Eglises d'Asie

Jharkhand : condamné à trois ans d’emprisonnement ferme, un prêtre catholique est décidé à faire appel et son évêque dénonce la “partialité” des juges

Publié le 18/03/2010




Le 13 décembre dernier, un tribunal du district de Dumka, dans l’Etat de Jharkhand, a condamné le P. Swaminathan Christudas à trois ans de prison ferme. Le prêtre catholique, qui était accusé de sévices sexuels sur la personne d’un élève de l’école dont il avait la responsabilité, comparaissait libre, sous caution, devant ses juges qui lui ont donné un mois pour faire éventuellement appel devant une juridiction supérieure. L’évêque du P. Swaminathan Christudas, Mgr Julius Marandi, du diocèse de Dumka, a qualifié le verdict de “partial estimant que les juges n’avaient pas voulu prendre en compte “différents facteurs” plaidant en faveur du prêtre. Il a annoncé qu’il serait fait appel du jugement, lui et son prêtre ayant “toute confiance dans le système judiciaire indien”.

L’affaire remonte au 2 septembre 1997, lorsque le P. Swaminathan Christudas fut assailli par une foule déchaînée, frappé, déshabillé et promené nu sur plusieurs kilomètres dans les rues de Dumka – un châtiment qui n’est pas rare dans les régions de l’Inde du nord lorsque des membres des hautes castes veulent “punir” un membre des basses castes, une femme bien souvent, d’avoir “désobéi aux ordres”. La police se contenta d’observer la scène sans réagir, avant d’interpeller plus tard le prêtre. A l’époque vice-principal d’une école catholique, le P. Swaminathan Christudas se vit accuser de sodomie sur la personne d’un élève. Dès le début de l’affaire (1), les responsables du diocèse puis ceux de l’Eglise catholique en Inde ont dénoncé “un coup monté l’accusation étant “fabriquée de toutes pièces” par des personnes aux intérêts “masqués” rendues furieuses par le renvoi de l’école de certains élèves turbulents et par le travail de promotion sociale et humaine accompli dans la région par l’Eglise auprès des populations autochtones, les Santal notamment.

Sept ans après les faits, l’annonce du verdict n’a pas soulevé de réactions dans la ville de Dumka. Selon le res-ponsable local de la police, “tout est normal ici, mais, bien entendu, nous restons attentifs à tout ce qui pourrait survenir”. Des proches du P. Swaminathan Christudas, familiers du dossier, ont déclaré ne pas être surpris du verdict, étant donné que le système judiciaire donne plus de poids, en matière de scandale sexuel, à la parole de la victime qu’à celle de l’accusé. Bien qu’aucune preuve n’ait été fournie par l’accusation quant à la réalité des faits, c’est le témoignage de l’élève qui a emporté la conviction des juges.