Eglises d'Asie

Dans les diocèses catholiques de l’Orissa, les parents de séminaristes devront désormais contribuer financièrement à la formation de leurs fils et futurs prêtres

Publié le 18/03/2010




Les cinq diocèses catholiques qui couvrent le territoire de l’Etat de l’Orissa ont décidé que, désormais, les parents de séminaristes devront contribuer financièrement aux études de leurs fils. Chaque famille devra ainsi apporter 500 roupies (9 euros) par an aux responsables du séminaire où leur fils est formé. Si cette somme est relativement modeste et ne représente qu’un peu plus de 3 % de ce que l’Eglise locale dépense chaque année pour l’entretien et la formation d’un séminariste, l’appel aux familles a été décidé pour faire face à la baisse constatée ces derniers temps des aides venues de l’étranger.

“En contribuant financièrement à la formation sacerdotale de leurs fils, les parents deviennent des partenaires des séminaires a estimé Mgr Raphael Cheenath, archevêque de Cuttack-Bhubaneswar, le 9 décembre dernier. Les parents seront sollicités financièrement dès la rentrée universitaire prochaine, en juillet 2005.

Selon le P. Alfonse Baliarsingh, responsable de la formation des séminaristes pour l’archidiocèse de Cuttack-Bhubaneswar, les évêques des cinq diocèses de l’Etat ont pris cette décision après consultation des recteurs des différents séminaires locaux. C’est pour eux une manière de réagir à la baisse continue des subsides reçus de l’étranger. Le P. Alfonse Baliarsingh précise que la subvention annuelle pour la formation des séminaristes accordée chaque année par la Congrégation pour l’évangélisation des peuples, qui, depuis Rome, aide les Eglises en pays de mission, ne cesse de diminuer – une baisse constatée également ailleurs qu’en Inde (1). Les autres agences de financement et les bienfaiteurs situés en Occident, dont les aides complètent habituellement les subsides de la Congrégation pour l’évangélisation des peuples, ne suffisent pas à combler la différence. Dans ce contexte, explique le P. Alfonse Baliarsingh, qui est aussi vicaire général de l’archidiocèse de Cuttack-Bhubaneswar, l’Eglise en Inde se doit de trouver de nouvelles ressources financières car “il se peut qu’un jour les fonds venus d’Occident pour la formation des séminaristes se tarissent définitivement”.

Au total, les cinq diocèses de l’Orissa comptent environ 400 séminaristes, répartis dans cinq petits séminaires et deux grands séminaires. Selon le P. Bernard Digal, trésorier de l’archidiocèse de Cuttack-Bhubaneswar, le coût annuel d’un séminariste se chiffre à 15 000 roupies par an (270 euros) et il faut dix ans pour former un séminariste. Entré au petit séminaire à l’âge de 15 ans, un futur prêtre étudie l’anglais durant une année puis suit un premier cycle universitaire de base durant deux ans ; ensuite, après une année de spiritualité, il étudie durant trois ans la philosophie, tout en suivant les cours d’une université profane (premier cycle universitaire) ; enfin, après quatre année de théologie, il est ordonné diacre et ce n’est qu’à l’issue d’une année de diaconat qu’il est ordonné prêtre. Soit un cursus de dix ans au minimum.

Interrogés par l’agence Ucanews, des parents de séminaristes disent comprendre la décision de l’Eglise et l’approuvent. Le père d’un séminariste en troisième année de théologie affirme que ce que l’Eglise lui demande désormais n’est “rien” en comparaison du coût total de la formation d’un futur prêtre. Pour Kumud Chand Nayak, étudiant en quatrième année de théologie, lui et ses parents ne voient rien à redire à la décision du diocèse car ce que sa famille aurait dû dépenser s’il avait choisi de suivre des études profanes serait bien supérieur à la contribution demandée par l’Eglise. Dakhi Ranjit, élève au petit séminaire, s’interroge sur le fait de savoir si tous les parents pourront payer et surtout si tous comprendront la nécessité de cette contribution, qui ne leur sera pas directement bénéfique ; il estime toutefois que les parents “comprendront peu à peu son importance”.

Selon le P. Tony Raj, recteur du petit séminaire régional Saint Paul, il est évident que les diocèses demanderont au fil des années des sommes plus importantes aux parents. Aux Philippines et dans d’autres pays de la région, c’est ce qui se passe, souligne-t-il, et, en Inde, les diocèses de rites orientaux (syro-malabar et syro-malankara) font de même.