Eglises d'Asie

Une nouvelle fois, les responsables religieux appuient un projet de loi sur l’abolition de la peine de mort

Publié le 18/03/2010




Le 22 novembre dernier, dans une salle de conférence de l’Assemblée nationale, l’Union des religions pour l’abolition de la peine de mort, une structure réunissant des responsables du bouddhisme, du catholicisme, du protestantisme, du confucianisme, du bouddhisme Won, du Chondo-gyo ainsi que du chamanisme, ont appelé à l’abolition de la peine de mort. Parallèlement, ce même 22 novembre, un groupe de parlementaires emmené par le député Yoo In-tae, du parti Uri, majoritaire à la Chambre, déposait un projet de loi abolitionniste prônant le remplacement de la peine capitale par la perpétuité assortie d’une peine de prison incompressible. Le lendemain, des députés proches de Yoo In-tae ont déclaré que 152 parlementaires – sur une Chambre qui compte 299 membres – s’étaient déclarés favorables au projet de loi, un chiffre qui, selon eux, donne de bonnes chances de voir voté le projet de loi.

Pour le P. Paul Lee Chang-young, sous-secrétaire de la Conférence des évêques catholiques de Corée, la possibilité de voir la peine de mort effectivement abolie en Corée du Sud est aujourd’hui plus forte que jamais. Depuis cinq ans que l’Eglise catholique de Corée pousse à l’abolition de la peine capitale et s’est engagée très à fond dans la pastorale auprès des familles des condamnés à mort, jamais autant de députés au sein de la Commission des lois et de la justice de l’Assemblée nationale ne se sont montrés aussi sensibles aux arguments des abolitionnistes, a souligné le prêtre, qui tempère toutefois l’enthousiasme des partisans de l’abolition en rappelant qu’en 2001, un projet de loi semblable avait reçu le soutien de 155 parlementaires, mais avait été bloqué lors de son étude devant la Commission des lois (1).

Le 22 novembre, près de 400 personnes ont pris part à la conférence interreligieuse tenue dans les locaux de l’Assemblée nationale. Parmi eux se trouvaient Mgr Boniface Choi Ki-san, évêque d’Inchon et président du Comité ‘Justice et paix’ de la Conférence épiscopale, ainsi que le pasteur Paik Do-woong, secrétaire général du Conseil national des Eglises (protestantes) de Corée. Des personnalités politiques telles qu’Isidore Lee Bu-young, président du parti Uri, y ont également pris part. Venus de l’étranger, du Japon et des Etats-Unis, des militants de l’abolition de la peine de mort avaient aussi été invités à témoigner.

Pour Mgr Boniface Choi, le combat pour l’abolition s’inscrit dans un débat plus vaste. L’Eglise catholique en Corée, a-t-il rappelé, souhaite que la vie dans son ensemble soit respectée par la société (2). “Personne ne peut s’approprier la vie que Dieu nous a donnée, et, s’agissant des criminels, nous devons leur donner une chance de se repentir a-t-il déclaré, soulignant que l’Eglise combat non seulement la peine de mort, mais aussi les recherches sur le clonage humain ou l’avortement. Le Rev. Park est allé dans le même sens, affirmant qu’“aujourd’hui, dans un âge de guerre et de violence, le sujet principal est la vie”.

Selon la presse coréenne, au moins 900 personnes ont été exécutées depuis la fondation de la République de Corée, en 1948. Entre 1987 et 1997, dix exécutions capitales ont eu lieu dans le pays. Depuis 1998, date du début de la présidence de Kim Dae-jung – qui fut jadis lui-même condamné à mort pour son opposition au régime militaire -, toutes les exécutions ont été suspendues. A ce jour, 58 condamnés à mort sont détenus dans les prisons sud-coréennes. La pendaison est le mode officiel d’exécution.