Eglises d'Asie – Indonésie
Le président de la République demande à son gouvernement d’enquêter sur les cas de discrimination religieuse existant à travers le pays
Publié le 18/03/2010
En octobre dernier (1), l’école catholique de Sang Timur, située à une quarantaine de kilomètres à l’ouest de Djakarta, avait été empêchée de fonctionner durant plusieurs semaines après que des militants islamistes eurent érigé un mur devant ses portes ; il était reproché à l’école d’abriter dans ses locaux les célébrations eucharistiques de la paroisse catholique locale et d’outrepasser ainsi sa seule mission éducative. Les responsables de la paroisse mettaient eux en avant le fait que les autorités locales n’avaient jamais délivré de permis de construire pour édifier une église paroissiale et que la communauté catholique locale utilisait les locaux de l’école faute de mieux.
A la base du refus des autorités civiles locales de délivrer un permis de construire, se trouve un décret ministériel de 1969, édicté conjointement par le ministère des Affaires religieuses et le ministère de l’Intérieur. Selon ce décret, tout projet de construction de lieu de culte, que ce soit une mosquée, un temple ou une église, doit, avant de recevoir l’assentiment des autorités administratives locales, être approuvé par le voisinage concerné. Concrètement et au-delà du cas de l’école de Sang Timur, dans un pays musulman à plus de 85 %, les minorités religieuses se plaignent du fait qu’il est quasi impossible pour elles de construire un lieu de culte ; le plus souvent, les musulmans refusent de voir bâtir dans leur environnement immédiat autre chose qu’une mosquée. Pareillement, il est arrivé que, dans des régions à majorité non musulmane du pays, ce soit les musulmans qui se voient dans l’impossibilité d’édifier une mosquée.
Selon Nathan Setiabudi, le président s’est montré très sensible à la situation d’injustice créée par le décret de 1969. SBY a aussi affiché sa volonté de parvenir à une stabilisation des régions du pays déchirées, ces dernières années, par des conflits à connotation religieuse. Le président a mentionné la province de Célèbes-Centre, les Moluques et la Papouasie, et a déclaré avoir donné des « instructions spéciales » pour que les forces de sécurité se montrent capables, notamment par la collecte du renseignement, de prévenir les actions visant à enclencher le cycle de la violence.
Dans certains cercles musulmans, l’annonce d’une possible refonte du décret de 1969 n’est pas passée inaperçue. A l’issue d’une entrevue avec le vice-président Jusuf Kalla, Din Syamsuddin, secrétaire général du Conseil des oulémas indonésiens (MUI), a déclaré que le gouvernement ne devait pas toucher à ce décret au prétexte de donner de l’islam indonésien une image d’islam modéré. Din Syamsuddin, qui, outre ses fonctions au MUI, est un des responsables de la Muhammadiyah, a précisé que le décret de 1969 n’était pas un texte discriminatoire à l’endroit des fidèles des religions minoritaires. « Ce dont nous avons besoin, c’est d’une législation pour éliminer les conflits potentiels entre les personnes de croyances différentes, particulièrement pour ce qui a trait à la construction de lieux de culte et à la dissémination des enseignements religieux a-t-il déclaré.