Eglises d'Asie

La police continue de harceler la communauté mennonite de Hô Chi Minh-Ville, en particulier l’épouse du pasteur Nguyên Hông Quang

Publié le 18/03/2010




Une cassette audio secrètement enregistrée et parvenue au Centre pour la liberté de la religion, une section de l’organisation de défense des droits de l’homme Freedom House, qui a son siège à Washington (1), confirme que la communauté mennonite du Vietnam continue à subir intimidations et menaces de la part du gouvernement. La personne principalement touchée est Lê Thi Phu Dung, l’épouse du pasteur Nguyên Hông Quang, actuellement en prison. C’est elle qui a assumé la responsabilité de direction de l’Eglise domestique mennonite de Hô Chi Minh-Ville après l’arrestation de son époux le 8 juin 2004.

Dès avant le procès du pasteur Quang, le 12 novembre dernier (2), les intimidations, les interventions policières, les menaces d’arrestation se sont multipliées pour prendre toute leur ampleur le 21 novembre dernier, lorsque quarante agents de la Sécurité ont fait irruption dans l’église domestique, la demeure du pasteur Quang, et ont cité à comparaître devant la police les personnes présentes. Le 10 novembre, a eu lieu ce que le rapport de Freedom House décrit comme “une séance d’humiliation” et que les autorités ont qualifié d’“évaluation communautaire” : seize personnes qui se sont présentées comme des “témoins de la communauté en réalité envoyées par les autorités, sont venues prononcer des harangues publiques contre Mme Quang et sa famille, les traitant de fauteurs de troubles, de perturbateurs de l’ordre public. Ils ont ordonné aux fidèles mennonites de mettre un terme à leur participation au culte célébré dans la maison du pasteur Quang, alors que le pasteur et sa femme allaient purger six ans de prison (3). De même, les “témoins de la communauté” faisaient obligation à la communauté d’effacer la croix peinte sur la maison tandis que les étudiants pensionnaires de la maison recevaient l’ordre de quitter les lieux.

Ce jour-là, Mme Quang n’était pas présente, occupée à préparer la défense de son mari en prévision du procès qui allait se dérouler deux jours plus tard, le 12 novembre (4). Cependant, le 10 et le 13 novembre, veille et lendemain du procès, elle reçut la visite des “témoins de la communauté” venus lui réitérer l’ordre de mettre un terme au culte domestique, un culte interdit. En cas de refus, elle et ses enfants seraient expulsés de sa maison. Pour répondre à une question posée par Mme Quang à cette occasion, demandant s’il existait une loi contre le culte privé, une lettre lui a été envoyée par les services juridiques locaux. Celle-ci précisait que l’Etat garantit en permanence la liberté de religion et la foi des citoyens. Mais celles-ci doivent être conformes à la loi. Or les articles 7 et 19 du décret n° 26 sur la religion (5) stipulent que les activités religieuses doivent avoir lieu dans un lieu de culte approuvé par l’Etat et être présidées par des ecclésiastiques en ayant reçu l’autorisation, articles qui mettent hors-la-loi les Eglises domestiques.

La communauté mennonite ayant défié les autorités en organisant une célébration dominicale, le 14 novembre, plusieurs dizaines de policiers sont, de nouveau intervenus et s’en sont pris cette fois-ci aux étudiants pensionnaires de la maison. Ils ont menacé de les arrêter et accusé Mme Quang de les héberger illégalement. Le dimanche suivant le 21 novembre, c’est pendant l’office que quarante agents de police ont fait irruption et distribué aux participants des citations à comparaître.