Eglises d'Asie

Les journalistes manifestent pour protester contre l’assassinat de douze d’entre eux depuis le début de l’année

Publié le 18/03/2010




Le 17 novembre dernier, dans différentes grandes villes du pays, les journalistes sont descendus dans la rue pour protester contre les assassinats qui se multiplient contre eux depuis le début de cette année et pour dénoncer l’inaction ou le caractère inapproprié des réactions du gouvernement à cette situation. Les manifestants ont souligné qu’avec onze journalistes tués depuis le 1er janvier 2004, les Philippines étaient le pays le plus dangereux au monde, après l’Irak, pour les journalistes.

A un forum organisé le 4 novembre par le “Philippine Church Communicators’ Network Inday Varona, présidente du Syndicat national des journalistes des Philippines, a souligné que des journalistes étaient tués ou étaient menacés par ceux dont ils dénoncent les agissements, que ce soient des fonctionnaires, des guérilleros ou des malfrats. “La réaction du gouvernement à ces assassinats en série a été au mieux erratique a-t-elle déclaré.

Lors du même forum, John Rubiato, responsable d’un réseau de six radios à Mindanao, dans le sud du pays, a rappelé que le phénomène n’était pas nouveau (1), son entreprise, Bombo Radyo, ayant eu six de ses animateurs et journalistes tués depuis les années 1980. Il a également souligné que la multiplication des actes meurtriers dirigés contre des journalistes cette année “renforçait l’opinion générale selon laquelle travailler pour un média d’information est aussi dangereux que s’engager dans l’armée pour être envoyé sur le champ de bataille”. Pour le P. Amado Picardal, qui a présidé la prière clôturant le forum, ces assassinats sont la confirmation qu’“une culture de la mort sévit dans le pays”.

Quelques jours après les manifestations du 17 novembre, un nouvel assassinat a porté à douze le nombre des journalistes tués dans le pays depuis le début de l’année. Le 27 novembre en effet, Allan Dizon, photoreporter, a été tué par balles dans la ville de Cebu. Son assassinat n’a pas été revendiqué et, selon des collègues du journaliste, Allan Dizon était nerveux et préoccupé par des problèmes financiers. Cité par le quotidien Inquirer, le directeur du quotidien The Freeman et du tabloïd Banat News a expliqué qu’Allan Dizon, employé depuis moins d’un an, avait récemment publié un reportage sur le trafic de drogue dans un quartier de Cebu. Mais le jeune journaliste n’aurait pas reçu de menaces. Son épouse, Amelina Dizon, a également affirmé qu’à sa connaissance, son mari n’avait pas été menacé.