Eglises d'Asie

Le soutien apporté par le diocèse de Kaohsiung à deux candidats aux dernières élections législatives a été diversement apprécié

Publié le 18/03/2010




Lors de la campagne électorale pour les élections législatives du 11 décembre dernier, le diocèse de Kaohsiung, situé dans le sud du pays, a apporté son soutien à deux candidats à la députation, tous deux catholiques et tous deux membres du parti nationaliste, le Kuomintang. L’un, Li Fu-hsing, a été élu, l’autre, Chiang Chi-wen, a été battue. Au sein du diocèse, certains catholiques ont peu apprécié ce soutien explicite de l’Eglise en faveur de tel ou tel candidat mais, globalement, la plupart des paroisses ont accueilli les deux candidats lors de leur campagne et les ont soutenus.

Li Fu-hsing, âgé de 58 ans et conseiller municipal de la ville de Kaohsiung, depuis quinze ans, a été élu en ayant réuni plus de 40 000 suffrages sur son nom. Après l’élection du 11 décembre, il a déclaré qu’étant un des rares élus catholiques, il serait la voix de l’Eglise au Parlement. Il s’est dit intéressé à promouvoir des relations pacifiques entre Taiwan et la Chine et opposé à ce qu’il considère comme des achats imprudents d’armes. Selon lui, la priorité devrait être accordée au bien-être de ses concitoyens.

Chiang Chi-wen, âgée de 55 ans, se présentait elle à sa propre succession. Elle a été battue, son parti, le Kuomintang, ayant appelé à voter pour un autre candidat, nationaliste lui aussi. “J’ai été battue pour deux raisons, a-t-elle expliqué le 15 décembre. Parce que je veux défendre les valeurs chrétiennes, je me suis refusée à attaquer mes adversaires et je n’ai pas voulu acheter les suffrages des électeurs.”

En octobre dernier, pour soutenir la campagne électorale des deux candidats catholiques, le diocèse de Kaohsiung avait mis en place une “Association catholique de soutien aux élections”. Elle avait pour tâche de sensibiliser les catholiques du diocèse aux enjeux de l’élection. Plus spécifiquement, elle a secondé les candidats dans leurs campagnes respectives en leur offrant un soutien logistique. Le cardinal Paul Shan Kuo-hsi, archevêque de Kaohsiung, n’avait pas hésité à venir en personne bénir les locaux électoraux des deux candidats. Pour Cheng Chao-yang, président de l’Association, l’échec de Chiang Chi-wen est une “déception” car “nous espérions qu’ensemble, les deux députés pourraient défendre les valeurs de l’Eglise à la Chambre”.

L’engagement du diocèse en faveur des deux candidats n’a pas été apprécié par tous les catholiques du diocèse. Selon Cheng Chao-yang, certains paroissiens ont dénoncé le “mélange des genres, entre politique et religion” et certains curés ont interdit l’accès de leur paroisse aux deux candidats. Pour Cheng Chao-yang, le soutien du diocèse ne se voulait pourtant pas partisan – en faveur du Kuomintang – mais avait été pensé uniquement comme une manière d’insuffler un esprit chrétien à la vie politique nationale.

Selon Tsia Hsin-te, catholique et professeur à l’université de médecine de Kaohsiung, le soutien apporté par le diocèse aux deux candidats s’est finalement avéré “peu efficace car la société a considérablement changé”. Notant que quantité de “nouvelles têtes jeunes, diplômées et défendant avec force leurs convictions politiques, ont été élues, cet observateur note que “les Taiwanais font preuve d’une maturité politique croissante et d’un espoir de plus en plus solide dans la démocratie et le progrès”. Les candidats qui ont eu la faveur des électeurs sont ceux qui avaient des programmes clairs et défendaient des positions politiques fermes. Et Tsai Hsin-te d’ajouter : “Un fort parfum de religion ne suffit sans doute plus à attirer les électeurs.” Dans le passé, beaucoup de candidats avaient l’habitude de se faire soutenir par des organisations bouddhistes ou taoïstes.

Lors des élections du 11 décembre, s’opposaient le camp de l’actuel président, “le camp des verts”, coalition de partis favorables à une indépendance accrue vis-à-vis de la Chine, emmenée par le Parti démocratique progressiste (DPP), et “le camp des bleus mené par le Kuomintang, hostile à toute velléité déclarée d’indépendance de Taiwan. En remportant 114 sièges sur 225, “le camp des verts” l’a emporté d’une courte tête. Le président de la République de Chine, Chen Shui-bian, dont le mandat expire en 2008, a reconnu sa défaite en démissionnant de la présidence du DPP.