Eglises d'Asie – Inde
Goa : assailli de critiques, le gouvernement de l’Etat a retiré un film éducatif présentant sous un jour biaisé l’histoire du territoire
Publié le 18/03/2010
Dans un Etat où les catholiques représentent près d’un tiers de la population, l’Eglise catholique a vivement réagi. Selon le P. Tony Salema, directeur diocésain de l’enseignement catholique, aucune des quelque cinquante écoles gérées par l’Eglise n’a accepté de montrer le film à ses élèves. Celles qui avaient commencé à le faire ont très vite arrêté quand leurs responsables “ont vu le sang, la vulgarité et la violence” mis en scène dans ce film.
Le documentaire, intitulé Goa Ka Swadhinata Sangram (‘Le combat pour la liberté de Goa’), a été distribué aux écoles sur DVD et retrace les derniers siècles de l’histoire de Goa, colonie du Portugal de 1510 au 19 décembre 1961, date de l’opération militaire indienne qui a abouti au départ des Portugais et à l’intégration dans la Fédération indienne. Long de 68 minutes, il met en scène un grand-père racontant à sa petite-fille l’histoire de Goa sous la domination portugaise. Une vingtaine de minutes sont consacrées à l’Inquisition à Goa au XVIe siècle ; une autre partie d’une vingtaine de minutes elle aussi décrit la prise de Goa par les Portugais ; des scènes montrent des Portugais détruisant des temples, d’autres le baptême forcé d’une femme, d’autres encore des soldats attaquant des hommes et violant des femmes. Le film montre la basilique du Bon Jésus comme le centre de la domination portugaise, d’importantes décisions contre des hindous étant prises devant l’autel.
Outre les responsables de l’enseignement catholique, de nombreuses voix se sont élevées pour dénoncer les approximations et les partis pris exprimés dans le documentaire. Sergio Mascarenhas de Almeida, directeur de Fundacio Oriente, institut culturel portugais local, n’y a vu que l’expression de mythes et de légendes. Des hindous ont eux aussi dénoncé le film comme n’étant fondé sur aucun travail historique sérieux. Pour le P. Delio Mendonsa, directeur du Centre de recherches en histoire, le retrait du documentaire est certes une bonne chose, mais il ajoute qu’il ne pourra se réjouir que lorsque “la société ne se polarisera pas sur des critères communautaristes” (1