Eglises d'Asie – Corée du sud
Dans le diocèse rural d’Andong, l’évêque souhaite que l’action pastorale de l’Eglise prenne en compte les difficultés du monde paysan
Publié le 18/03/2010
Pour le jeune évêque, âgé de 47 ans, centrer la pastorale du diocèse sur les agriculteurs ne se justifie pas seulement par le fait que le diocèse est majoritairement rural mais tout simplement par le fait que c’est l’avenir lui-même de la population du diocèse qui est en jeu si rien n’est fait pour accompagner les agriculteurs dans la crise qu’ils traversent actuellement. Le nombre de paysans dans le pays, explique-t-il, a chuté, passant de 10 millions en 1983 à 3,5 millions en 2003 et l’exode rural se poursuit. Dans un tel contexte, la pastorale des milieux agricoles doit viser à aider les agriculteurs à jouer un rôle central dans le développement des campagnes. “Ce qui est important, écrit-il, c’est que nous devons nous intéresser non pas seulement à leur foi, mais également à ce qui fait leur vie de tous les jours.” Il suggère ainsi que les visites pastorales à l’occasion des messes du dimanche et les autres cérémonies liturgiques, déjà réduites, n’accaparent pas le travail des prêtres et des agents pastoraux. Ce qu’il faut développer, souligne-t-il, ce sont les visites que les prêtres font sur les lieux de travail ou d’habitation de leurs paroissiens durant les jours de la semaine.
Il ajoute aussi qu’il nommera dans un avenir proche un prêtre pour superviser cette nouvelle pastorale, une recommandation qui lui a été faite à plusieurs reprises par des responsables laïcs et des prêtres, lors de diverses consultations. De manière à mettre en ouvre le plan de la nouvelle pastorale, un comité sera mis sur pied qui coordonnera les efforts et les activités des particuliers et des groupes impliqués dans la pastorale des paysans au sein du diocèse.
Pour Mgr Kwon Hyok-ju, centrer ainsi l’action pastorale du diocèse sur les agriculteurs, c’est se montrer fidèle à l’esprit de l’Evangile et au témoignage concret que Jésus a porté auprès des malades, des pauvres et des marginaux. Face à un monde paysan qui subit de plein fouet les conséquences de l’ouverture du marché intérieur aux importations de produits agricoles, parmi lesquels le riz, il y a urgence, estime l’évêque pour qui le ministère de Jésus est “le ministère des paysans”.
En écho aux propos de l’évêque d’Andong, Pius Cheong Jae-don, président du Mouvement des paysans catholiques coréens, indique que l’agriculture sud-coréenne est condamnée à souffrir du fait de l’ouverture du marché domestique au riz étranger. Une ouverture requise par les accords commerciaux de libre échange que le gouvernement sud-coréen a signés et qui entraînent une réduction des barrières douanières. Concernant le marché du riz, Séoul négocie actuellement les modalités de l’ouverture de son marché mais l’ouverture elle-même ne sera pas remise en cause. Les cours du riz sur le marché mondial sont environ 25 % moins chers que ceux en vigueur en Corée du Sud et, selon le ministère de l’Agriculture et des Forêts, la Corée du Sud produit seulement 27 % de ses besoins alimentaires. Les agriculteurs coréens ne remettent pas en question l’ouverture du marché intérieur aux produits étrangers, sachant que l’autarcie alimentaire du pays est illusoire, mais souhaitent que cette ouverture soit encadrée et ne dépasse pas un certain “seuil de sécurité”.
Le même jour, était rendu public un rapport établi sur la base d’une enquête conduite au sein du diocèse de décembre 2003 à janvier 2004, par le diocèse en association avec l’Institut Woori de théologie, dirigé par des laïcs. Sur les 807 personnes interrogées (705 laïcs, 55 prêtres et 47 religieux), les trois quarts déclaraient être d’accord pour que le diocèse fasse de la pastorale des paysans sa priorité.