Eglises d'Asie

Jharkhand : la police se déchaîne contre des enseignants en majorité chrétiens exigeant d’obtenir leurs traitements non payés

Publié le 18/03/2010




Les chrétiens de l’Etat du Jharkhand ont été choqués par la violence avec laquelle les forces de police ont repoussé une manifestation d’enseignants réclamant des traitements qui ne leur avaient pas été payés depuis le mois de février de cette année. Les 80 000 manifestants qui, le 23 novembre dernier, ont marché vers la résidence du ministre-président de l’Etat. Tous travaillaient dans des écoles tenues par des organisations religieuses minoritaires et 90 % d’entre eux étaient chrétiens. Lorsque la manifestation est parvenue à la résidence, les officiers de police ont essayé de persuader les meneurs de disperser les protestataires. Ces derniers ayant refusé, les forces de l’ordre après avoir lancé un avertissement par hauts parleurs ont utilisé des grenades lacrymogènes, des canons à eau pour les disperser. Puis, les agents de police ont commencé à frapper à coups de pieds et à coups de matraques, les manifestants accroupis sur le sol, parmi lesquels de nombreux prêtres catholiques et des religieuses.

Cette contre-attaque des forces de l’ordre a fait des blessés, parmi lesquels se trouvait le P. Maximus Toppo, neveu du cardinal Teleforo Toppo, qui a essayé de résister aux policiers. Des religieuses qui ont essayé de se porter à son secours ont été elles-mêmes frappées. Le P. Toppo a raconté ensuite qu’il s’était engagé dans la bataille contre la police, indigné du traitement violent que celle-ci faisait subir aux enseignantes de la manifestation. Selon un des prêtres catholiques engagé dans la manifestation, les forces de l’ordre ont eu recours à la force au-delà de ce qui était nécessaire. Des prêtres et des religieuses ont été touchés aux bras et aux jambes et une enseignante a même dû être admise à l’hôpital. En dépit des efforts des policiers pour les déloger, la plupart des manifestants ont cependant continué à rester accroupis sur place. Finalement, les policiers les ont arrêtés et transportés dans un stade local qui a servi de prison temporaire. Les enseignants ont continué à y scander des slogans anti-gouvernementaux. Le gouvernement de l’Etat est entre les mains du parti nationaliste hindou, le Bharatiya Janata Party (Parti du peuple indien, BJP).

Tout le monde a été surpris par ce déchaînement de violence dirigé contre des maîtres et maîtresses d’école, une profession considérée comme sacrée par la population hindoue. Une religieuse, directrice d’une école de Ranchi, qui se trouvait aux premiers rangs de la manifestation et souffre encore des coups reçus, a, ensuite, fait part de son étonnement : “Je n’aurais jamais pensé que les policiers puissent devenir aussi cruels et frapper ainsi des prêtres, des religieuses et des enseignantes.” Le cardinal Toppo a ainsi exprimé son insatisfaction et son inquiétude à propos de cet événement : “Ceci est de trop. C’est un mauvais coup pour le gouvernement de l’Etat.” Selon le prélat, qui est aussi président de la Conférence épiscopale, le Jharkhand est le premier Etat de l’Inde où la police attaque ainsi des prêtres, des religieuses et des enseignantes.

A l’issue de la manifestation, les principaux responsables ont exposé à la presse la signification de cet événement. La sour Soshan Barn, secrétaire générale d’une organisation d’enseignants a souligné que les enseignants étaient venus manifester à Ranchi de toutes les parties de l’Etat. Selon elle ils ne reviendraient pas chez eux avant d’avoir obtenu satisfaction : “Sans salaire, a-t-elle fait remarquer, comment pourraient-ils survivre ! Comment enseigner le ventre vide !” Le P. Ernest Kerketta, secrétaire de l’Association des écoles des minorités chrétiennes du Jharkhand, a condamné l’attitude de la police. Il a déclaré que l’Eglise pour le moment attendait de voir quels développements seraient donnés à cette affaire, avant de faire ce qui est en son pouvoir pour aider les enseignants des écoles des minorités religieuses.