Eglises d'Asie

Selon le chef d’état-major des armées, c’est la guérilla communiste et non le terrorisme islamique qui constitue la principale menace dans le pays

Publié le 18/03/2010




Dans un pays considéré comme un très proche allié des Etats-Unis et ouvertement présent aux côtés de Washington dans “la guerre au terrorisme” déclarée après les attentats du 11 septembre 2001, le chef d’état-major des armées, le général Efren Abu, a affirmé que son gouvernement considérait la guérilla communiste, active aux Philippines depuis 1969, comme la plus importante source de difficultés. A Manille, le 6 décembre dernier, devant les correspondants de la presse étrangère, le général Efren Abu a déclaré que, “pour l’heure, notre priorité est la sécurité intérieure. L’Armée du peuple nouveau (NPA) est au centre de nos préoccupations, pas la Jemaah Islamiah ».

Selon le général, la menace que représente la Jemaah Islamiah, ce réseau d’extrémistes islamiques qui a revendiqué les attentats de Bali, en octobre 2002, et de l’hôtel Marriott à Djakarta, en août 2003, en Indonésie, n’est pas aussi forte ou réelle qu’elle a pu l’être. “Nos services de renseignement ont progressé. Nous pensons que [les militants de la Jemaah Islamiah et ceux de leurs associés locaux, le groupe Abu Sayyaf] sont en fuite a déclaré le général.

A propos de la NPA, le chef d’état-major a précisé que les services gouvernementaux philippins estimaient que la guérilla communiste, une des plus anciennes encore en activité au monde, comptait 8 600 hommes en armes (1). A la fin des années 1990, l’effectif de la guérilla était estimé à 7 000 hommes. “Ils sont partout dans le pays et se montrent très actifs sur le terrain de la propagande, a dit le responsable militaire. Ils instillent un climat de peur et font fuir les touristes aussi bien que les investisseurs. Notre pays ne progressera pas tant qu’ils seront là.”

En dépit des liens entretenus avec les Etats-Unis, les Philippines sont soupçonnées par différents services de renseignement occidentaux d’être le maillon faible de la lutte contre le terrorisme islamique dans le Sud-Est asiatique. Le sud philippin, la région de Mindanao, où la présence musulmane est forte, est considéré comme une base arrière de repli et d’entraînement pour les militants de la Jemaah Islamiah et ce qui reste de la mouvance Abu Sayyaf. Cependant, du fait des pourparlers de paix engagés entre Manille et les dirigeants du Front moro de libération islamique (MILF), le dernier grand mouvement séparatiste musulman à ne pas avoir signé d’accord avec le gouvernement philippin (2), l’armée philippine ne peut poursuivre les hommes soupçonnés d’appartenir à Abu Sayyaf qui ont trouvé refuge dans les zones contrôlées par le MILF. Les autorités philippines reconnaissent détenir des renseignements indiquant que Khaddafy Janjalani et d’autres membres Sayyaf se cachent dans ou à proximité de bastions tenus par le MILF, mais elles indiquent aussi que, du fait de l’accord de cessez-le-feu, conclu en juin 2003 entre elles et le MILF, il est impossible d’intervenir militairement sans obtenir au préalable l’autorisation du MILF.

Par ailleurs, le 12 décembre, l’explosion d’une bombe déposée dans un marché de General Santos, ville portuaire du sud de l’île de Mindanao, a fait quatorze morts et plusieurs dizaines de blessés. Non revendiqué, l’attentat a entraîné la mise en alerte des forces de police et de l’armée. Evoquant dans un premier temps une querelle entre commerçants, les autorités ont refusé d’incriminer tel ou tel groupe. Cet attentat est le premier depuis celui commis en février dernier contre un ferry de passagers, action qui a fait plus de cent morts et qui a longtemps été présentée par les autorités comme un accident avant qu’elles reconnaissent l’implication du groupe Abu Sayyaf. Enfin, en avril 2002, dans cette même ville de General Santos, l’explosion de plusieurs bombes dans un centre commercial avait fait quinze morts et une soixantaine de blessés (3), action qui aurait été le fait de maîtres chanteurs et non du groupe Abu Sayyaf.