Eglises d'Asie

Yogyakarta : une université islamique d’Etat a ouvert un centre de dialogue et d’études interreligieux

Publié le 18/03/2010




Le programme d’études post-doctorales de l’université islamique d’Etat (IAIN, acronyme indonésien) à Yogyakarta a ouvert à la fin de l’année 2004 un “Centre de dialogue” constitué de différents experts de plusieurs religions. Selon Darius Dubut, théologien protestant et directeur adjoint des programmes de la nouvelle structure, l’objectif et la raison d’être du Centre est de promouvoir le dialogue comme mode de vie dans la société indonésienne. L’IAIN à Yogyakarta est l’un des quatorze campus du réseau de l’IAIN.

Olaf Schumann, un expert protestant allemand sur les religions en Indonésie, et le catholique Stanislaus Sunardi, de l’Université catholique de Sanata Dharma, à Yogyakarta, constituent les experts chrétiens du Centre. Les autres experts sont Amin Abdullah, recteur de l’IAIN à Yogyakarta, Ari Dwipayana, lecteur hindou à l’université d’Etat Gajah Mada, et le vénérable Pannyavaro, moine bouddhiste.

Darius Dubut a expliqué que le Centre envisageait de réaliser son objectif en organisant des séminaires, des débats et des cours sur les religions en Indonésie, aussi bien qu’en publiant des livres, des périodiques et des journaux. La recherche sur les religions et comment elles différent entre elles en Indonésie, a-t-il dit, seront entreprises en cherchant à comprendre les réalités locales, les conflits interreligieux qui en sont issus, pour finalement renforcer la coopération. Dans la foulée, le Centre construira un réseau avec des institutions locales et étrangères intéressées par sa démarche. Le Centre tiendra des cours ouverts à tous sur le bouddhisme, le christianisme, l’hindouisme et l’islam, et organisera aussi des séjours d’études sur le pluralisme à des niveaux urbains et ruraux, a-t-il ajouté.

En plus de l’aspect académique des travaux qui y seront menés, le centre doit devenir un lieu de construction du “silaturahmi” (‘les relations fraternelles’), ont encore précisé les promoteurs de cette initiative. Cela se fera par des visites communes à différents lieux de culte et instituts d’études des diverses religions, et en tenant des séminaires et des débats sur les sujets afférents.

Selon Nur Kholis Setiawan, directeur du Centre, créer des “pesantren” (pensionnats islamiques) dans lesquelles les élèves apprendraient non seulement à connaître leur propre religion, mais auraient aussi un aperçu approfondi des autres religions, aiderait à former une génération consciente du pluralisme religieux.

La première manifestation publique du centre a été, le 24 janvier dernier, l’organisation d’un colloque à l’occasion de la parution du dernier livre d’Olaf Schumann : Menghadapi Tantangan Memperjuangkan Kerukunan (Faire face aux défis en ouvrant pour l’harmonie). Lors de ce colloque, Musa Asy’ari, directeur du programme des études post-doctorales de l’IAIN à Yogyakarta, a appelé à nourrir le respect pour le pluralisme à travers l’éducation et le dialogue. Il a souligné l’importance d’avoir des enseignants, dans le domaine de la religion, qui aient une réelle compréhension et une vraie appréciation des autres religions et qui sachent défendre la valeur du pluralisme. Jusqu’à présent, a-t-il dit, “nos professeurs de religion enseignent aux élèves des écoles élémentaires en positionnant leur religion comme la bonne religion et les autres comme les mauvaises”. Il a dénoncé cette approche comme productrice de personnes étroites d’esprit et potentiellement lourde de conflits entre les fidèles de différentes religions. D’après Stanislaus Sunardi, le dialogue interreligieux est important, car il permet aux gens d’être plus critiques et de trouver leur propre identité religieuse. Selon Ari Dwipayan, la difficulté de l’exercice tient au fait que, trop souvent, ceux qui se consacrent au dialogue interreligieux se cantonnent à “chercher la petite bête”. Or, a-t-il insisté, “les participants au dialogue doivent se penser comme des égaux