Eglises d'Asie

Les prêtres qui avaient entrepris une grève de la faim pour réclamer l’abolition de la Loi sur la Sécurité nationale ont mis fin à leur jeûne volontaire, mais entendent bien continuer leur combat

Publié le 18/03/2010




Le 1er décembre dernier, les neufs prêtres, qui avaient entamé une grève de la faim quatorze jours plus tôt pour réclamer l’abolition de la Loi sur la Sécurité nationale, ont recommencé à s’alimenter normalement (1). A cette occasion, l’Association des prêtres catholiques pour la justice (CPAJ) a célébré une messe dans la cathédrale Myongdong, à Séoul. Le secrétaire national de la CPAJ, le P. Joseph Kim Young-sit, présidait cette messe, entouré d’une vingtaine de prêtres et d’une centaine de laïcs et de religieuses. Il y a cinquante-six ans, la Loi sur la Sécurité nationale avait été promulguée un 1er décembre, en 1948.

Dans une déclaration faite à l’issue de la messe, les prêtres ont rappelé leur opposition déterminée à la Loi sur la Sécurité nationale, texte qui, selon eux, n’a fait que favoriser un système de gouvernement “à base d’administration et de contrôle omniprésents”. “Avec cette loi, le développement de la démocratie a stagné et la situation nationale actuelle est toujours aussi difficile, en dépit d’une réussite économique remarquable ont-ils déclaré. A l’occasion de la première semaine de l’Avent, les neuf prêtres ont demandé aux catholiques de proclamer au monde que “Jésus Christ, Seigneur de Paix » n’était pas né dans une citadelle assiégée protégée par une Loi sur la Sécurité nationale. Ce texte, ont-ils ajouté, ne produit que de la haine et de la division entre les Coréens et reste attaché obstinément à un système dépassé qui ne peut que porter tort à la nation.

Selon le P. Kim Young-sit, la Loi sur la Sécurité nationale est mauvaise car elle “coupe en deux le peuple coréen et fait des Coréens du Nord des ennemis”. “En tant que chrétiens, il nous faut suivre la volonté divine et dire ‘non’ à la loi.L’essence du christianisme est la charité et la réconciliation. Cette loi nous pousse à haïr les Coréens du Nord. Bien plus, elle divise les Sud-Coréens en deux camps, ‘les progressistes et les conservateurs’ a-t-il commenté.

Pour le P. Francis Xavier Na Seong-goo, un des neufs prêtres du CPAJ grévistes de la faim, ce qui est jeu, ce n’est pas seulement l’abolition de la loi controversée, c’est aussi “le changement d’un certain mode de vie”. Cet aumônier de la Fédération des étudiants catholiques de Séoul a précisé sa pensée : “En tant que chrétiens, nous avons à vivre dans l’amitié et le service. Or, le maintien de cette loi nous oblige à lutter sans cesse, nous empêchant ainsi d’assumer nos devoirs de chrétiens.”

Par ailleurs, le P. Francis Na s’en est pris aux médias, leur reprochant leur “toute puissance” et la publication de “fausses informations” pour faire croire aux gens que la loi sur la sécurité est indispensable. Il a fait remarquer, qu’à l’occasion de la première grève de la faim menée par des prêtres de la CPAJ pour l’abolition de cette loi, en 1999, ils étaient soutenus par 70 % des Sud-Coréens ; aujourd’hui, d’après un récent sondage, ce pourcentage est descendu à 49 %. “Je pense que les médias se moquent de nous a-t-il affirmé. Même si les prêtres ont cessé leur jeûne, a-t-il dit, “nous continuerons nos efforts pour faire abroger cette loi, en solidarité avec les ONG et d’autres groupes catholiques”.

Un des responsables de ces ONG a indiqué que c’était pour rejoindre l’initiative “Solidarité populaire pour l’abolition de la Loi sur la Sécurité nationale” que les prêtres avaient cessé leur grève de la faim. Une campagne à l’échelon national s’est en effet déroulée, du 1er au 9 décembre, jour de clôture de la session parlementaire à l’Assemblée nationale. Un temps fort en fut la manifestation organisée le 5 décembre devant l’Assemblée. Trente-trois instances catholiques de défense des droits de l’homme, dont huit Comités diocésains ‘Justice et paix’, font partie de “Solidarité populaire”. Au même moment, la branche coréenne International publiait une déclaration qui demandait l’abolition de la Loi sur la Sécurité nationale, affirmant que le texte était contraire aux droits de l’homme et que son abrogation ne pouvait qu’améliorer leur respect.