Chungang où Mgr Nomura, le président de la Conférence épiscopale japonais, a déclaré à l’assistance venue nombreuse : “Les échanges entre nos deux nations se sont intensifiés. Il est donc important que les Eglises catholiques de Corée et du Japon échangent elles aussi.” Interviewé un peu plus tard, Mgr Nomura a rappelé qu’aujourd’hui, au Japon, de nombreux Japonais se passionnaient pour les séries dramatiques produites par la télévision coréenne et reprises par la télévision japonaise. Beaucoup s’essaient à la langue et à la culture coréenne – ce qu’on appelle au Japon “la vague coréenne”. “J’espère que ce ne sera pas qu’un phénomène de mode et, qu’allant en s’approfondissant, la connaissance réciproque fera de nous de bons voisins.” La prochaine rencontre est prévue en novembre 2005, au Japon.