Eglises d'Asie

Des ONG considèrent que la Loi sur les droits de l’homme en Corée du Nord, promulguée en octobre 2004 par les Etats-Unis, s’apparente à une offensive politique dirigée contre Pyongyang

Publié le 18/03/2010




Le 3 février dernier, plusieurs ONG sud-coréennes, dont des ONG catholiques telle que le Comité catholique pour les droits de l’homme, formé de laïcs, ont organisé un forum à Séoul, dans les locaux de la Commission nationale pour les droits de l’homme, pour débattre des conséquences de la Loi sur les droits de l’homme en Corée du Nord, une loi promulguée en octobre 2004 par les Etats-Unis « pour aider à la promotion des droits de l’homme et de la liberté » en Corée du Nord. Selon les responsables des ONG sud-coréennes, la loi est un facteur d’aggravation des tensions entre les Etats-Unis et la Corée du Nord car, en favorisant la promotion des droits de l’homme, elle peut aboutir à la déstabilisation du régime en place à Pyongyang.

Lors de son exposé présenté au forum, Kim Soo-am, chercheur à l’Institut coréen pour l’unification nationale, a estimé que, si la loi ne promouvait pas ouvertement la chute du régime nord-coréen, elle pouvait indirectement aboutir à ce résultat. Il a ainsi expliqué que le budget alloué par la loi américaine pour aider les Nord-Coréens qui choisissent de quitter leur pays allait encourager les défections, et même leur organisation à grande échelle. « On peut s’attendre à ce que le nombre des personnes et des groupes ouvrant en faveur des réfugiés nord-coréens augmente a-t-il expliqué. Selon lui, les ONG vont se démener et entrer en compétition pour obtenir un financement des Etats-Unis et, pour cela, elles vont en priorité chercher à faire venir des Nord-Coréens en Corée du Sud, plutôt que de travailler à l’amélioration des droits de l’homme en Corée du Nord (1).

Aux termes de la loi promulguée en octobre dernier, chaque année, les Etats-Unis consacreront 20 millions de dollars à « l’assistance humanitaire et juridique » aux Nord-Coréens qui ont fui leur pays. Deux millions de dollars supplémentaires seront consacrés à financer des ONG travaillant à la promotion des droits de l’homme, de la démocratie, de l’Etat de droit et au développement de l’économie de marché en Corée du Nord. Enfin, deux millions supplémentaires seront alloués à accroître l’accès aux moyens d’information en Corée du Nord.

Selon le P. John Park Chang-il, de Paix 3000, une ONG catholique ouvrant à la promotion des échanges entre les deux Corée, le premier des droits des Nord-Coréens est « le droit de vivre ». « Le problème concernant les droits de l’homme des Nord-Coréens, c’est qu’en premier lieu il leur est dénié le droit de survivre. Les groupes anti-Corée du Nord qui parlent des droits de l’homme sont indifférents au droit de vivre des Nord-Coréens explique-t-il, ajoutant que, si les Etats-Unis « se souciaient réellement » de la population nord-coréenne, ils cesseraient d’appliquer « des sanctions économiques à la Corée du Nord, sanctions qui causent des difficultés économiques aux Nord-Coréens ».

Le forum du 3 février a été organisé quelques jours avant la tenue à Séoul, du 14 au 16 février, de la Sixième Conférence internationale sur les réfugiés nord-coréens et les droits de l’homme en Corée du Nord. L’Alliance des citoyens pour les droits de l’homme en Corée du Nord, groupe basé à Séoul dont l’action vise à aider les réfugiés nord-coréens, a reçu le soutien du Fonds national pour la démocratie, basé aux Etats-Unis, et du Chosun Ilbo, le plus important quotidien de Corée du Sud, pour l’organisation de cette conférence internationale.