Eglises d'Asie

Tamil Nadu : le curé d’une paroisse catholique, dont l’église a été partiellement incendiée par des musulmans, parvient à désamorcer un conflit intercommunautaire

Publié le 18/03/2010




Dans l’Etat du Tamil Nadu, le 3 décembre dernier, les portes de l’église saint François d’Assise, à Mathal, ont été partiellement détruites par un incendie criminel et un engin explosif, déposé à l’intérieur du lieu de culte, a été désamorcé à temps par la police. Mathal est situé dans le diocèse de Kottar, à l’extrême sud de la pointe méridionale de l’Inde, et abrite une population appartenant à différentes religions. Selon le témoignage du curé de la paroisse, le P. Perpetual Antony, l’incident aurait pu aisément dégénérer en un conflit intercommunautaire potentiellement violent si les uns et les autres n’avaient pas fait preuve de bon sens.

Rapidement après la découverte de l’engin explosif, la police a en effet arrêté cinq jeunes musulmans, membres d’une organisation islamique locale, Manithan Nyayem Passaram. Accourus aux nouvelles, les membres de la communauté catholique locale ont alors voulu se venger de l’acte malveillant commis contre leur église. “Il était difficile de contrôler certains des paroissiens a rapporté le prêtre, qui rappelle que la région a connu en 1982 de graves affrontements intercommunautaires, opposant chrétiens et hindous. Réalisant que la situation pouvait mal tourner et profitant du fait que la paroisse fêtait son 75ème anniversaire, le P. Antony a invité des représentants de toutes les organisations musulmanes du village, y compris celle à laquelle appartenaient les suspects aux mains de la police, pour discuter avec les catholiques dans la salle paroissiale. Après plusieurs heures de discussions et de débats, “une déclaration commune” fut signée, les musulmans exprimant leur condamnation de l’attaque menée contre l’église. Dans un village où vivent environ 500 familles chrétiennes, 500 familles hindoues et 400 familles musulmanes, “je dois faire attention a commenté le prêtre catholique. “Nous allons organiser des actions de sensibilisation à l’intérieur de notre communauté ainsi qu’à l’attention des autres communautés pour prévenir d’éventuelles violences intercommunautaires a-t-il ajouté.

Par ailleurs, au niveau fédéral, répondant à un appel des évêques catholiques qui demandent une meilleure protection de la liberté religieuse et des actes concrets pour lutter contre les troubles intercommunautaires, le Parti du Congrès, actuellement au pouvoir en Inde, a déclaré, par sa présidente Sonia Gandhi, qu’il présenterait bientôt un projet de loi au Parlement, visant à contenir les violences interreligieuses. Le projet prévoit le dédommagement des victimes, des enquêtes plus rapides pour trouver les responsables des attaques contre des personnes ou des lieux saints et des peines plus lourdes pour sanctionner les éventuels coupables.