Eglises d'Asie

Pour leur traditionnel message commun de Noël, les responsables des Eglises catholique et protestantes ont mis l’accent sur la défense des valeurs morales

Publié le 18/03/2010




Comme chaque année (1), les responsables des Eglises catholique et protestantes du pays ont publié un message commun à l’occasion de Noël. Méditant sur un verset du Livre de Jérémie (Jr, 14,22) et le thème de « Dieu, source de l’Espérance du monde les responsables chrétiens ont exhorté les Indonésiens « à lutter pour goûter à une civilisation renouvelée qui respecte les valeurs morales, dans un esprit de repentance et de solidarité ». Préparé dès le mois d’octobre dernier, publié le 11 novembre dernier afin qu’il soit disponible pour l’assemblée annuelle de la Communion des Eglises (protestantes) d’Indonésie, le texte a été lu en chaire au lendemain de Noël, le jour de la fête de la Sainte Famille.

Dans ce message, les responsables chrétiens assurent leurs fidèles que Dieu est avec nous jusqu’à la fin des temps. « Par conséquent, ont-ils écrit plusieurs semaines avant que l’Indonésie et les pays du pourtour de l’océan Indien soient endeuillés, le dimanche 26 décembre, par un tsunami dévastateur (2), gardons une espérance vivante aussi bien dans les joies que dans les épreuves de la vie ».

Signé, pour les catholiques par le cardinal Julius Darmaatmadja, archevêque de Djakarta et président de la Conférence épiscopale, pour les protestants, par le pasteur Natan Setiabudi, président de la Com-munion des Eglises d’Indonésie, le message exhorte les chrétiens « à respecter la dignité des autres citoyens et à refuser de suivre les chemins de la violence et de la discrimination ». Concrètement, les disciples du Christ en Indonésie sont invités « à rejeter avec détermination une attitude consumériste, faite d’exploitation de l’autre et de la nature, à soutenir tous les efforts visant à faire appliquer la loi et préserver l’environnement, dans le but de créer une société juste et prospère, exempte de corrup-tion, de collusion et de favoritisme ». Le message parle également de notre époque comme d’une épo-que façonnée par l’audiovisuel : « Notre temps a donné naissance à une nouvelle civilisation. Celle-ci a un impact heureux sur la vie humaine mais elle est aussi marquée par une crise des valeurs morales, du fait d’une attitude toujours plus forte faite de matérialisme, de consumérisme et d’hédonisme. »

Dans la société actuelle, déplorent les responsables chrétiens, la soif d’argent et de puissance, la quête d’honneurs et de plaisir sont insatiables. « Cette avidité a anesthésié des personnes et des groupes entiers de notre société, avec pour résultat l’exploitation d’autres Indonésiens et celle des ressources naturelles au profit de quelques-uns sans souci des conséquences soulignent-ils. Ils ajoutent que nombreux sont ceux qui ont placé leurs espoirs dans le nouveau gouvernement et sur son président nouvellement élu, Susilo Bambang Yudhoyono. « Cependant, disent-ils encore, nous savons que les améliorations ne viendront pas du seul gouvernement, ni même des Cieux. » Si des changements positifs doivent se produire, cela ne pourra se faire que si les chrétiens persévèrent à travailler dur et à faire des sacrifices.

En écho au message ocuménique, l’évêque de Manado, à Célèbes, a rendu publique une Lettre pastorale à l’occasion de l’Avent. Dans une région durement éprouvée par les conflits intercommunautaires, entre musulmans et chrétiens, et travaillé par des forces de déstabilisation (3), Mgr Josephus Suwatan a demandé aux catholiques de résister à la dégradation morale et à la corruption. « Voici le temps, écrit-il, non de montrer les autres du doigt, mais de commencer par soi-même, pour se repentir, pour demander pardon à Dieu, pour restaurer sa vie morale et faire l’expérience d’une vie religieuse authentique.»

La lettre pastorale diocésaine a été lue en chaire le dimanche 5 décembre dans les quarante-cinq paroisses situées dans les provinces de Célèbes-Centre, Gorontalo et Célèbes-Nord. « A travers notre repentir, nous pouvons réaliser notre espoir de voir observés les droits de l’homme et la fraternité, et voir aussi la fin de la violence et de la vengeance a écrit l’évêque catholique, qui a par ailleurs tenu des propos très fermes devant un journaliste de l’agence Ucanews venu l’interroger. « Pour s’appro-prier des biens ou une position, les gens sont prêts à nier la dignité humaine de leurs semblables. Les Indonésiens sont incapables de pratiquer la justice et d’obéir à la loi. La corruption s’étend dans le pays comme un feu de forêt. Le gouvernement dilapide l’argent du peuple a-t-il affirmé.