Eglises d'Asie

Un tribunal sud-coréen a inculpé un Sino-Coréen pour l’enlèvement d’un pasteur protestant sud-coréen engagé dans l’aide aux réfugiés nord-coréens en Mandchourie

Publié le 18/03/2010




Selon une dépêche de l’agence Yonhap, le 14 décembre dernier, un tribunal de Séoul a mis en examen un Sino-Coréen pour l’enlèvement d’un pasteur protestant sud-coréen engagé dans l’aide aux réfugiés nord-coréens en Mandchourie. Selon les services du procureur du tribunal du district central de Séoul, le Chinois d’origine coréenne, présenté sous son seul nom de famille, Ryu, âgé de 35 ans, qui a été arrêté le 10 décembre, travaillait pour la Corée du Nord lorsque, avec l’aide d’une dizaine d’agents nord-coréens, il a participé à l’enlèvement du pasteur Kim Dong-shik. L’enlèvement a eu lieu le 16 janvier 2000 dans la ville chinoise de Yanji, située à proximité de la frontière entre la Chine populaire et la Corée du Nord et, depuis cette date, le pasteur sud-coréen n’a pas été revu.

Selon le révérend Douglas Shin, pasteur américain d’origine coréenne, actif dans l’aide aux réfugiés nord-coréens, le pasteur Kim Dong-shik avait aidé des réfugiés à passer en Mongolie en novembre 1999. “Il avait ainsi ouvert une nouvelle filière permettant aux Nord-Coréens de fuir leur pays et la Chine où les autorités les pourchassent. C’est pourquoi ils l’ont kidnappé a déclaré le pasteur coréano-américain. Du fait d’un lobbying intense des milieux qui ouvrent en faveur des réfugiés nord-coréens, le pasteur Kim, qui était par ailleurs détenteur d’un permis de résidence américain, avait été cité dans la “Résolution au sujet des réfugiés nord-coréens” votée par la Chambre des représentants, aux Etats-Unis, en 2002. En 2003, une délégation de parlementaires britanniques en visite à Pyongyang avait soulevé son cas. Toutefois, en dépit de ce soutien international, le révérend Douglas Shin a estimé que le pasteur Kim est sans doute mort à l’heure qu’il est, sa santé étant défaillante en 2000, lors de son enlèvement.

Selon la presse sud-coréenne, l’inculpation du Sino-Coréen Ryu risque de provoquer des remous dans le dialogue que Séoul mène avec Pyongyang. Si la Corée du Sud agit de manière récurrente de façon à ne pas provoquer Pyongyang, la confirmation que la disparition du pasteur Kim est bien due à un enlèvement manigancé par la Corée du Nord ne pourra pas ne pas provoquer des dégâts. Le 15 décembre, Chung Dong-young, ministre de l’Unification dans le gouvernement sud-coréen, devait se rendre en visite à Gaeseong, zone industrielle spéciale située juste au nord de la zone démilitarisée, la frontière séparant les deux Corée.

Depuis plusieurs années, parmi les personnes et les organisations, sud-coréennes principalement mais aussi issues d’autres pays, qui aident les réfugiés nord-coréens à survivre en Chine ou à gagner des pays tiers avant de trouver asile en Corée du Sud, se trouvent de nombreux chrétiens, protestants notamment (1). Outre la disparition du pasteur Kim, on compte au moins un autre cas de disparition d’un membre du clergé : en 1995, le pasteur Ahn Seung-won avait disparu dans des circonstances similaires et à ce jour inexpliquées.