Eglises d'Asie – Corée du sud
Menée par un institut de recherche protestant, une étude souligne la nécessité pour l’avenir des Eglises protestantes de toucher les « non-pratiquants »
Publié le 18/03/2010
Dans la préface du rapport, le Rév. Lee Dong-won, directeur du Centre, écrit que l’étude a été conduite dans le dessein de mieux cerner l’avenir des Eglises protestantes en Corée. Le Rév. Lee Sung-hee, pasteur de l’église presbytérienne de Youndong, à Séoul, a rédigé l’analyse pastorale de l’étude. Il conclut en écrivant que les Eglises doivent mettre en ouvre une pastorale adaptée à ceux que l’on appelle les « chrétiens nominaux ».
Le Rév. Lee Sung-hee souligne en premier lieu l’écart qui existe entre la pratique religieuse déclarée par les protestants interrogés lors de ce sondage (88,4 % disent participer au culte) et les chiffres dont disposent les responsables des Eglises protestantes (la pratique hebdomadaire se situe autour de 50 %). Il explique cette différence par le fait que des protestants qui ne vont au temple qu’une fois ou deux par an se disent « pratiquants » (2« L’Eglise devrait être un lieu de repos, un abri pour l’âme et un refuge, écrit le pasteur presbytérien. Ne pas participer au culte à cause d’une mauvaise santé ou de son travail relève d’une incompréhension de ce qu’est l’Eglise. Il nous faut enseigner qu’on y vient pour trouver repos et refuge en Jésus Christ. »
Dans son analyse, le Rév. Lee souligne également l’importance du mariage et de la famille telle qu’elle ressort de cette étude. Selon lui, nombreux sont les chrétiens à se rendre à l’église parce que leur épouse ou un autre membre de la famille les y incite. « L’Eglise doit relancer une pastorale familiale qui enseigne l’importance du mariage, réactive le rôle de chacun des membres d’une même famille et fasse une église de chacune de nos familles préconise le pasteur, qui insiste sur la nécessité de coordonner toutes les activités pastorales pour rendre plus efficace le travail missionnaire.
Plus largement et au-delà de la seule communauté protestante, l’étude fait apparaître une hausse générale du sentiment d’appartenance religieuse. Le pourcentage de gens qui disent adhérer à une religion a en effet augmenté durant ces vingt dernières années. De 43,8 % en 1984, il est passé à 52,8 % en 1998 et à 57 % en 2004. Le bouddhisme est le plus populaire, 26,7 % des sondés se déclarant bouddhistes – soit une augmentation de 3,2 points depuis 1998. Protestants et catholiques occupent les deuxième et troisième rangs avec respectivement 21,6 % et 8,2 %, soit pour l’un et l’autre une augmentation d’un peu moins de un point par rapport à 1998 (3).
Selon le P. Francis Oh Kyeng-whan, sociologue et ancien professeur au grand séminaire de l’archidiocèse de Séoul, une des principales raisons de ce retour au bouddhisme relève d’une certaine désaffection vis-à-vis de la culture occidentale. « De nombreuses personnes perçoivent le christianisme – catholicisme et protestantisme – comme le reflet de la culture occidentale. Alors que le bouddhisme venu de l’Inde est perçu par la plupart comme une religion foncièrement coréenne dit-il. Le bouddhisme est arrivé en Corée il y a 1 600 ans et est devenu religion d’Etat sous la dynastie Goryeo (918-1392), marquant profondément la culture coréenne. Le P. Oh souligne aussi qu’avec les années 1990 et la croissance de la sensibilité aux questions environnementales, le bouddhisme a encore gagné en popularité, les Coréens aimant à fréquenter les temples bouddhistes, souvent situés dans la nature et les régions montagneuses du pays. « Ils y cherchent refuge pour échapper à l’isolement de la vie urbaine analyse le prêtre catholique.
Le sondage effectué par le centre protestant donne enfin des indications quant aux motifs pour lesquels les Coréens se tournent vers telle ou telle religion. Parmi les protestants, 45,5 % ont répondu qu’ils cherchent dans le protestantisme le salut et la vie éternelle et 37,2 % sont en quête de la paix du cour. Parmi les catholiques, 73,2 % cherchent cette même paix du cour et 14,3 % le salut et la vie éternelle. Pour les bouddhistes, 74 % cherchent la paix du cour et 15,8 % la santé, la richesse ou la réussite matérielle.
Sur la question du lien entre religion et engagement social, les Coréens considèrent l’Eglise catholique comme la plus performante. Ils pensent aussi que les responsables de la religion catholique sont des gens de qualité. Tout en reconnaissant l’influence grandissante des Eglises protestantes, beaucoup disent qu’elles cherchent avant tout à développer leurs institutions et à trouver des fonds plutôt que la vérité.