Eglises d'Asie

Dans leur opposition au projet de loi visant à limiter la taille des familles et à promouvoir les moyens de contraception, les évêques haussent le ton

Publié le 18/03/2010




C’est par une Lettre pastorale intitulée : “Défendre son don précieux” que les évêques catholiques des Philippines ont pris position le 18 février dernier pour dire leur opposition à la politique de contrôle des naissances mise en place par l’administration Arroyo. Par ce texte, les évêques ont dénoncé la campagne “Ligtas Buntis” (‘grossesse sans risque’) lancée par le gouvernement le 21 février et le projet de “Loi sur la santé reproductive et la gestion de la population” dont le vote par le Parlement a été recommandé le 22 février par la Commission des femmes de la Chambre des représentants.

Selon Mgr Fernando Capalla, président de la Conférence épiscopale, la “campagne d’information sur la santé maternelle viole la vie privée et l’autonomie des couples et des familles” et représente “une profanation du caractère sacré du mariage et de la vie de famille”. Au sujet du projet de loi, les évêques “condamnent la pression visant à nier la présence d’une vie humaine dès lors que la fécondation a eu lieu”. Ils rappellent que “dès la fusion des cellules reproductrices du père et de la mère, qui suit l’acte conjugal, le fruit est déjà humain”.

L’opposition des évêques catholiques des Philippines à la politique de contrôle des naissances du gouvernement est ancienne. Ces dix dernières années, cinq lois touchant à la maîtrise de l’accroissement de la population et à “la santé reproductive selon les termes utilisés par les milieux favorables au contrôle des naissances, ont été discutées devant le Parlement philippin (1). A chaque fois, les évêques ont fait valoir l’enseignement de l’Eglise en la matière. En juillet dernier, les évêques avaient déjà dit leur ferme opposition au projet de loi qui sera prochainement présenté aux parlementaires, loi qui a été surnommée : “La loi pour la famille de deux enfants pour les avantages qu’elle prévoit d’accorder aux couples limitant le nombre de leurs enfants à deux (2). Avec la Lettre du 18 février, les évêques haussent le ton dans la mesure où ils appellent les personnels de santé catholiques à ne pas soutenir la campagne “Ligtas Buntis”. Plus exactement, face à la tâche que le gouvernement leur demande de remplir, les évêques rappellent aux personnels de santé que [leurs] droits civiques et [leur] devoir de chrétiens” leur donnent “droit à l’objection de conscience”. La liberté de croyance religieuse implique que les personnes ont “le droit d’agir selon leur croyance notent les évêques.

La campagne ouverte le 21 février par les autorités durera un mois et s’est donné pour objet de prévenir “les grossesses trop nombreuses, trop fréquentes et à risque”. Des dépliants vont être distribués aux personnes de sexe masculin âgés de plus de 15 ans et aux femmes entre 15 et 49 ans, afin qu’elles disposent d’“un choix informé” et évitent ainsi de recourir à l’avortement. Environ 15 000 personnels de santé ont été envoyés à travers le pays. Par groupe de trois (deux bénévoles plus une infirmière, un médecin, une sage-femme ou un membre d’un centre de santé), ils visiteront les gens, l’objectif étant de toucher deux millions de personnes. Par des questions sur l’usage ou non de “méthodes de planning familial ils chercheront à répondre aux “fausses idées” véhiculées par la perception commune sur les méthodes de contraception. Selon le ministre de la Santé, Manuel Dayrit, les personnels de santé visiteront en priorité les populations des bidonvilles et les communautés aborigènes.

Dans un pays de 83 millions d’habitants où l’accroissement de la population est de 2,3 % par an et où 81 % des habitants sont catholiques, les évêques, dans leur Lettre pastorale, redisent que les couples sont appelés à bâtir leur famille “sur le roc de la générosité chrétienne et du discernement”. Ils soulignent que “la paternité responsable va au-delà du simple fait de pourvoir aux besoins matériels d’une famille”. Celle-ci doit prendre en compte “la vérité fondamentale qui est au cour de la vie humaine Elle “appelle à un regard juste sur les conditions physique, économique, psychologique et sociale pour décider d’éduquer une famille nombreuse écrivent les responsables de l’Eglise des Philippines.