Eglises d'Asie

Originaires d’Amérique latine, des travailleurs immigrés catholiques plaident pour une meilleure prise en compte de leurs besoins en matière pastorale

Publié le 18/03/2010




Une cinquantaine de personnes, hommes et femmes d’origine latino-américaine, ont rencontré dernièrement Mgr Daiji Tani, évêque du diocèse catholique de Saitama et président de la Commission épiscopale pour les migrants, ainsi que les prêtres chargés de célébrer la messe en espagnol, à qui ils ont pu exprimer leurs voux d’une prise en compte mieux adaptée à leurs besoins en matière pastorale, a annoncé l’agence Fides. La rencontre “Latino to Obispo la troisième du genre, destinée à promouvoir les échanges culturels entre l’évêque et un groupe de travailleurs immigrés venus des différents pays d’Amérique latine, s’est tenue dans l’église de Sano, près de la paroisse d’Oyama, située dans la préfecture du Tochigi, au nord de Tokyo. Les participants, après la messe, ont eu un déjeuner avec l’évêque et les prêtres au cours duquel ils ont pu échanger sur les différentes activités au sein des paroisses, et en particulier sur celles accomplies en commun avec les catholiques japonais.

Le diocèse de Saitama, qui couvre quatre préfectures, compte 60 000 immigrés d’origine latino-américaine environ. Deux mille d’entre eux assistent régulièrement à la messe célébrée en espagnol à leur intention, soit 10 % d’entre eux – tandis qu’au Pérou, selon le prélat, ce sont 80 % des catholiques qui vont à la messe tous les dimanches.

Une participante a expliqué qu’au Japon, les gens de sa communauté étaient accaparés par le travail, que les églises étaient en nombre insuffisant ou trop éloignées, que, la plupart du temps, ils ignoraient où elles se trouvaient et qu’il existait un réel problème de langue. “En tout cas, a-t-elle déclaré, quand nous sommes épuisés physiquement et moralement, si nous pouvions venir à l’église pour prier, pour parler et pour manger ensemble, ce serait une belle manière pour retrouver la force et l’espérance” (1).

Lors de la rencontre, il a été souligné également l’importance du rôle de la communauté latino-américaine au Japon dans la transmission de la foi à ses propres enfants en même temps que dans la mission d’évangélisation de la société nipponne. Aide Calle et Luis Rojas, qui font partie du conseil pastoral de la paroisse d’Oyama, avec des Japonais, des Philippins et des Brésiliens engagés pour le moment dans la préparation du cinquantième anniversaire de leur paroisse, ont déclaré : “Ce serait merveilleux, si, ici aussi, les paroisses avaient des salles spéciales pour permettre aux enfants de se divertir, de lire, de regarder des films. Sans cette possibilité, nos enfants perdent souvent intérêt et ne viennent plus volontiers à l’église. Et le résultat, c’est que les mères restent elles aussi à la maison.” Alberto et son épouse sont arrivés au Japon il y a trois ans. Il déclare : “Je ne parle pas encore bien le japonais, mais je désire faire connaître Jésus par un témoignage de vie.”

Les Brésiliens, pour ne prendre que les ressortissants latino-américains les plus nombreux, étaient, d’après les statistiques du dernier recensement, 188 000 en 2000 et représentaient 14,4 % des étrangers au Japon (1 310 000, soit 1,03 % de l’ensemble de la population). Depuis 1995, date du précédent recensement, leur augmentation a été de 41 %. Leur taux d’activité professionnelle se situe à 84 %, contre 61,1 % pour les Japonais. Avec les Péruviens et les Vietnamiens, ils formaient plus de 70 % des actifs étrangers qui travaillaient dans l’industrie, contre 60 % de Birmans dans les secteurs de la vente au détail, des petits commerces et de la restauration, et contre 70 % de Canadiens, Américains, Australiens et Britanniques dans les services.

Dans le diocèse de Saitama, Mgr Daiji Tani estimait en 2003 que 80 % de ses diocésains étaient d’origine étrangère, dont un peu plus de la moitié de Brésiliens, les Philippins et les Japonais représentant respectivement 18 et 19 % du total des catholiques du diocèse.

Pour l’année 2001, l’annuaire statistique du Vatican annonçait 510 000 catholiques au Japon, là où la Conférence épiscopale pour le Japon n’en déclarait, quant à elle, que 449 927. Après une enquête conduite en 2001, la Commission épiscopale pour les migrants, les réfugiés et les gens du voyage en déclarait, de son côté, 895 000. Dans le diocèse de Saitama, sur 78 500 catholiques en 1997, 60 000, soit 72 % étaient d’origine étrangère, avec une majorité de Brésiliens, suivis des Philippins et des Péruviens. Sur le 1 % environ de catholiques au Japon en 1999, on estimait que la moitié étaient d’origine étrangère (2).

En 2000, un jeune prêtre était ordonné dans le diocèse de Saitama, le premier depuis treize ans. Il était immédiatement envoyé au Brésil pour deux ans d’études de la langue portugaise et de la pastorale brésilienne. Plusieurs autres prêtres du diocèse, par ailleurs, apprenaient l’anglais pour pouvoir célébrer l’eucharistie dans cette langue (3).