Eglises d'Asie

Les échanges réguliers entre étudiants catholiques sud-coréens et japonais ont su créer en dix ans un climat d’ouverture et de compréhension mutuelle

Publié le 18/03/2010




La toute première rencontre entre étudiants catholiques sud-coréens et japonais eut lieu à Lourdes, en France, en 1997, quelques jours avant les Journées mondiales de la jeunesse à Paris. Cette rencontre s’inscrivait dans la suite logique d’un accord passé une année auparavant entre les deux Conférences épiscopales de Corée et du Japon, en vue de promouvoir une meilleure compréhension et une véritable réconciliation entre les deux pays (1). Les souvenirs de l’occupation de la Corée par les troupes impériales japonaises de 1910 à 1945 et les exactions qui l’ont accompagnée restent gravés dans les mémoires. Décidés à rompre avec ce passé, non pas à pour l’oublier mais pour le dépasser, les évêques s’étaient concertés pour faire des jeunes de leurs deux pays les pionniers de ce nouveau climat en organisant des échanges annuels et à tour de rôle dans l’un ou l’autre pays.

La 11ème rencontre entre étudiants catholiques coréens et japonais s’est déroulée cette année du 12 au 18 février, en Corée, à Uwang, près de Séoul, dans le cadre du St Lazarus Village. Les étudiants coréens au nombre de vingt-cinq y ont reçu, dans la joie et l’amitié, vingt-cinq étudiants japonais, accompagnés de six prêtres et de deux religieuses. D’emblée les jeunes ont été immergés dans la vie coréenne en passant trois jours dans la famille de leurs amis coréens et les prêtres en partageant la vie de prêtres coréens à l’évêché de Suwon.

Le programme de ces rencontres comprenait, entre autres, une liturgie de la réconciliation conduite par le P. Joseph Sawano Kouji, du diocèse japonais d’Hiroshima, en présence des pensionnaires d’une maison de retraite, St Luise’s House. Les jeunes ont demandé pardon aux “grand’mères” présentes pour la conduite passée des soldats japonais. Un rappel douloureux des souffrances de toutes les femmes asiatiques mobilisées de force “pour le réconfort du soldat” de l’armée impériale.

Mori Masafumi, 24 ans, interrogé par des journalistes à l’issu de son séjour, a dit que la Corée était le pays le plus proche du Japon : “Nous avons le même visage et beaucoup de mots nous sont communs. Nous sommes très proches mais, hélas, encore trop loin. Avant de venir j’avais peur parce que je pensais que les Coréens ne nous aimaient pas. Mais, quand nous sommes arrivés, ils nous ont accueillis avec de grands sourires. Nous avons chanté pour eux et, quand nous avons esquissé un pas de danse, deux grand’mères m’ont pris spontanément par la main. J’en ai été très ému.”

Le P. Stephen Han Seung-ju, secrétaire de la Commission épiscopale coréenne pour l’éducation, a souligné l’intérêt dont les jeunes Japonais avaient fait preuve pendant leur séjour pour mieux comprendre la Corée et sa culture. “Cependant, a-t-il dit, alors que le thème principal des échanges devait être l’approfondissement de notre histoire commune, le sujet était tellement sensible que nous n’avons pas pu l’aborder vraiment. Beaucoup d’étudiants japonais sont conscients de la lourdeur du passé, le regrettent et en sont tristes” (2

L’évêque auxiliaire de Suwon, Mgr Matthias Ri, au cours de la messe de clôture, s’est adressé aux jeunes catholiques japonais pour leur dire : “J’espère que des prêtres, des religieuses et des laïcs coréens iront avec vous participer à l’évangélisation du Japon, puisque nous sommes frères dans la foi.”