Eglises d'Asie

Timor occidental : reprochant à un protestant la profanation d’une hostie consacrée, des catholiques provoquent des échauffourées

Publié le 18/03/2010




Le 9 février dernier, jour où a été célébré le Mercredi des cendres, des catholiques ont provoqué des échauffourées au cours desquelles plusieurs habitants d’Atambua et des policiers ont été blessés. L’incident qui a provoqué ces violences s’est produit à la cathédrale de l’Immaculée Conception d’Atambua, lors d’une messe, lorsque des fidèles ont remarqué qu’un homme qui s’était approché pour recevoir la Sainte Communion n’avait pas consommé l’hostie consacrée et était retourné s’asseoir, l’hostie toujours dans la main. Emmené dans le presbytère par des catholiques, l’homme a dit ne rien savoir des usages en vigueur dans l’Eglise catholique, qu’il était protestant et qu’il était venu à la cathédrale seulement pour retrouver sa petite amie, une catholique. Atambua est situé au Timor occidental, une province à majorité chrétienne.

L’incident prenant de l’ampleur, l’homme a été pris à partie par des catholiques et n’a dû son salut qu’à l’intervention de la police. La tension est rapidement montée et des soldats ont dû être appelés en renfort pour dégager les policiers menacés par la foule. Des soldats ont fait usage de leurs armes pour des tirs de semonce dirigés en l’air. Agé de 27 ans, l’homme a été finalement conduit au commissariat local pour interrogation et une foule de catholiques en colère s’est massée devant le poste de police, exigeant que l’homme lui soit livré. Un local de la police a été incendié et un autre saccagé dans les violences qui ont suivi, et plusieurs personnes dont des policiers ont été blessées.

Selon Mgr Anton Pain Ratu, évêque du diocèse catholique d’Atambua, l’auteur de la profanation de l’hostie, un certain Jacob Tamea, est un protestant originaire de Soe, une ville du centre de la province. Il a précisé qu’un incident similaire avait eu lieu dans le diocèse, il y a quinze jours, et que les catholiques d’Atambua restaient très nerveux face à tout ce qu’ils percevaient comme atteinte blasphématoire à leur religion. Mgr Pain Ratu a appelé les catholiques à garder leur calme et à ne jamais chercher à faire justice par eux-mêmes.

D’après les statistiques diocésaines, le Timor occidental et l’île de Florès, à majorité catholique, ont connu par le passé un certain nombre d’affaires liées à la profanation d’hosties consacrées. Entre 1981 et 1990, 45 cas sont ainsi dénombrés, 25 entre 1990 et 1995 et deux cas en 1998 (1). Ces dernières années, plusieurs incidents similaires ont défrayé la chronique (2). En 1996, un homme accusé d’avoir profané une hostie avait été lynché à mort par la foule. 90 % des 450 000 habitants du diocèse d’Atambua sont de religion catholique. Dans la ville d’Atambua, où vivent 50 000 habitants, on compte 42 000 catholiques, 6 000 protestants, 3 000 musulmans et quelques centaines d’hindous et de bouddhistes.