Eglises d'Asie

Des chrétiens et des ONG unissent leurs efforts pour obtenir des sociétés minières plus de considération à l’égard de la population et de ses besoins

Publié le 18/03/2010




Des responsables de communautés chrétiennes se sont joints à des groupes de défense de l’environnement, à des défenseurs des droits de l’homme et à la population locale pour contester l’action du gouvernement qui, partisan d’une intensification de l’exploitation minière, s’efforce d’attirer davantage d’investissements étrangers dans ce secteur de l’économie. Cette initiative du gouvernement fait suite à une décision de la Cour suprême annulant en décembre dernier une loi votée en 1995 sur l’exploitation minière. L’arrêt des juges constitutionnels stipule que la participation de sociétés étrangères dans l’exploration, le développement et l’utilisation des minerais et du pétrole ne viole pas la souveraineté nationale.

Le 8 février dernier, une “Conférence du peuple sur l’exploitation minière” a réuni des représentants du Centre de défense de l’environnement, une ONG locale, et près de cinq cents responsables de diverses communautés chrétiennes, notamment en milieu aborigènes (1). La conférence, qui s’est tenue dans les locaux de l’université Santo Tomas, à Manille, a décidé de la création d’un secrétariat dirigé par le Centre universitaire de théologie morale contextualisée. Ella a aussi décidé que le Conseil national des Eglises des Philippines, une organisation protestante, lancerait une campagne pour obtenir l’annulation de la loi sur l’exploitation minière de 1995 et le plan d’action du gouvernement en la matière. Les participants ont jugé en effet que l’un et l’autre favorisaient les sociétés étrangères au détriment du patrimoine national philippin et de l’environnement. “Nous sommes fermement opposés aux sociétés minières transnationales mues par la seule recherche du profit et dirigeant des exploitations minières à ciel ouvert, ainsi qu’à leurs associés locaux ont-ils déclaré à la fin de leurs travaux dans un communiqué.

Ces opérations minières de ces sociétés “bafouent le droit des personnes et détruisent la création, don de Dieu assurent-ils, citant, d’après ce qu’ils constatent dans leurs régions, déforestation, pollution des rivières, destruction des exploitations agricoles, déplacements et “violations à grande échelle des droits de l’homme “Nous voulons le développement d’une industrie minière philippine qui soit lié à une industrialisation nationale, respectueuse de l’environnement, du bien-être de la population et de la souveraineté nationale peut-on lire dans leur déclaration.

Répartis en différents ateliers, les participants à la conférence, issus d’Eglises différentes, ont proposé le lancement de plusieurs campagnes visant les sociétés internationales et organisées par les paroisses, les communautés de base ou les groupes de quartiers. Certains ont suggéré que des religieux et des laïcs prennent en charge des postes d’observation d’où ils suivraient de près les opérations minières et en informeraient les gens par des panneaux d’affichage. Un profil des sociétés minières présentes dans le pays et un résumé de leurs activités et des infractions auxquelles elles se livrent devraient être mis en place. D’autres ont décidé d’organiser des rencontres pour inciter les législateurs à proposer des lois sur la protection de l’environnement et la promotion du bien-être des communautés locales là où l’extraction des ressources minières a été autorisée.

Datu Timuay Jose Anoy, un chef de l’ethnie Subanon, âgé de 60 ans, est venu de Siocon, dans la province méridionale de Zamboanga del Norte pour participer à la conférence. “Quand les sociétés minières sont arrivées, nous avons été conduits dans la plaine où la nourriture était rare a-t-il témoigné. En avril de l’année dernière, sa communauté, installée sur Mount Canatuan, a été obligée de descendre dans des régions de plaine parce qu’une entreprise canadienne Toronto Ventures s’est lancée dans l’exploitation d’une mine à ciel ouvert, a-t-il expliqué.

Un autre participant, Julian Gayomba, a témoigné quant à lui, que, sur le site exploité par la société minière Lepanto, à Mankayan, près de Benguet, les villages le long du fleuve Abra, se sont affaissés de 3,3 m. du fait de l’effondrement de galeries abandonnées. Selon lui, les résidus de la mine ont pollué les eaux du fleuve.

“L’impact social défavorable” sur nos communautés « dépasse de loin les gains promis par les grandes sociétés minières a mis en garde Mgr Jose Manguiran, évêque du diocèse catholique de Dipolog, lors de la conférence (2). Quelques temps auparavant, le 31 janvier dernier, dans une lettre à la présidente Arroyo, Mgr Fernando Capalla, président de la Conférence des évêques catholiques philippins, avait écrit : “Nous ne sommes pas opposés à toute forme d’exploitation minière, mais seulement à celles qui ne sont pas respectueuses de l’environnement et de la population.” Mgr Capalla a présenté neuf demandes à propos de la mise en ouvre de la loi sur l’exploitation minière et son organisation. Ses demandes visaient le déblaiement complet des résidus miniers par les sociétés exploitantes, le réaménagement des sites à ciel ouvert et des enquêtes sur l’impact social que peuvent avoir les travaux. Mgr Capalla demandait en particulier que « avant la délivrance d’un permis d’exploitation, les compagnies minières, dont les travaux nécessitent le déplacement de populations, soumettent un plan détaillé et viable de leur relogement et l’assurance qu’un habitat décent leur soit proposé”. Il demandait également que le gouvernement fournisse à la Conférence des évêques une liste détaillée des demandes de permis d’exploitation, le montant de ce que le gouvernement espère obtenir de chaque compagnie, le nombre des emplois prévus pour chacune, y compris les conditions d’embauche et la rémunération (3).

La Conférence des évêques avait fait parvenir sa lettre aux services de la présidence en prévision d’une conférence internationale sur l’investissement, organisée à Manille du 2 au 5 février dernier, sous le titre : “Ouverture des Philippines au développement : l’exploitation minière