Eglises d'Asie

A l’occasion du dixième anniversaire de sa fondation, le Comité catholique pour la réconciliation des deux Corée estime que beaucoup reste à faire

Publié le 18/03/2010




Après dix années d’existence, les responsables du Comité pour la réconciliation de la Corée, fondé par l’archidiocèse de Séoul, estiment qu’il reste encore beaucoup de travail à faire pour que se réalise “une véritable réconciliation entre les deux Corée” (1). Le 1er mars dernier, le cardinal Stephen Kim Sou-hwan, Mgr Nicolas Cheong Jin-suk, archevêque de Séoul, Mgr Andrew Choi Chang-mou, archevêque de Kwanju, et Mgr Emile Paul Tscherrig, nonce apostolique en Corée, ont concélébré une messe d’anniversaire à Myongdong, dans la cathédrale de Séoul. Concélébraient également les deux évêques auxiliaires de Séoul et un grand nombre de prêtres entourés d’une foule de près de 1 200 catholiques. Dans son homélie, Mgr Cheong a rappelé que 2005 était également le soixantième anniversaire de la fin de la colonisation japonaise (1910-1945). “Durant toutes ces années, notre sentiment de fraternité à l’égard des Coréens du Nord n’a pas varié. Pourtant, la réconciliation et l’unité avec nos frères nord-coréens ne sont pas encore une réalité a-t-il affirmé.

La guerre du Pacifique et la colonisation japonaise à peine terminées, la guerre de Corée (1950-1953) a coupé la Corée en deux et a fait des deux parties de la péninsule deux ennemis irréductibles. Selon les responsables catholiques, soixante ans plus tard, beaucoup de travail reste à faire, notamment au sein même de la nation sud-coréenne. Selon l’archevêque de Séoul, “pour préparer une véritable réconciliation, l’Eglise devrait en priorité faire connaître la Bonne Nouvelle à la société sud-coréenne. Forte de son renouveau et de son inculturation, l’Eglise pourrait être alors le moteur de la réconciliation”. Dans cette perspective, avant même d’envisager une réunification, l’Eglise a besoin d’un projet capable de résoudre les querelles intestines de la Corée du Sud. “Il nous faut trouver une solution aux conflits entre générations, classes sociales et régions avant de parler de la réunification de la péninsule coréenne a déclaré Mgr Cheong.

Le cardinal Kim a ajouté que les catholiques pouvaient aider à la réalisation d’“une véritable réconciliation » par une démarche faite de prière, de dévouement et d’actions caritatives à l’égard des voisins du Nord. “Pour l’heure, les idéologies nationalistes et les systèmes politiques sont tellement différents entre le Nord et le Sud qu’il semble impossible de les concilier a-t-il fait observer, ajoutant : “Il nous faut prier pour les Coréens du Nord, affamés, opprimés et privés de liberté. La prière est nécessaire pour qu’ils retrouvent la liberté et la dignité données par Dieu à tous les hommes.”

Le Comité pour la réconciliation de la Corée a été fondé le 1er mars 1995, avec mission de créer un climat de pardon et de réconciliation et pour préparer la formation d’authentiques artisans de paix. La célébration d’une messe hebdomadaire pour la réconciliation nationale, des envois d’aides matérielles aux Nord-Coréens et la formation de catholiques aptes à préparer la réunification future étaient son programme. La première messe fut célébrée le 7 mars 1995, une semaine après l’établissement du comité. Des neuvaines de prières furent également organisées chaque année, la dernière ayant eu lieu en juin 2004. Grâce à l’argent collecté, le comité a pu expédier du matériel agricole, des médicaments et de la nourriture aux Nord-Coréens. A la fin 2004, les sommes consacrées à cette aide humanitaire s’élevaient à 10,9 milliards de wons (8,8 millions d’euros) (2).

Le Comité mit également sur pied une “Ecole pour la réconciliation nationale destinée à préparer les catholiques sud-coréens à vivre dans une Corée réunifiée. Les personnes passées par les bancs de cet institut étudiaient le système politique nord-coréen, la vie quotidienne en Corée du Nord, ainsi que ce qu’il fallait mettre en place au cas où la réunification survienne. Les études portaient aussi sur la mission de l’Eglise dans une Corée réunifiée. L’école a formé 1 200 étudiants, avant sa fermeture, en 2002, d’autres organisations, proposant des programmes similaires, ayant pris la relève. Il est aujourd’hui question qu’elle rouvre ses portes, avec un nouvel objectif : le travail d’évangélisation que l’Eglise se doit de faire en Corée du Nord.

Pour Peter Park Chang-ho, secrétaire général du Comité, “pendant dix ans, le Comité a été à l’avant-garde du travail de réconciliation en popularisant dans le pays les termes de ‘réconciliation’ et d”unité’ A la fondation du Comité, le simple usage de ces termes mettait bien des gens mal à l’aise, tant leur hostilité à l’encontre de la Corée du Nord était grande. Dix ans plus tard, Peter Park Chang-ho souhaite que l’action du Comité se concentre sur la préparation des catholiques sud-coréens à porter l’Evangile au Nord et à lutter contre l’indifférence grandissante de la population du Sud quant au sort des Nord-Coréens. “Il nous faut nous préparer pour le jour où le Nord ouvrira ses portes au monde. Pour l’instant, nous nous concentrons sur la formation des ouvriers de l’Evangile, dans le clergé comme chez les religieux, les religieuses et les laïcs (3). Nous allons développer nos campagnes de sensibilisation pour changer l’indifférence des gens vis-à-vis de la Corée du Nord, pour que le ‘ce ne sont pas nos affaires’ devienne ‘c’est notre tâche’ ».